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La marque posée sous sa peau était un témoin apparent du temps qui passait pour Maxime. On était mercredi, passé le week-end et cette horrible semaine qu'il avait enfin traversée, et d'une insomnie à l'autre, il avait fait la paix avec elles. Avec les jours et le stress, avec les paroles critiques de celui qui devait être leur prochain invité, avec l'écart possessif de Sidjil, dont son cou avait subi la démonstration. Même sa brouille avec Elian était déjà tombée loin dans les méandres de sa mémoire.

Dire que tout allait mieux était un acquis trop fragile pour Maxime. Un peu plus pessimiste que les autres, il essayait parfois de voir le verre à moitié plein mais le vide le rattrapait toujours. Quand il prenait du recul, il s'observait dans le miroir et il faisait le compte : qu'est-ce qui avait changé depuis la semaine dernière, depuis ce week-end ? Il avait retrouvé l'appétit, il avait moins honte d'exposer son cou aux regards curieux, et ils avaient un invité de taille pour lundi prochain.

Il pouvait énoncer tout ça dans son esprit étriqué, s'il oubliait ses tracas du long-terme. Les tracas du long-terme, des trucs débiles qui trainaient dans sa tête depuis trop longtemps. Des trucs qui lui gâchaient la vie, de son sommeil jusqu'à sa propre estime. Des trucs qui portaient des visages qu'il n'avait jamais vus, des discours auxquels il attribuait trop de légitimité, des pions qui l'emmenaient au sommet en lui faisant vivre un enfer.

Pour mieux aborder tout ce temps qu'il passait sur Twitter et l'appréhension colossale qui le prenait d'assaut en pensant au moment où il devra annoncer Kyan sur Zen, Maxime se concentrait sur les chiffres. Il gardait en tête la cinquantaine de milliers de viewers présents à chaque émission comme si dans cette foule ne se cachaient pas les bourreaux de son propre personnage, il pensait à l'encre que leur Zénith avait fait couler dans quelques journaux et ces nouvelles choses qui lui tombaient dessus, plus hautes encore que tout ce qu'il avait pu espérer au début. Les costumes Louis Vuitton avaient une saveur différente à chaque émission.

Les vêtements en général avaient une saveur différente depuis quelques mois. Le premier rempart à ses complexes, c'étaient toutes ces nouvelles sapes. Les chaussures, les jeans brodés, les pulls aux tricots abstraits et les bijoux, Maxime s'attachait à quelques détails et il trouvait en eux un intérêt encore naissant pour la mode. C'était encore un tout nouveau monde pour lui, mais un monde où tout semblait lui aller, tout semblait idéaliser ce qu'il détestait.

Le pull de Sidjil. Avant même que le souvenir de son pull Acne Studios ne s'imprime en couleur dans sa mémoire, l'ébène rassurant et l'arôme virile dans les mailles de son hoodie se bousculèrent à la première place. Depuis la dernière nuit avec Sidjil, Maxime ne pouvait pas dire en quoi quelque chose avait changé, mais rien ne semblait à sa place.

Pourquoi quand Sidjil rappelait qu'ils étaient sexfriends, sa voix s'effondrait et entraînait avec elle les fondations solides de leur relation ?

Entre deux coups de feutre sur un tableau qui crissait, Maxime se reposait la question. Pendant deux secondes, avant qu'Elian ne lui balance un autre feutre et Grim une autre idée.

Il revenait chez lui, tard dans la nuit, et il manquait une présence. Sur le canapé, contre le mur, sur son lit. Ça ne faisait que quelques jours.

Avant de se demander pourquoi Sidjil avait évité son regard le matin après leur dernière discussion, Maxime s'était d'abord perdu à dresser une liste des différents facteurs qui nourrissaient son manque. Est-ce que le stress et le reflet de sa personne le poussaient irrémédiablement vers Sidjil, comme vers n'importe quelle autre personne ? Est-ce qu'il y avait quelque chose de spécial dans ces moments, une manière qui définissait Sidjil qui lui plaisait plus qu'avec une autre expérience ? Est-ce que c'était seulement pour sa chaleur rassurante ?

maxi string [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant