Le lendemain,
12 avril, 7h04
Institut Gustave Roussy, VillejuifBill fixait la porte quand l'infirmière toqua pour lui faire la prise de sang. Il avait très peu dormi durant la nuit. Jasmine était passée dans sa chambre à trois heures du matin, au moment où Bill était en proie à des pensées sombres. Elle lui avait donné un anxiolytique, mais le jeune homme avait réussi à n'avoir que quelques heures de sommeil. Il avait les yeux cernés et le teint pâle.
Après sa prise de sang, on lui amena le petit déjeuner. Le patient avait le choix de regarder la télévision en mangeant, mais il décida de ne pas l'allumer. Il ne comprenait pas le français, alors à quoi bon ?, pensa-t-il.
Il examina le contenu de son plateau : un jus d'orange en petite bouteille, un croissant et deux pains briochés, un petit carré de beurre et un yaourt aux fruits. Rien ne lui donnait envie. Il but quelques gorgées de jus d'orange et mordit dans le croissant avant d'éloigner le plateau de son lit. C'était l'heure de se préparer, comme on le lui avait expliqué la veille.
Bill enfila une nouvelle tenue et il entra dans la salle de bain. En voyant son maquillage, le jeune homme hésita pour la première fois depuis longtemps. En avait-il vraiment envie ? Oserait-il encore affronter le regard des autres en chimiothérapie alors qu'on l'avait regardé de travers dans les couloirs ?
Il le fallait.
Il ne pouvait pas laisser tomber comme ça, il devait se battre.Au moment où il sortit de la salle de bain, maquillé et coiffé, une nouvelle infirmière toqua à la porte. Elle entra et balaya la pièce du regard.
- Est-ce que tout va bien ?, demanda-t-elle en français.
Bill fut surpris par son intervention. Il fronça les sourcils.
- Oh, pardon. (Elle changea de langue). Est-ce que tout va bien ?
Il hocha la tête et elle partit, non sans lui demander de manger un peu plus son petit-déjeuner. Le jeune homme se rassit sur le lit. Comme il ne trouvait rien à faire (son téléphone étant déchargé, il ne pouvait pas écouter de musique), il gribouilla des mots et des paroles en allemand sur une page de son carnet.
« I am so FUCKING tired » (« Je suis tellement fatigué, putain »)
« NIMM MICH MIT UND HALT MICH, SONST TREIB ICH ALLEINE IN DIE NACHT » (« Emmène-moi avec toi et retiens-moi, sinon je dériverai seul dans la nuit »)
« I need Tom, please help me » (« J'ai besoin de Tom, aidez-moi s'il vous plaît »)
Puis il dessina une corde de pendu, des croix autour des paroles, une lune et il commença un gribouillis dans le coin inférieur droit de la page. Au moment où il entourait le nom de son frère, il s'endormit et le crayon glissa sur le côté.
- Monsieur Brauner ?
Bill se redressa lentement dans son lit et ferma rapidement le carnet quand il vit qu'il était resté ouvert sur ses jambes.
- Vous avez rendez-vous avec le diététicien pour parler de votre alimentation, continua Jasmine. Je vais vous y accompagner avec Monsieur, dit-elle en montrant Fridolin du regard.
Bill se leva pour mettre son carnet dans son sac. Le jeune homme suivit ensuite l'infirmière dans le couloir, tout en prenant soin de remonter sa capuche. À côté de lui, Fridolin marchait d'un pas mesuré, en état d'alerte. Bill avait préféré passer la nuit seul, mais durant la journée il devait être protégé en lieu public.
À midi, il sortit du rendez-vous en ayant encore plus envie de dormir. On le raccompagna à sa chambre pour lui donner le déjeuner. De la viande, des pâtes, une soupe et un yaourt au chocolat. Sur le plateau il y avait aussi l'anti-vomitif et l'anxiolytique dont on lui avait parlé la veille et qu'il avait déjà pris durant la nuit. Il avala les deux médicaments avec une gorgée d'eau, il mangea quelques pâtes et son yaourt au chocolat. Bill avait oublié de dire qu'il était pesco végétarien. Il repoussa alors le plateau et fixa le plafond en attendant. Quand on vint chercher les restes de son repas, on lui demanda de nouveau de manger un peu plus, ce à quoi le jeune homme répondit qu'il n'avait pas très faim mais qu'il avait pris les médicaments.
VOUS LISEZ
SILENCE (Bill Kaulitz)
Fanfiction31 mars 2008. Les mots du médecin résonnent dans la tête de Bill Kaulitz. Après avoir perdu sa voix lors d'un concert, on lui annonce qu'il est atteint d'un cancer du larynx de stade 3. S'il veut un jour récupérer sa voix, le chanteur des Tokio Hot...