29. Plus fort !

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Deux jours après,
16 juillet, 21h29
Paris, sur la Seine

- J'en reviens toujours pas que Tom aie privatisé un bateau, dit Gustav, encore ahuri.
- C'est bon, ça fait une heure que tu le répètes. Change de disque, répliqua son meilleur ami.

Tom sourit malicieusement.

- J'ai hésité à inviter plein de gens pour qu'on fasse une grosse fête, mais Bill voulait pas.
- Pour la millième fois, je veux pas fêter la fin de mon traitement alors que j'ai pas encore les résultats.

Le jeune homme sentit un frisson lui parcourir l'échine. Et si je devais finalement me faire opérer ? Si la tumeur n'avait pas été totalement éradiquée ?, pensa-t-il.

- Ce sera positif, affirma Tom. En tout cas ce soir, on va profiter de ce petit tour de Paris.

Bill regarda le sol, agacé que son frère ne cesse d'affirmer que la maladie était déjà derrière eux.

- Je vais aux toilettes, annonça-t-il.
- Et dis-moi, Tom adoré, t'as loué la péniche pour deux heures, c'est ça ?, demanda Georg sur un ton mielleux.
- Oui, répondit Tom avec précaution, sentant le loup arriver.
- Et t'as pas voulu qu'on participe au prix.
- Tu comptes me réciter toute ma vie ?
- Ça prendrait pas beaucoup de temps, puisque t'as, quoi, quatre ans ?, intervint Gustav.

Georg ouvrit grand les yeux et félicita son meilleure ami pour sa répartie.

- Ah ouais, ok. Bon, viens-en au fait, dit Tom en levant les yeux au ciel.
- Pourquoi est-ce que t'as pas pris l'option repas ?, s'exclama Georg. On aurait pu manger sur un bateau !
- C'est tout ? Tout ça pour ça ?
- Comment ça, "tout ça pour ça" ? J'aurais payé, si j'avais su !

Gustav rit, amusé par l'aspect ridicule de la conversation.

- Bon, qu'est-ce qu'il fout, Bill ? Il est toujours aux toilettes ?
- On se calme, je suis là, dit Bill en remontant sur le pont.

Un silence se fit dans le groupe. Georg et Gustav partirent d'un côté de la péniche pour prendre des clichés de Paris, laissant les jumeaux seuls. Bill s'accouda à la barrière du bateau, l'esprit envahi de pensées malheureuses.

- Bon, qu'est-ce qui va pas ?, demanda Tom.
- Rien, mentit-il.
- T'as pas le droit de me reprocher de mentir si toi tu le fais aussi.
- Pardon.

Bill baissa les yeux sur l'eau. Dans sa vision périphérique, il vit son frère imiter son geste.

- Linzerringe.

Tom se tourna pour s'adosser à la rambarde et chercha le regard de son jumeau.

- Maintenant ?, demanda Bill.

Sans réponse, il soupira et dévoila son secret.

- Ok... J'ai rendez-vous chez l'ORL demain. Personne ne sait.
- Pourquoi tu nous l'as pas dit ?
- Je veux inquiéter personne. Ça fait trois mois et demi que tout le monde est stressé à cause de moi. Je préfère vous laisser faire la grasse matinée. Surtout Georg, qui a fini ses examens, ajouta-t-il.
- Tu veux que je vienne ?
- Je crois que je vais plutôt y aller seul, bredouilla Bill.
- T'es sûr ?
- Oui. Ça va aller.

Tom se tourna de nouveau et s'accouda aux barrières de la péniche. La Tour Eiffel paraissait encore plus jolie, cernée de nuages roses. Bill sembla chercher précautionneusement ses mots.

- Tout à l'heure, et toute la soirée en fait, quand t'as fait comme si on fêtait déjà ma guérison..., commença Bill.

Son frère se tut pour le laisser terminer.

SILENCE (Bill Kaulitz)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant