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Maxime ne se considérait pas comme un grand romantique. Il s'en était sorti avec ses précédentes relations à coup de roses et de dîners épurés, mais il avait l'impression de manquer de quelque chose, de refouler certaines de ses préférences, ce qui le rendait trop maladroit, trop distant de ce que ses partenaires attendaient de lui.

Il avait fait des efforts, sans comprendre en quoi ils consistaient. Ça n'avait pas servi pour ses couples, seulement pour lui. À force de saupoudrer les conversations de surnoms creux qu'il n'avait jamais réussi à faire briller de la force de ses sentiments, la réalisation avait atterri tout doucement sur une perche de ses pensées : ce n'était pas fait pour lui.

Il n'était pas fait pour les surnoms, pour les longs textos, pour les cadeaux onéreux, pour un espèce de romantisme matériel qu'il avait croisé à chaque liaison.

C'était quelque chose dont il s'était rappelé en claquant la porte de l'immeuble de Sidjil, la première fois qu'ils avaient couché ensemble, ce soir-là. La luxure l'avait amené vers des chemins introspectifs de ses démonstrations d'affection. Il avait fait tellement de détours pour revenir chez lui au petit matin, juste pour lier les mécanismes de sa personne à cette bêtise, qu'il n'arrivait pas à considérer comme en étant une.

Maxime n'était pas romantique mais il prêtait une grande attention à ses propres sentiments, et ceux des autres parfois. Il n'avait pas les moeurs aussi légères pourtant, mais il arrivait tout de même à penser à Sidjil avec plus d'envie qu'il n'aurait jamais pensé en avoir pour lui.

Parce qu'il n'y avait aucune symbolique dans ce qu'ils faisaient. Il n'y avait aucun objectif sur le long terme, aucune appartenance, pas de sentiments à célébrer. Juste un bénéfice en plus sur leur amitié, un accord tacite, un coup de vent comme un baiser échangé devant une caméra.

Tant mieux si ça fonctionnait. Tant mieux si Maxime pouvait décharger son stress quelque part, s'il se créait des illusions pour tromper la solitude agressive, s'il avait moins de mal à s'endormir dans le lit de Sidjil que dans le sien.

Il restait la bienveillance, les piques mutuelles, les mêmes attentions que Maxime prenait soin de relever quand il venait chez lui. Il y avait juste une chose en plus.

Parfois un message à la fin d'une soirée.

En ce moment, il avait du mal à apprécier ses propres élans créatifs et cette irritation envers lui-même arrivait aussi à le faire culpabiliser d'être plus silencieux que d'habitude pendant les réunions avec le reste de l'équipe. Grim lui faisait souvent la remarque. Max se demandait s'il le regardait avec inquiétude ou pure moquerie.

Même après avoir invité une personnalité appréciée par toute la sphère d'Internet, Maxime ne pouvait pas s'empêcher de cogiter sur sa chaise à roulettes, seul au bureau alors que tout le monde s'activait à ranger autour de lui.

Grim finit par se pointer devant lui, débarrassé de sa chemise et sa veste de costard pour ses vêtements habituels. Maxime remarqua la fermeture ouverte de sa banane noire, et le flou de fatigue quelque part dans ses yeux encore grands ouverts. Sans le maquillage, le beau teint de Matthis s'estompait avec le creux mince de ses cernes, mais il avait toujours trop d'énergie pour parler, lui faire des remarques, lui proposer quelque chose, lui recommander une énième chanson de rap US que Maxime appréciait sans plus.

– Hé Max, l'émission elle est finie depuis trente minutes là, il lui fit remarquer avec un sourire narquois. T'attends le prochain invité ou quoi ?

– Nan Grim, j'attends que tu partes.

Le métis émit un bruit réprobateur, sa tête renversée en arrière en réponse aux mots prévisibles de Maxime.

maxi string [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant