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Avec la bonne humeur et le soulagement de voir rayée une mauvaise nouvelle, Maxime était devenu plus bavard, plus ouvert à tout et n'importe quoi.

– Et là t'as vu, il pointa du doigt une carte dans son classeur, c'est la seule carte rare qu'Elian m'a donnée parce que ce connard a aucune chatte c'est une dinguerie. En un coffret j'ai eu plus de rares que lui depuis qu'il a commencé à ouvrir des cartes Pokémon.

Les corps encore incandescents au milieu d'une nuit noire, Maxime ignorait le tremblement discret au bout de ses doigts, alors qu'il feuilletait un de ses classeurs de cartes Pokémon. Il était assis en tailleur sur le bord du lit, le dos voûté tant il était captivé par sa collection, ressassant les anecdotes et les souvenirs de moments de joie exacerbés, au prix d'une carte au design chatoyant.

Sidjil lui demandait parfois de sa voix placide pourquoi il semblait aussi enjoué pour certaines cartes qui ne semblaient avoir aucune valeur, visiblement pris dans son jeu, visiblement happé par l'excitation avec laquelle Maxime parlait d'un de ses centres d'intérêt les plus prenants. Il le regardait tourner les pages, perché par-dessus son épaule. Ses lèvres pressées sur son omoplate, elles bougeaient sans devenir inintelligibles, quand elles ne restaient pas muettes.

Maxime parlait pour ne pas abdiquer aux frissons léchant sa peau. Leur proximité le mettait dans un état particulier, embrassé par la violence charnelle des minutes d'avant.

S'il parlait autant de sa collection de cartes Pokémon, ce n'était pas juste parce qu'il n'avait jamais abordé ce sujet avec Sidjil. Il y avait une part importante d'inconnues disséminées dans chaque sillon invisible de sa peau, des rivières d'émotions dont le bruissement le perturbait.

– Elle est super jolie celle-là, Sidjil ramena son index sur une des cartes, près de celui de Maxime.

– C'est Mélofée.

– Et si j'étais un Pokémon je serai qui, tu penses ?

Maxime pinça les lèvres, le regard troublé par la réflexion. Puis il rit doucement.

– Mackogneur, il tourna plusieurs pages jusqu'à trouver une carte en particulier.

– C'est vraiment comme ça que tu me vois.

– Nan mais par rapport à ton voyage en Thaïlande...

– C'est dommage, j'allais dire que tu me faisais penser à Voltali mais tu m'as donné le Pokémon de Tibo Inshape. J'retiens.

– Mais Sid !

Le susnommé laissa un baiser muet sur son omoplate avant de s'écarter, s'affalant au bord du lit pour retrouver son paquet de cigarettes. Maxime le regarda faire, la nuque tordue presque à l'envers pour le voir tendre le bras vers une des poches de son baggy. Il ne nota pas la moue qu'il faisait en scrutant la forme harmonieuse de son biceps, et la même paresse avec laquelle Sidjil coinça sa clope entre ses lèvres.

Il avait pris l'habitude de le mater, de le scruter, de s'y perdre parfois sous l'assaut de ses propres pensées. Ses désirs assoupis dans la chaleur de son corps, souvent la place était prise par cette curieuse sensation d'habitude. Il le voyait plus souvent nu à sa fenêtre qu'habillé sur un tournage désormais, et cette pensée lui mettait le rouge aux joues.

Sinon il pâlissait soudainement, ses yeux divaguant sur la musculature brute de Sidjil. Chaque détail était un élément de plus dans sa contemplation. Et un élément de plus jeté dans un trou noir que Maxime n'avait jamais su sceller malgré l'âge, malgré la maturité.

Il était complexé. Moins qu'hier, mais ça ne représentait rien. Si ses efforts se définissaient par son abandon de ses hideux jeans skinny et des teeshirts trop près du corps, Maxime avait toujours les mêmes bras, les mêmes jambes, les mêmes cuisses trop fines, la même silhouette bloquée dans une représentation caricaturale d'un ado de quinze ans.

maxi string [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant