Chapitre 15

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Andie fait irruption dans la grange avec la délicatesse d'un sanglier.

— Tu sais ce qui s'est passé ?

Sans même me laisser le temps de répondre elle enchaîne, l'air sévère.

— Ricky s'est battu hier soir. Il a la lèvre explosée. Je l'ai retrouvé complètement bourré sur mon canapé ce matin. Et j'aimerais savoir si tu as une idée de ce qui s'est passé.

Je hausse les sourcils ; je ne vois pas bien en quoi ça me concerne. Franchement, ce que Ricky fait de ses soirées, ça ne m'intéresse plus. Je ratisse la paille des stalles. Ça pue, mais je me suis habituée.

— Ça ne te fait pas réagir plus que ça ?

— Euh...

— C'est à cause de toi apparemment.

Je pose mon râteau, un peu intriguée et pas mal inquiète. Dans quelle galère je me suis encore fourrée ? Elle fronce les sourcils ; je sens que la situation m'échappe complètement. Hier soir, je suis rentrée tôt de la fête de clôture, je n'ai pas vu Ricky de la soirée, et je suis directement allée me coucher. Elle s'approche de moi, les poings solidement ancrés sur les hanches. Je vois sa lèvre trembler, puis elle éclate de rire.

— Ah, j'arrive jamais à faire semblant d'être énervée.

Soulagement instantané.

— Il s'est passé quoi ? je dis en la rejoignant sur une botte de foin.

— Ma copine Thea m'a appelé pour prendre des nouvelles de Ricky et me raconter toute l'histoire. Tu es sûre que tu n'as rien à me dire ?

Je me sens étrangement coupable, mais franchement, je ne vois pas.

— Bon, poursuit-elle. Ricky a bien picolé hier soir – je suis contente qu'on ne l'ait pas vu, il est ultra pénible quand il est ivre. Bref, il a malgré tout trouvé le moyen, me demande pas comment, ça me dépasse, de séduire une nénette de Blakefield.

Elle me scrute, je vois ses yeux me passer aux rayons-X, à la recherche de la moindre émotion. Tout ce que j'éprouve, c'est de la pitié pour la jeune femme qui s'est laissé avoir. Son inquisition n'ayant rien donné, elle poursuit :

— Thea les a vu s'éclipser pour aller se rouler des pelles dans un coin.

Nouvelle pause. Maintenant, je sais très bien où elle veut en venir, et malgré moi, je me mets à rougir. Ses lèvres se pincent en un sourire contrit :

— Dernière chance de parler ma vieille !

Je la toise, amusée :

— Tu es si bien partie, je m'en voudrais de t'interrompre !

Au point où on en est, je mise sur l'humour. Je n'ai rien à cacher et je n'ai certainement rien fait de mal. Elle me gratifie d'un de ces larges sourires dont elle a le secret.

— Bon, je la fais courte. Tiago est sorti de nulle part et en trois secondes chrono, ils se tapaient dessus.

Ça, je ne m'y attendais pas. Du tout.

— Tiago ? Mais qu'est ce qui lui a pris ? Et quel rapport avec moi ?

— Eh bien il semblerait que ton nom a été mentionné juste avant le coup d'envoi du match de boxe.

Pardon ?

— Qu'est ce qui s'est passé ?

J'ai vraiment l'impression de me répéter à ne rien comprendre, comme ça.

TornadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant