2. Rien de grave

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Le lendemain,
15 mars, 7h34
Espagne

- Salut, Bill.

Georg venait d'arriver dans l'espace cuisine du tour bus. Le soleil se levait tout juste et illuminait faiblement l'endroit. Assis devant un thé au miel, Bill fixait la tasse sans vraiment la regarder. Dans un coin se tenait son agent personnel, debout les bras croisés.

- Ça va ?, tenta le bassiste.

Il s'assit face au chanteur. Ce dernier redressa la tête et parut sortir de son monde.

- Hm ? Oui...

Georg baissa les yeux en entendant la voix grasse de Bill.

- Comment tu te sens ?, tenta le bassiste.
- Bof.

Un silence tomba. Seul le bruit du bus roulant sur les routes d'Espagne les accompagnait. Georg ne savait pas trop quoi dire. Il voulait aider son ami mais se sentait impuissant, inutile.

- Si jamais je peux faire quoi que ce soit..., commença-t-il.
- Je sais.

Georg se mordit les lèvres. Vite, il fallait trouver un autre sujet de conversation pour ne pas rendre le moment plus pesant.

- La clim te dérange pas ?
- Si, mais... je fais avec.
- Je suis désolé.

Bill regarda le paysage défiler à travers la vitre. Cette route est interminable, pensa-t-il.

- Pour la clim ?
- Non, pour... tout ça.
- T'excuse pas. Merci d'être là.

Georg baissa les yeux. Il ne parvint pas à résister à sa curiosité.

- Ça te fait quoi, de ne pas pouvoir chanter ?
- Tu veux dire, de perdre ma voix ?, corrigea le chanteur avec la voix sifflante.

Bill croisa le regard de son ami.

- J'ai peur que ce soit grave. Que je doive quitter le groupe et arrêter ma carrière. Je saurais pas quoi faire de ma vie.
- On te trouvera pas de remplaçant. Les gars et moi... On veut pas d'autre chanteur que toi. Alors tu vas guérir, ok ? Et on annulera tous les concerts qu'il faudra.

Bill sourit à l'écoute de la tentative de Georg pour le rassurer. Malheureusement, il fallait plus que des mots pour soigner sa maladie.

- Merci. Tu sais, je vais voir un médecin portugais à Lisbonne... Demain matin.
- Pourquoi pas ce soir ? Demain c'est le jour du concert, tu auras moins de temps pour guérir.
- On va arriver tard et avec dix-huit heures de bus derrière nous, justifia Bill.
- Ouais mais c'est pas toi qui conduis, souligna Georg.
- C'est sûr. Mais David m'a dit par message qu'il avait pris rendez-vous pour demain matin. Je le suis les yeux fermés, j'ai confiance en son jugement.

Georg hocha la tête, compréhensif. Dans le silence qui suivit la phrase de Bill, le bassiste se rendit compte qu'ils passaient très rarement des moments à deux.

- Tu sais, on devrait passer plus de temps ensemble, juste nous deux, commenta Bill d'une voix enrouée.

Le regard de Georg s'éclaira. Il s'exclama :

- J'étais en train de me dire la même chose !
- C'est vrai ? J'ai toujours senti une connexion spéciale entre nous, de toute façon.
- Arrête, Tom va être jaloux.

Les deux amis sourirent, complices. Bill toussa avant de reprendre la parole.

- Tu veux quoi pour ton anniversaire, au fait ?, demanda Bill.
- Aucune idée...
- Tu vas être majeur à l'international. Tu pourras boire aux États-Unis... Dommage qu'on vienne d'y passer pendant la première partie de la tournée, le charria Bill.
- Ouais...

SILENCE (Bill Kaulitz)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant