Chapitre 26

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Elsie ne pouvait rien voir à cause du bandeau qu'elle portait sur les yeux mais ses autres sens étaient en alerte. Elle était allongée à même le sol glacé et humide, les bras et les jambes liés. Une odeur d'argile caractéristique des grottes pénétrait ses narines. Il devait y avoir une étendue d'eau toute proche car elle entendait le léger clapotis des vaguelettes qui frappent la roche. Elle percevait le crépitement d'un feu, couvert de temps à autre par des voix d'hommes qui s'exprimaient dans une langue étrangère.

Depuis combien d'heures était-elle prisonnière ? Privée de repères, elle en avait perdu la notion du temps. Elle se souvenait du terrain de quidditch, de la pluie dense et d'une main qui s'était plaquée contre sa bouche, la tirant en arrière. Puis, un tourbillon, une sensation d'écrasement et le néant.

Elsie essaya de se relever mais s'écorcha les poignets et lâcha un gémissement. Les voix s'étaient tues. Des pas se rapprochèrent. Le bandeau disparut soudain de ses yeux mais il lui fallut plusieurs secondes pour découvrir son environnement. C'était un lieu plongé dans la pénombre, une sorte de caverne à peine éclairée par les flammes d'un feu de bois. Comme elle l'avait imaginée, un grand lac souterrain occupait les deux tiers de l'espace.

Trois silhouettes encapuchonnées se tenaient devant elle. La plus proche fit un geste de la main et elle sentit les liens qui enserraient ses membres s'évanouir. Elle massa ses bras ankylosés tandis que les fourmillements dans ses jambes s'atténuaient.

Elle sentait une odeur de chair grillée. Elle se rendit compte qu'elle était affamée. Un des hommes lui tendit ce qui ressemblait à un cuissot de gibier.

- Mange ! fit-il simplement d'une voix grave marquée d'un fort accent.

Elsie mordit à pleines dents dans le morceau de viande. Du sang coula le long de sa bouche qu'elle essuya du revers de la main. Cela lui faisait du bien de manger quelque chose de chaud. Les silhouettes reprirent leur discussion. Tout en reprenant des forces, Elsie reconnut des intonations de dialecte africain. Probablement des compatriotes de Sarabi Kama, possiblement les hommes qui avaient attaqué son frère à Pré-au-Lard.

Quand elle fut rassasiée, Elsie eut soif. Elle réclama à boire auprès de ses geôliers. L'un d'eux prit une calebasse, l'immergea dans le lac et l'apporta à la jeune fille qui la vida d'un trait. L'eau était si fraîche qu'elle lui brûla la gorge.

Elsie distinguait désormais du matériel entreposé dans la caverne, des caisses, une planche montée sur des rondins de bois qui servait de table et ce qui paraissait être des lits de fortune. Ses ravisseurs devaient s'être installés depuis quelques temps, à en juger par les carcasses d'animaux qui jonchaient le sol.

Elsie se doutait que les trois hommes allaient exiger une rançon en échange de sa liberté. Elle pensa à ses camarades, ses professeurs et ses parents qui devaient très inquiets et qui n'avaient sûrement aucune idée de l'endroit où elle se trouvait.

LA LIONNE ET LES AIGLONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant