SILENCE (Bill Kaulitz)

10. La perte

Vingt-trois jours plus tard,
5 mai, 20h40
Paris V

- Bill, t'es prêt ?, demanda gentiment Gustav.

Ils étaient dans la salle de bain. Bill était assis sur une des chaises venant du salon, elle-même positionnée devant le miroir. Derrière lui, Gustav se tenait prêt, et Georg les observait depuis l'encadrement de la porte. Le soleil couchant du mois de Mai éclairait la pièce de ses rayons orangés.

- Prêt, dit Bill silencieusement.

Gustav lut sur ses lèvres dans le miroir, et il ouvrit le ciseau. Il vit son ami prendre une inspiration et fermer les yeux. Même si Bill avait lui-même demandé à ce qu'on le rase, il ne le désirait pas. Depuis quelques jours à son réveil il retrouvait des tas de cheveux sur son oreiller et dans ses draps. Il le faisait parce qu'il y était obligé. Ses cheveux étaient très importants pour lui, mais il était sûr de vouloir arracher le pansement d'un coup au lieu d'essayer de le retirer lentement et en plusieurs fois.

Bill entendit les coups de ciseaux, mais il voulut garder les yeux fermés. Gustav échangea un regard avec Georg. Celui-ci s'avança et il aida son meilleur ami à couper silencieusement les mèches brunes. Elles formèrent bientôt un tas sur le sol. Les deux jeunes hommes avaient coupé les cheveux proche du crâne de Bill. Quand il rouvrit les yeux, il croisa son reflet dans la glace et ses lèvres tremblèrent. Il ne se reconnaissait plus.

- Va chercher Tom, murmura Gustav à Georg.

Ce dernier s'exécuta et il quitta la pièce. Gustav posa une main sur l'épaule de Bill. Il eut le sentiment que Gustav avait déjà vécu une situation similaire.

- Tom arrive.

Bill hocha la tête, les yeux brillants des larmes qu'il retenait.

- Qu'est-ce qui se passe ?, demanda Tom en arrivant dans le couloir, suivit de Georg. Oh, bordel... Elsa, je suis désolé, je- ... Non mais c'est Bill qui va- ... Ok, on se rappelle... Si, s'il te plaît... Quoi ? T'es sérieuse ... Ok. Ok vas-y ciao.

Le jeune homme rangea son téléphone dans sa poche et il approcha de son frère.

- Ça va ?

Bill passa une main au-dessus de son épaule, main que serra fort Tom.

- Est-ce que tu es prêt pour que je continue ?, demanda Gustav avec douceur.

Bill prit de nouveau une inspiration pour se donner du courage, puis il approuva d'un signe de tête. Gustav posa les ciseaux sur le meuble devant Bill avant d'attraper la tondeuse.

- C'est trois millimètres, précisa-t-il.

Il alluma l'appareil et les épaules de Bill s'affaissèrent. Gustav croisa le regard de Bill, et il commença à tondre ses cheveux. Une fois le travail terminé, l'apprenti coiffeur déposa la tondeuse sur le côté, et il posa de nouveau sa main sur l'épaule de Bill. Tom n'avait pas lâché sa main. Georg approcha lui aussi, il prit la casquette des cheveux de Tom et il la posa sur le crâne de Bill.

- Et voilà ! La vache, mon père devrait mettre des casquettes, ça le rajeunirait...

Les quatre amis sourirent, et Bill sentit que le poids sur ses épaules s'était légèrement allégé. Le jeune homme était fatigué, rasé et malade mais il était aussi entouré, et à ce moment, c'était le plus important pour lui.

Chaque nuit de cauchemar, il allait dormir dans la chambre de son frère. La journée, il jouait parfois aux jeux vidéos avec Georg et Gustav, ou ils regardaient un DVD à la télé. Ils continuaient même à faire de la musique, d'une autre manière. Bill écrivait des paroles avec Tom et ils trouvaient une mélodie avec Georg qui s'essayait au piano. Georg, lui, était en pleine période de révisions pour passer son diplôme de dentiste par correspondance. Il recevait toujours de l'aide de ses amis quand il en avait besoin. Le groupe avait une très bonne dynamique, et Bill n'aurait pas pu rêver mieux.