15. Sale menteur !

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Le lendemain,
11 mai, 12h32
Institut Gustave Roussy, Villejuif

Tom toqua doucement à la porte de la chambre d'hôpital de Bill. Il s'en était voulu toute la nuit de ne pas avoir répondu à son message. Il avait enchainé les crises de larmes et avait vidé son paquet de cigarettes. Sa chambre, comme son esprit, était sens dessus-dessous, et il avait peur que Bill ne lui pardonne pas si facilement d'avoir loupé la séance de chimiothérapie.

Quand il entra dans la pièce, son frère était assis sur son lit. Ce jour-là, il n'avait pas mis sa perruque ni ne s'était maquillé. Tom eut du mal à reconnaitre son frère, avec ses cernes et son teint malade. Bill n'était pas Bill sans son style, sa coiffure habituelle.
Il gribouillait distraitement sur son carnet. Après une nuit mouvementée, on lui avait donné un anxiolytique et son antiémétique avant son dernier jour de cure, mais il restait sur les nerfs. Son cœur était trop vide, et sa tête trop remplie.

- Salut, dit Tom.

La mine du crayon de Bill se cassa sur la page.

Bill resta figé sur sa chaise, le regard vide. Il s'était fait mille scénarios dans sa tête et pourtant, il ne sut comment réagir. Dans chaque histoire Bill était tellement fatigué et énervé qu'il était à peu près sûr que ça finirait mal.

- Bill, je suis désolé de-
- Te fatigue pas, le coupa-t-il.

Tom leva les mains en signe de défense.

- Écoute...
- T'as l'air en forme pour quelqu'un qui a la grippe. Dis-moi, t'as mal à la tête ? T'as de la fièvre ?, demanda Bill d'un ton sarcastique, la voix encore cassée.

Tom resta sans voix, surpris par la tournure de la conversation. Bill s'énervait rarement autant, et son frère commença à avoir peur de ce qu'il pourrait dire sous le coup de la colère.

- Hein, t'as de la fièvre ? Ou tu continues d'être un sale menteur avec tout le monde et maintenant, avec moi ?

Bill se leva trop rapidement de son lit. Il eut la tête qui tournait pendant quelques secondes. Le jeune homme posa une main contre le mur au moment où son frère faisait un geste pour l'aider. Tom se stoppa net en voyant le regard noir que lui lançait Bill.

- N'approche pas, disait-il silencieusement.

Tom leva son index, cherchant ses mots.

- Laisse-moi t'expliquer. Ok, j'ai pas la grippe, c'est vrai. Mais...
- Tu avoues ?, dit-il d'une voix grasse.

Bill toussa douloureusement.

- Bill, tu devrais pas trop forcer sur ta voix, tu viens de la récupérer...
- Ah, maintenant que tu t'inquiètes pour moi ? (Il toussa) C'est la meilleure. Tu fonctionnes comment, un jour sur deux ?

Tom serra la mâchoire, blessé par son commentaire. Il estimait faire de son mieux.

- Quoi, t'as perdu ta voix ? C'est pas toi qui a un cancer, ici, pourtant. À moins que... ?, continua Bill sur sa lancée.
- Arrête.

Bill ricana à l'ordre de son frère. Au fond de lui, il sentait la colère empêcher la tristesse de grandir.

- Non, j'arrête pas. Tu passes ton temps dans ta chambre, ça fait des semaines qu'on n'a pas passé un vrai moment cool ensemble. Je suis devenu plus proche de Georg et de Gustav que de mon putain de frère jumeau !

Bill avait mal à la gorge à force de parler. Tom, lui, luttait pour ne pas que les larmes lui viennent aux yeux. Plus ils parlaient, plus Bill le blessait et bientôt, le jeune homme ne pourrait plus le supporter.

SILENCE (Bill Kaulitz)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant