Gisèle plaqua sa main contre la vitre de la voiture et marmonna une longue incantation. Médor reconnut celle qu'il avait entendu durant la nuit. Les mouvements de l'oiseau de fumée qui se débattait à l'intérieur ralentirent peu à peu et Fumeux finit par se dissiper complètement.
- Ouf, soupira la voiture. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point il est désagréable d'avoir ce crétin qui se débat à l'intérieur de soi.
- Bon, conclut Gisèle. J'espère que vous avez compris que le sort que j'avais lancé pendant la nuit n'avait rien d'un sort maléfique et tout d'une défense contre cet oiseau, monsieur Médor.
Le chien de Tindaloos baissa piteusement la tête.
- Pour ma défense, les apparences étaient trompeuses.
- Eh bien madame Gisèle, déclara Bobfish, je suis désolée de vous quitter aussi vite mais Chtullu doit être au courant que nous avons détruit la perle maintenant (À vrai dire, elle se trompait : L'empereur ne l'apprit que six minutes, onze secondes et quatorze centièmes plus tard. Le quinzième centième vit naitre le plus puissant hurlement jamais poussé par un empereur violet et couvert de tentacules, record qui allait être pulvérisé quelques semaines plus tard. Soit dit en passant). Nous devrions partir le plus vite possible pour la mer Pleep, d'où nous pourrons rejoindre l'Olympe, de là le territoire troll puis le mont fromager, suivi du désert gris ou de la forêt Surick, et comme nous serons probablement déjà morts à ce moment là, il ne sert à rien de réfléchir maintenant à la suite du voyage.
Gisèle mit quelques instants à comprendre la déclaration de Bobfish, se demanda comment elle avait fait pour dire tout ça sans respirer, se rendit compte que les poissons ne pouvaient pas respirer, et répondit :
- Si vous voulez partir, je ne vous retiendrais pas plus longtemps, à peine le temps de vous offrir deux cadeaux. Le premier est un énorme tas de nourriture quelque part dans ma cuisine...
- Qu'entendez-vous par nourriture ? la coupa Médor.
- Des carottes Bio, des croquettes, des algues, du gasoil et... euh... du poisson.
- Quel est le cinglé ici qui mange du poisson ? hurla Bobfish.
- Uniquement les espèces qui ne parlent pas, s'excusa Nestor d'une petite voix.
Bobfish s'écarta soigneusement de lui en le regardant comme si il était un cannibale, ce qu'il était plus ou moins (question de point de vue).
- Et quel est le deuxième cadeau ? demanda Capitaine Lapinou qui aimait beaucoup les cadeaux.
- Il arrive, le rassura Gisèle, mais il faut prononcer une formule magique pour l'appeler. Écoutez bien :
"Une carte à jouer pour les appeler tous,
Une carte à jouer pour les trouver,
Une carte à jouer pour les amener tous à [insérer ici un endroit]
Et dans la luminosité ambiante les lier."Un as de carreau arriva en courant à toutes jambes.
- C'est un messager, expliqua Gisèle. Il vous suffit de l'appeler pour contacter qui vous voulez, n'importe où à Bobland.
- Sympa, dit la voiture.
- À partir de maintenant, dit Gisèle à la carte à jouer, ces cinq personnes sont autorisées à t'appeler et à te faire porter des messages n'importe où, n'importe quand, n'importe quoi, n'importe qui, n'importe comment, n'importe pourquoi et n'importe combien. Est-ce clair ?
- Aussi clair que votre grammaire, madame.
- Eh bien, conclut Gisèle, il ne me reste plus qu'à vous dire au revoir...
- Bien sûr ! s'exclama Médor. Juste le temps de récupérer cette montagne de croquettes, de carottes Bio, d'algues, de gasoil...
- ...et de poisson, conclut Bobfish en jetant un regard noir à Nestor.
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Chroniques de Bobland
FantasyChtullu règne en tyran sur le pays de Bobland. Suivez les aventures d'un superhéros lapin, d'un chien qui lance des boules de feu, d'un poisson qui fait des jets d'eau, d'un castor incompétent et d'une voiture qui parle, bien décidés à arrêter le de...