Ilena
2 décembre...
Des bruits provenant du rez-de-chaussée me tirent d'un sommeil particulièrement agréable. Je ne sais pas encore quelle heure il est, mais je suis sûre que j'aurais apprécié dormir encore une heure ou deux. La nuit a, une nouvelle fois, été compliqué. Théa s'est réveillée à plusieurs reprises, malgré l'air de la montagne.
Comme quoi, tout ce que raconte les scientifiques n'est pas vrai, pour mon plus grand désespoir.
Je m'étire longuement et je comprends très vite que je suis seule dans le lit. En effet, la place à mes côtés est vide et froide, me faisant comprendre qu'il est parti depuis bien longtemps. J'attrape mon téléphone, posé sur la table de nuit, à tâtons, et remarque avec surprise qu'il est plus de neuf heures.
Punaise, j'ai l'impression que ça fait des mois que je ne me suis pas levée aussi tard.
Tout de suite la culpabilité m'envahit lorsque mon cerveau se connecte à la réalité. Ça veut dire que Charles s'en occupe depuis une à deux heures déjà. Rien de dramatique jusque-là me diriez-vous. Le problème, c'est que je préfère que ce soit moi qui ne dorme pas afin que lui reste en forme. Si j'ai des dettes de sommeil, ce n'est pas grave, je les rattraperai plus tard. Lui, plus tard, ce sera la prochaine saison qui recommencera.
Nous en avons déjà discuté de longue fois, lorsque je ne le réveillais pas le matin. Il trouvait mon idée absurde en me répétant sans cesse « on l'a fait à deux ce gosse ».
Il n'a pas tort.
Au moment où j'ai appris ma grossesse, nous n'avions pas du tout prévu d'avoir à un enfant à ce moment-là. Nous avions déjà discuté d'avoir des enfants ensemble, sans nul doute nous étions tous les deux impatients de pouvoir en avoir, mais il fallait rester raisonnable. La carrière de Charles est à son summum, c'est le plus important.
J'ai énormément appréhendé de lui annoncer, ayant peur qu'il m'en veuille, qu'il refuse cet enfant alors que je n'aurais jamais pu avorter. Pourtant, c'est tout le contraire qui est arrivé et je m'en suis vite voulu d'avoir pensé qu'il allait mal réagir. Il a su me rassurer, me faire comprendre que nous y arriverons.
Et les étoiles qui brillaient dans ses yeux, lorsqu'il annonçait à nos proches qu'il allait être père, je crois que je n'ai jamais rien vu d'aussi beau. C'est sûr, ce bébé est arrivé un peu trop tôt, mais il a été conçu avec énormément d'amour.
Depuis, ce n'est plus tout rose, mais j'ai espoir que tout rentre vite dans l'ordre. Que Théa commence à faire ses nuits, c'est tout ce que je demande, ou du moins, se réveiller moins que quatre à six fois par nuit.
Je sors du lit et enfile un jogging ainsi qu'un gros sweat de Charles qui traine par là. Je descends en peinant à discerner les voix en bas. Ce qui est sûr, c'est que Charles n'est pas seul.
Je descends les dernières marches qui me séparent du salon, les voix deviennent de plus en plus claires et je ne tarde pas à reconnaître le français et sa copine.
- Bonjour tout le monde, je lance en entrant dans la cuisine en souriant.
Nous nous saluons avec le couple, je ne savais pas qu'ils arrivaient aujourd'hui. Je suis vraiment contente de les voir, pareil pour Charles, qui n'a pas vu son meilleur ami depuis la fin de la saison. Je pars ensuite dire bonjour à Hugo et Théa qui patiente gentiment dans son cosy. Je m'approche enfin du brun avant de déposer mes lèvres sur les siennes.
- Tu aurais dû me réveiller, je lui glisse à l'oreille.
Il souffle légèrement avant de me répondre.
- On en a déjà assez discuté trésor, tu t'es assez réveillée cette nuit pour dormir ce matin je pense.
Je lui adresse un sourire, le remerciant silencieusement, qu'il me rend instantanément. J'adore le voir sourire, il est vraiment à tomber.
- Si vous pouviez arrêter de vous bouffer des yeux quand on est là, vous serez gentils, nous taquine Pierre hilare.
Je détourne vite le regard alors que le rouge me monte aux joues. Charles, lui rigole, non sans lancer le torchon à sa droite dans le visage de son pote. Il est vrai que nous n'avons rien partager de véritablement intime depuis la naissance de Théa. Nos moments à deux me manque. J'ai l'impression que je n'ai pas passé une seule minute en sa compagnie, rien que tous les deux, depuis des lustres. Chaque soirée, lors de nos moments de répits, on ne tarde pas à tomber l'un comme l'autre de sommeil.
Le Petit déjeuner se termine dans la bonne humeur, tandis qu'Hugo nous tanne pour aller faire de la luge. Deux groupes se dessinent alors, les garçons vont emmener Hugo dehors, tandis que je reste avec Kika au chalet. Théa vient de s'endormir, nous n'allons pas la réveiller maintenant.
Quelques dizaines de minutes plus tard, les garçons quittent la chaleur de la maison alors que l'on décide de vider nos valises avec Kika. Nous sommes arrivés assez tard hier soir, et on ne va pas rester un mois avec des valises au milieu de la chambre. Une fois avoir terminé celles des enfants, je m'attaque aux notre tandis que la portugaise me rejoint, n'ayant eu que sa valise ainsi que celle de son copain à vider.
- Alors, comment ça se passe maintenant que la petite famille s'est agrandie ? me demande mon amie.
Il est vrai que nous n'avons jamais eu le temps d'en discuter toutes les deux. Ayant besoin de me confier sur ma situation et mes doutes, je ne tarde pas à lui raconter.
- Tout le monde dit que l'arrivé d'un nouveau-né, c'est du bonheur absolu, un nouvel ange dans notre vie. Alors oui, c'est du bonheur, mais à côté de ça, je souffle, j'ai l'impression que je ne me suis jamais autant pris la tête avec Charles que depuis sa naissance. On s'aime là n'est pas le problème, mais c'est comme...c'est comme si communiquer nous était devenu impossible. Avec la fatigue qui s'accumule en plus, je ne te dis pas.
Je m'assoie à ses côtés sur le lit, jouant avec le t-shirt de Charles que j'avais dans les mains.
- Eh bichette, c'est totalement normal ! Un petit être est surtout venu chambouler votre équilibre, il faut juste trouver comment remédier à tout ça, vous créer un nouvel équilibre, mais il faut surtout que vous vous laissiez le temps de vous adapter à tous ces changements, ça ne se fait pas en un claquement de doigts, tente-t-elle de me rassurer.
- Je sais, mais très vite il va repartir sur les circuits, et si d'ici là, on ne l'a pas trouvé notre équilibre ? Et s'il est trop fatigué pour la saison et qu'il se met en danger ? Et s'il...
- Eh, calme-toi ma belle, je suis sûre que vous allez y arriver, et surtout vous n'êtes pas seuls ! On est là nous, et puis il y a toute la famille Leclerc qui je suis sûre est au petit soin. Vous allez réussir, ne t'en fais pas, elle me prend dans ses bras tandis que quelques larmes silencieuses roulent le long de mes joues. Est-ce que tu lui as déjà parlé de tout ça ?
J'hoche négativement de la tête.
- Il le faut Ilena, c'est important, me sermonne-t-elle doucement.
- Je ne veux pas l'embêter avec mes problèmes.
- Ce ne sont pas tes problèmes Ilena, se sont les vôtres.
------------------------------------------------------------
Alors ce chapitre ? A demain les loulous prenez soin de vous !!
VOUS LISEZ
Les volontés du cœur
RomanceElle perd sa meilleure amie dans un accident de voiture. Il perd son meilleur ami dans ce même accident. Charles et Ilena se détestent depuis bien longtemps, mais cet accident va les rapprocher plus qu'ils ne le pensaient. Ce rapprochement a un no...