4. Joyeux anniversaire Georg

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Même jour,
31 mars, 19h36
Magdebourg, Allemagne

Les jumeaux et leur producteur posèrent le pied sur la terre ferme après avoir volé en classe business pendant cinq heures. Ce fut Bill qui annonça rapidement sa maladie à David. L'homme fut tellement déboussolé qu'il demanda si Bill avait bien pris la nouvelle, ce qui eut le don d'agacer Tom. Après être sortis de l'aéroport avec leur capuche relevée, les jumeaux montèrent dans un taxi.

- On reste en contact, dit David.

Bill tourna la tête vers la vitre et ce qu'il vit lui glaça le sang. Il reconnut deux filles qu'il voyait souvent au premier rang de ses concerts. Les filles étaient tournées vers lui et le regardaient, elles l'avaient très bien reconnu. Ou suivi...

Le jeune homme se crispa sur son siège tandis que le taxi quittait sa place.

- C'est cool on va pouvoir revoir Gustav et Georg. Ça fait longtemps qu'on les a pas vu. Ils sont rentrés quand déjà, le lendemain du concert de Marseille ?

Par réflexe, Bill voulut répondre mais s'en trouva incapable. Les larmes aux yeux, il détourna le regard.

- Euh... hoche juste la tête pour me répondre. C'était plus tard ? Genre, deux ou trois jours après ?

Bill hocha la tête. Il regarda ses notifications et vit que sa mère lui avait laissé trois messages.

Messagerie

31 mars, 13:56
Simone, à Bill : Cc, alors le rdv ?

31 mars, 15:17
Simone, à Bill : ? ?

31 mars, 18:02
Simone, à Bill : Dis a Tom de repondre STP ...

31 mars, 19:40
Bill, à Simone : ca va, on vient mangé demain midi

Après la réaction inattendue de Tom, ce dernier agissait comme si rien ne s'était passé. Il avait dormi durant tout leur vol de Paris à Magdebourg. Bill, lui, s'était rongé les ongles manucurés. La seule chose qu'il avait écrit à son frère était de ne surtout rien dire à Georg pour ne pas gâcher son anniversaire. Tom avait accepté, l'air grave.

Les jumeaux et leurs deux agents arrivèrent devant la maison de Georg. Ils n'avaient rien dit sur la maladie de Bill. Ce dernier enchaînait tant de rendez-vous que personne d'autre que leur mère, soucieuse de l'état de ses enfants, n'avait pensé à lui demander les résultats.

Bill toqua trois coups à la porte de la maison familiale de Georg. Le jeune brun aux mèches tombantes imaginait une fête conviviale avec de la famille et des amis. Quand Georg ouvrit la porte, ce fut le sourire aux lèvres qu'il accueillit ses deux amis.

- Hey !

Tom se tenait derrière Bill et regardait ses chaussures. Prétendre que tout allait bien était plus dur qu'il ne l'avait imaginé. Bill sourit, mais son expression ne parvint pas à duper son ami à l'œil fin. Georg fronça les sourcils et les charia.

- Bah alors, qu'est-ce qui se passe ? Vous avez oublié mon cadeau ?

À ces mots, pourtant si anodins, Bill grimaça pour retenir des larmes. Derrière lui, Fridolin regarda sa montre.

- Oh non, pardon, c'est pas grave si vous l'avez vraiment oublié, tu sais, s'empressa d'ajouter Georg.

Bill secoua lentement la tête, les larmes coulant sur ses joues. Il se sentait pire à chaque seconde, comme s'il descendait un escalier sans fin.

- Expliquez-moi... Je comprends pas. Vous vous êtes disputés ? Vous vouliez pas venir ?

Georg chercha le regard de Tom tandis que Bill se tournait pour essuyer les premières larmes qui coulaient sur ses joues. Il se sentait si mal de gâcher l'anniversaire de l'un de ses amis les plus chers.

- Bill a un cancer du larynx, annonça Tom.
- Bon alors, ils arrivent ?, demanda une voix enjouée.

Gustav apparut dans l'encadrement de la porte, soufflant dans une décoration d'anniversaire pour qu'elle se déplie et sonne.

- Qu'est-ce qui se passe ?, demanda-il en retirant la décoration de sa bouche.
- C'est pas possible..., murmura Georg.
- Vous devez entrer dans la maison, ordonna Fridolin. Ce n'est pas...
- Deux minutes, c'est important, le coupa Tom.

L'agent personnel de Bill jeta un coup d'œil à son collègue. Tom gardait un visage impassible. Bill se tourna à nouveau vers ses amis, le visage ruisselant de larmes. Gustav fronça les sourcils, comprenant sans mal qu'il avait un train de retard sur la conversation.

- Il est aphone depuis plusieurs jours. Le rendez-vous important de ce matin, c'était pour nous annoncer son cancer, expliqua Tom.

Georg et Gustav semblèrent tomber de dix étages.

- Bill a un cancer ?!, s'écria le blond de la bande.
- Euh... Oui. On voulait passer voir Georg pour son anniversaire... D'ailleurs, joyeux anniversaire Georg.

Tom rit nerveusement, ayant lui-même du mal à croire en ce qu'il se passait.

- Super, merci Tom, tu gères, lança Gustav en haussant les sourcils et levant un pouce en l'air.
- Quoi, t'aurais préféré être le dernier à le savoir ?, répliqua Tom sur un ton défensif.
- Non, mais lui souhaiter son anniversaire quasiment dans la même phrase, c'est peut-être pas l'idée du siècle.
- Donc maintenant tu me dis ce que je dois dire ou ne pas dire ? T'es ma mère, c'est ça ?

Georg s'avança et il prit Bill dans ses bras, ce qui fit taire la dispute naissante entre Gustav et Tom. Le bassiste pensait à toute vitesse, essayant de trouver des solutions, se demandant l'incidence que ça aurait sur la vie de Bill et sur leur groupe de musique. Dans ses bras, Bill se sentait déjà moins vivant depuis qu'on lui avait annoncé sa maladie. Il restait immobile, les bras pendants le long du corps. Pour lui, cela ne servait plus à rien de vivre. Il avait tout perdu : sa voix, sa passion, son groupe, son métier. Le jeune homme réalisa qu'il devait encore le dire à sa meilleure amie et à son manager. Il se demanda comment les deux réagiraient à cette annonce.

- Ne restez pas dehors, on ne doit pas vous voir, ordonna Fridolin pour la deuxième fois.

Les agents se tenaient des deux côtés de la porte.

- Deux secondes, monsieur le gardien de prison, on peut respirer un peu ?, répliqua Tom.

Fridolin fit claquer sa langue en relevant un peu plus la tête.

- Bill ?, tenta Georg en se détachant de son ami.

En voyant les yeux vides de Bill, il jeta un regard à Gustav et Tom. Ce dernier sentait une boule à sa gorge. Les mots ne purent franchir ses lèvres. Alors il leva les yeux au ciel, reprenant son attitude habituelle.

- La fête se tient sur le palier ? Parce que j'ai déjà mal aux jambes.

Il entra sans attendre dans la maison des parents de Georg. Dehors, les trois amis restèrent silencieux durant d'interminables secondes.

- Bon, vous venez ?, demanda Tom en élevant la voix de l'intérieur.

Après un dernier regard, ils se décidèrent à le suivre, encadrés par leurs agents de sécurité.


01h27

- Vous nous tenez au courant, hein, dit Georg.

Tom hocha la tête. En s'asseyant dans le van, Bill consulta son téléphone. Il avait manqué des appels de sa mère et de Natalie. En se rappelant qu'il avait perdu sa voix, Bill rangea son téléphone dans sa poche. Les jumeaux furent ramenés à leur maison à Magdebourg.

Tom, de son côté, serrait le post it dans sa poche. Le jeune homme regardait le paysage défiler par la vitre teintée du véhicule, se demandant comment il allait aider Bill à gérer sa maladie.

SILENCE (Bill Kaulitz)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant