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– Tu te souviens quand tu disais que t'embrassais personne à part un gars ?

Le murmure se blottit contre son cou. Maxime succomba à un nouveau frisson, une once de délicatesse défiant la brutalité avec laquelle Sidjil l'avait plaqué contre les boîtes aux lettres du hall de l'immeuble. Les serrures s'enfonçaient dans la matière de sa doudoune, mais Sidjil l'épinglait si fort qu'il pouvait les sentir appuyer contre son dos.

Ses gestes étaient brouillés, contradictoires. Maxime ne le cernait pas s'il n'échouait rien sur sa peau. Ses paroles ressemblaient à des étoiles filantes dans son ciel poussiéreux, il n'avait qu'un instant avant de les attraper.

Il sourit cette fois, son regard envoûté par le reflet du grand miroir en face des boîtes aux lettres, du corps de Sidjil qui ne laissait dépasser que sa tête sur son épaule. Cette vision lui plaisait trop pour qu'il ne l'avoue.

– Quoi, ça t'a pas plu ? il lui répondit, d'un aplomb aussi acéré que le sourire défait sur ses lèvres.

– Pas spécialement.

Maxime aimait bien laisser Sidjil faire ce qu'il voulait de lui. Il aimait bien ses baisers sur sa mâchoire, sur son cou, ses mains sur sa taille. Cette idée rassurante déliant les noeuds dans son esprit, qui lui murmurait qu'il était désirable au-delà d'un regard, au-delà de ses défauts dressés sur un tableau d'argent juste sous ses paupières.

Ouais... ce même tableau d'argent qui craquelait quand sa main agrippait les cheveux de Sidjil sous sa casquette. Elle s'écrasa sur le sol brillant dans un claquement qu'ils oublièrent rapidement. Rien ne comptait si ce n'était les forces confrontant leurs deux regards. Maxime sentit ses pouces creuser la peau délicate de ses hanches. Les paupières de Sidjil ondoyaient doucement sur ses prunelles impénétrables, un espèce de calme trompeur qui l'appelait.

– Ah, c'est dommage, j'avais envie de recommencer.

– Et tu comptais embrasser qui ?

Son propre nom pendait à ses lèvres. Maxime retint un rire au fond de sa gorge. Ses lèvres à lui brûlaient de malice.

– Joyca.

Il y avait quelque chose d'amusant et d'addictif à détourner toutes les bonnes réponses. Sidjil se trompait lui-même dans ses réactions. Ses beaux yeux se figeaient toujours plus sur son visage espiègle, la douceur dans ses traits s'était éclipsée en un battement de cils.

Dans sa position actuelle, il était difficile de lire les sentiments peints derrière ses gestes. Maxime s'amusait juste, son sourire gommait le nuage anxieux au fond de ses pupilles.

– T'aurais fait quoi ? il reprit, hilare comme si ses mots dépassaient leur relation. T'aurais rien fait.

Sa main enfouie dans ses cheveux noirs de jais, ses doigts buvèrent les détails de sa tête jusqu'à se poser sur sa joue.

– Parce que je fais ce que je veux. J'ai le droit d'embrasser qui je veux.

– Et t'as le droit de coucher avec qui tu veux aussi, je présume ?

Quand Maxime parlait de ses libertés, il le faisait éhontement. Il était profondément épris de ces sentiments démystifiés, de l'aise avec laquelle il s'affranchissait à chaque nouvelle relation.

Mais en parler à ce moment-là semblait relever d'une explication trop sérieuse pour les yeux rieurs de Maxime. Il renforça la prise de sa main sur la joue de Sidjil, chassant les pas chancelants de ses pensées épiées par son regard perçant.

– Ouais.

– Ouais, Sidjil répéta avec un sourire étrange.

Quand l'empreinte délicate de ses doigts ne s'imprima plus sur sa peau avec cette brûlure qui contractait sa mâchoire, Maxime comprit que la véritable réponse se déliait dans les gestes de Sidjil.

maxi string [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant