Luna
"Oui ça va, ne t'inquiète pas"....Je suis sûr que beaucoup d'entre vous connaissent cette phrase et ce sentiment, ce sentiment de devoir figer un sourire en disant que tout va bien alors que ce n'est pas vrai, de devoir mentir, faire semblant car on ne veut pas montrer aux autres ce que l'on ressent par peur de ce qu'ils vont dire ou penser. Dans mon cas, ce n'est pas uniquement la peur, car même si je voulais en parler, je ne pourrais pas car on m'en empêche.
Je crois que tout a commencé quand mon lycée a eu l'idée de planifier des rendez-vous pour tous les élèves chez Mme Claire, la psychologue et conseillère d'orientation du lycée, et quelques jours plus tard, me voilà dans son bureau. Et je ne sais pas comment elle a vu au-delà de mon sourire qui d'habitude trompe tout le monde, peut-être parce que c'est son métier, mais elle m'a demandé si j'allais bien. J'ai répondu la même chose que à tous les autres : "Oui ça va". Mais elle a fait quelque chose que jamais personne n'avait fait avant elle, elle m'a posé la question une deuxième fois en insistant pour que je sois honnête.- Non, c'est faux, réellement... est-ce que ça va?
Et là, je ne sais pas comment, mais j'ai commencé à pleurer et à tout raconter. Au bout d'une heure, elle m'a conseillé de revenir la voir ou mieux d'aller voir un professionnel qui pourrait m'accorder tout le temps dont j'ai besoin, mais aussi et surtout d'en parler au moins à mes parents,disant que je me sentirais mieux. Donc, le soir même, j'étais dans ma chambre, terrifiée à l'idée de leur raconter la vérité, eux qui m'avaient depuis toute petite appris et forcé à être toujours la meilleure, sans défaut, la petite fille parfaite du couple parfait. J'essayais de rassembler tout mon courage et quand j'ai entendu ma mère m'appeler pour dîner, je me suis dit que c'était là, c'était le moment de tout dire, d'être honnête. Alors, je suis descendue. Mes parents étaient à table dans la grande salle à manger, comme d'habitude mon père en bout de table, ma mère était à sa droite, à moi je devais m'asseoir en face d'elle et après avoir béni le repas, on pouvait manger. Et au bout de dix longues minutes à entendre mon père parler de ses grands exploits du jour à l'entreprise, ma mère se tourna vers moi.
- Alors, comment s'est passée l'école aujourd'hui? me demanda-t-elle comme tous les soirs.
- Bien... Et d'ailleurs, il y a quelque chose que je voudrais vous dire...
- Qu'est-ce qu'il y a ma chérie, tout va bien? dit mon père.
- Aujourd'hui, vous savez que j'ai eu un rendez-vous avec la psychologue du lycée? Ils acquiescèrent en faisant une grimace.
J'ai senti que juste en prononçant le mot "psychologue", mes parents allaient montrer leur réticence mais à cet instant, je ne savais pas jusqu'où ils pouvaient aller...
- Après 1h passée à parler, elle a réussi à me convaincre de vous dire la vérité sur moi... Et ce que je ressens... mes parents se regardent l'un l'autre, toujours en grimacant.
Et enfin bref. Oh non, tout ce que je ne voulais pas, voilà les larmes qui me montent aux yeux... Non, je ne vais pas pleurer, je ne veux pas pleurer. Je ne vais pas y aller par quatre chemins... Alors voilà, depuis plusieurs années... Je ne sais pas si c'est à cause de mon hypersensibilité ou de mon anxiété, mais... depuis longtemps, je ne suis pas bien... Et voilà ma voix qui commence à trembler.- Comment ça "pas bien"? Tu es malade? Me demanda ma mère.
- Et bien, je me sens vraiment mal, je n'arrive plus à dormir la nuit à cause de toutes ces choses qui traînent sans arrêt dans ma tête... Voilà que mes mains aussi se mettent à trembler et des larmes commencent à glisser le long de ma joue. Je ne fais même plus attention à mes parents qui m'écoutent, les mots sortent de ma bouche sans que je ne les contrôle .
Je n'ai même plus envie de me lever le matin, j'angoisse à la simple idée de devoir aller au lycée tous les jours, je me sens seule, vide, et j'ai ce poids et cette pression constante que vous mettez sur moi et je... Je... Je... Je ne me contrôle plus, ma voix tremble énormément et de plus en plus de larmes coulent sur ma joue. Je m'arrête et ferme les yeux pour reprendre mon souffle.
Et à la longue... Je... Je n'en peux plus... Et toutes les nuits, je me mets à pleurer et j'en viens à avoir des idées vraiment... noires. Et pour ça, on m'a conseillé d'en parler et de peut-être suivre un psychologue...Je crois que j'ai dû parler pendant au moins 30 minutes, et quand j'ai enfin fini, j'ai enfin réussi à lever ma tête pour regarder mes parents. Jusqu'à présent, je n'avais pas pu car je ne voulais pas voir dans leurs yeux de la peur ou pire, de la pitié. Mais ce que j'ai vu dans leurs yeux... était loin de ce à quoi je m'attendais... De la déception et... de la colère. Après de longues secondes de silence qui m'ont semblé être des heures, mon père se leva et me tourna le dos. Je me tournai vers ma mère et je vis des larmes sur son visage... mais des larmes de colère.
- Mon Dieu.soupira mon père. je n'arrive pas à croire que tu oses faire ça.Dit-il en se retournant vers moi. Tu as une idée de ce que tes 'problèmes' vont faire à ma réputation et à celle de cette famille ?!
Je me retourne vers mon père, choqué par ce qu'il vient de dire. Maman ne dit toujours rien et se contente de me regarder avec mépris.- Excuse-moi ?! dis-je à mon père. Je viens de te dire que je me sens horriblement mal, que j'ai l'impression que personne ne m'aime, que j'en viens à souhaiter ne plus vivre, et toi tu te préoccupes de ta réputation ?! Je ne me suis pas rendu compte du ton que j'utilisais jusqu'à ce que je sente sa main me gifler. Les larmes continuent de couler sur mon visage tandis que ma joue commence à chauffer.
- je T'INTERDIS de me parler sur ce ton, jeune fille, je suis ton père ! et ma cherie , je vais t'apprendre que TOUT LE MONDE a des problèmes! moi, par exemple, un collègue n'arrête pas de se garer tout près de ma rolls-royce, et je ne suis pas là à me plaindre!
Je ne pouvais pas croire que ces mots sortaient de la bouche de mon propre père. Je m'attendais à ce qu'il me dise 'Ne t'en fais pas, ça va aller' ou 'On sera toujours là pour toi'... Mais non, tout ce qu'il a trouvé à dire, c'est que je l'avais déçu. Sans que je comprenne, mon père m'agrippe le bras. Je ne comprends pas pourquoi il agit comme ça, et pourquoi ma mère ne réagit pas et se contente de me regarder avec toujours cette haine dans le regard. Je savais déjà que mes parents sont exigeants, peut-être même les plus exigeants du monde, mais après tout, j'étais leur fille...
- Écoute-moi bien, tu n'as pas intérêt à raconter ça à qui que ce soit!Tu peux pleurer tant que tu veux dans ta chambre, mais en dehors de cette maison, tu vas mettre un joli petit sourire sur ton visage et montrer aux autres que tu es la meilleure, et que tu as une vie PARFAITE. Et tout le petit discours pathétique que tu viens de nous faire, je te conseille de l'oublier. Tu ravales tout ça et tu fais face, comme tous ceux de ce PUTAIN DE MONDE.
Mon père dit ces mots avec tant de haine et de colère... Encore une fois, je savais que mon père pouvait être dur, mais je ne savais pas qu'il pouvait l'être à ce point. Après avoir dit ça, il me lâche enfin le bras, et je ne trouve rien de mieux à faire que de courir dans ma chambre, toujours en pleurant. J'ai claqué la porte et je me suis assise sur ma banquette près de ma fenêtre. J'ai mis mes bras autour de mes jambes et posé ma tête contre mes bras.
Je ne sais pas combien de temps j'ai pleuré, mais à ce moment précis, tout ce que je voulais, c'était sauter par la fenêtre contre laquelle j'étais appuyée. Au bout de quelques heures, j'avais enfin arrêté de pleurer, et je me suis mise à regarder par ma fenêtre. J'avais une très belle vue. Je voyais la forêt et au loin un ruisseau, et puis encore des arbres à perte de vue. Je regardais le ciel avec toutes ces étoiles et la Lune qui brillait, et instinctivement, j'ai pris le collier qui était autour de mon cou, où se trouve un petit médaillon représentant un éclipse avec un soleil d'un doré clair, et sur l'autre une petite lune bleue foncée, avec deux phrases gravées au dos, en réalité ce ne sont que des symboles. J'ai demandé à de nombreuses reprises à ma mère ce que ça signifiait, mais elle ne m'a jamais répondu, me disant seulement que je comprendrais plus tard. Je nageais dans mes pensées en tortillant mon collier et en regardant les étoiles, quand tout à coup, j'ai vu une étoile filante passer. À ce moment j'ai fermé les yeux et j'ai fait un vœu. J'ai souhaité avoir une nouvelle vie, une où je pourrais être moi-même, sans mentir, où je serais heureuse, et où les seules larmes que je verserais seraient de joie. J'ai souhaité ça de toutes mes forces, en rajoutant que si ma vie ne pouvait pas s'arranger, alors je voudrais que tout s'arrête et rejoindre toutes ces étoiles qui peuplent le ciel. Et sur ces paroles, et quelques dernières larmes, je me suis endormie.
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1er chapitre, j'espère qu'il vous a plus 🥰 J'ai dû le réécrire au moins 10 fois 😂. Si vous avez des commentaires ou des remarques à faire, je les prends avec plaisir ❤. Merci à tous les lecteurs. Grâce à vous, je réalise mon rêve 💞.
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À Ma Place
FantasyElle. Depuis son enfance, normalement époque de l'insouciance,à était obligé de porté un masque et de ravalé ses sentiments."Incapable". Lui. À était obligé de subir des chose horrible, alors qu'il n'était qu'un enfant qui voulait se sentir aimé. "...