27. ... et nos morts.

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Une semaine après,
30 juin, 12h29
Institut Gustave Roussy, Villejuif

Ce midi-là, Bill arriva à l'hôpital avec une heure et demie d'avance sur sa radiothérapie. Didier lui avait envoyé un message lui demandant de le retrouver au Foyer au plus tôt. Curieux, le jeune homme entra dans la salle en se demandant ce que son ami avait de si urgent à lui dire.

En arrivant, il remarqua directement Raymond et Didier près de la fenêtre. Didier murmurait très rapidement des choses à Raymond, lequel avait les yeux fermés. Bill ferma la porte sans la retenir pour signifier sa présence, et Didier se tourna vers lui.

- Leon, l'appela-t-il d'une voix teintée de tristesse.
- Ça va ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Je vais rentrer chez moi, annonça Raymond.

Sans laisser le temps à qui que ce soit de réagir, l'homme se dirigea vers la porte et quitta la pièce sans dire un mot de plus.

- Qu'est-ce qui lui arrive ?, demanda Bill.
- C'est Christine. Elle a fait un arrêt cardiaque cette nuit. Elle ne s'en est pas sortie.

Bill sentit les larmes lui monter aux yeux.

- Mais non, elle est en rééducation, elle n'a plus la tumeur..., commença le jeune homme.

Didier posa ses mains sur les épaules de Bill.

- C'est le genre de chose qui peut arriver, dans une vie.
- Mais ça devait pas se passer comme ça...

Une larme roula sur sa joue, et Didier le prit dans ses bras. D'abord Raymond, puis Christine, à une semaine d'intervalle. Bill n'arrivait pas à croire que Christine les avait quittés si vite, et il avait peur d'être le prochain sur la liste.

- J'avais encore plein de choses à lui dire...
- La mort n'épargne personne. C'est pour ça qu'on doit vivre pleinement.

À ce moment-là, Jade entra dans la pièce, les yeux rivés sur un document.

- Bravo pour votre rémission, Didier ! C'est...

Elle releva les yeux et s'arrêta net. Devant elle, Bill tourna la tête pour qu'elle ne puisse pas voir ses larmes, et Didier se plaça naturellement devant lui, de telle manière à le cacher du regard de l'étudiante. Quand elle le remarqua, Didier se racla la gorge pour attirer son attention et la remercia.

- Malheureusement, le jour est mal choisi, ajouta-t-il.
- Mes condoléances. 

Elle se pencha légèrement, mais Didier suivit son mouvement, l'empêchant de voir Bill. L'homme savait que si son petit protégé voulait interagir avec l'étudiante, il le lui ferait savoir.

En réalité, les larmes de Bill avaient redoublé. Il se sentait triste pour Christine, mais aussi tellement heureux pour Didier. Le mélange de ces émotions formait un ensemble étrange auquel il ne savait pas comment réagir. Jade détourna le regard.

- Leon, si jamais vous voulez en parler, demandez-moi au service, ajouta-t-elle gentiment.

Baissant la tête, elle quitta la salle pour les laisser seuls. Dès qu'elle fut partie, Didier se tourna vers Bill.

- Tu es en rémission ?, demanda ce dernier en séchant ses larmes.
- On me l'a annoncé ce matin.

Didier sourit tristement, et quand Bill le prit dans ses bras, il aurait juré voir une larme perler dans les yeux de son protecteur.


20h59

- J'y. Arriverai. Jamais.

SILENCE (Bill Kaulitz)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant