LA LIONNE ET LES AIGLONS

Chapitre 4

L'après-midi parut interminable. Les guerres entre géants contées par le professeur Sage Bragnam, un homme massif à la barbe rousse, semblaient bien banales à côté du mystère de la matinée. Quant au professeur Neville Londubat, il ne parvint pas plus à capter l'attention des élèves quant aux propriétés magiques du Mimbulus Mimbletonia. Décontenancé, le botaniste griffa malencontreusement le cactus qui éclaboussa tout le premier rang d'empestine, un liquide à l'odeur repoussante. Le cours fut abrégé d'une dizaine de minutes afin de permettre aux victimes de l'attentat végétal d'aller se nettoyer.

- Cette odeur va me suivre pendant des jours, se plaignit Solan en rinçant ses cheveux dans la fontaine de la serre.

- Tu veux prendre le temps de te changer ? proposa Andrew, plein d'empathie. Lui avait esquivé de peu le jus fétide quand son camarade l'avait reçu en plein visage.

Mais Solan ne voulait pas retarder le début de leur enquête et les trois amis sortirent de la serre, traversèrent le hall central et déboulèrent dans la cour de métamorphose. C'était un espace rectangulaire de trente mètres de longueur sur vingt mètres de largeur, prolongé par une alcôve en demi-cercle, un coin de verdure niché au cœur du château, avec ses buissons, ses bancs en granit, un grand chêne sous lequel les élèves s'abritaient et une fontaine carrée surmontée d'un dragon portant un globe en métal. Le corps de l'elfe avait été découvert dans l'alcôve, à l'opposé des salles de métamorphose, au pied d'une statue représentant une femme en pleurs. 

Elsie, Andrew et Solan arpentèrent la cour, fouillèrent les buissons, examinèrent le sol de l'alcôve, sans trouver le moindre indice. Rien ne laissait penser qu'un drame s'y était joué le matin même.

- Que faites-vous là ? Vous ne pouvez pas aller vous promener ailleurs ?

Les trois Serdaigle sursautèrent. Ils n'avaient pas entendu approcher la professeure Sarabi Kama. Cette sorcière noire au crâne rasé enseignait la métamorphose aux élèves de troisième année. Originaire de l'école africaine de Uagadou, elle venait d'arriver à Poudlard. Le ton qu'elle avait employé n'était pas autoritaire, mais suffisamment péremptoire pour que les trois élèves s'éclipsent sans délai.

- Etrange, fit Elsie alors qu'ils franchissaient la porte qui donnait dans le hall. On aurait dit qu'on la dérangeait...

Andrew regarda par dessus son épaule. La professeure de métamorphose contemplait la statue de l'alcôve d'un air songeur...