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Pour ne rien changer à la situation, Maxime avait eu un rire nerveux en constatant que ce qui l'éloignait de ses troubles il y a deux semaines en était devenu le nouveau berceau. Se réveiller après trois heures de sommeil et ouvrir les yeux sur la silhouette presque pure de Sidjil derrière son téléphone lui avait injecté une dose considérable d'angoisse. Il y a deux semaines, trouver son visage attentif sur le pas de sa porte était une libération.

Les choses avaient pris une tournure fade, achevées par un arrière-goût amer. Le tweet qui annonçait la venue de Kyan Khojandi sur Zen avait suscité moins d'acharnement que les dernières émissions, et pourtant Maxime ne s'en était pas réjoui le moins du monde. Il avait à peine lu les réponses et les citations.

Le dimanche soir s'était ouvert sur un reste de vêtements étendus dans son salon, et son corps inerte étalé sur son lit. Depuis qu'il avait regagné sa voiture, Maxime s'accompagnait d'un album qu'il n'avait encore jamais écouté, parce que ce n'était pas son style. Mais il avait tout aimé, du début à la fin, appréciant les rythmes nostalgiques et les paroles torturées de Dawn FM.

The Weeknd était l'artiste préféré de Sidjil. Il était allé le voir en concert, un de ses vinyles ornait une de ses étagères, et parmi ses paires de lunettes de soleil se détachait une monture qui ressemblait sensiblement à celle portée dans le clip de Blinding Lights. Maxime n'y avait jamais prêté plus grande attention jusqu'à ce qu'il reparte de chez lui.

Et maintenant il s'entourait de ce qu'il restait. De la musique qu'il écoutait, de son bracelet et sa bague posés sur son torse alors qu'il regardait le plafond, bloqué pour la troisième fois sur la même piste. Il réécoutait le même son alors que le dôme de nuages à sa fenêtre ombrait.

Ce n'était pas une simple obsession et il le savait bien. Des paroles abstraites donneraient toujours moins le dessin de la fin que tout ce que Sidjil lui avait dit la veille.

Et puis il devait bien trouver quelque chose pour étouffer le bruit de fond dans sa tête. C'était la pluie, ou bien le ronronnement de la nuit dans la rue, c'était toutes ces choses à l'apparence paisible qui annonçaient la torture d'un faux calme. Peut-être que ce n'était qu'une affaire de jours avant qu'il n'arrête de fixer pensivement sa conversation Whatsapp avec Sidjil, peut-être qu'il pouvait tout remettre sur le dos de son pessimisme avare et exacerbé.

Les choses avaient pris une tournure fade, et certaines choses n'avaient pas changé. Maxime avait beau se sentir vide, le stress des lundis lui coupait toujours l'appétit. Pendant que Ben et Elian passaient en revue les deux trois costumes qu'ils auront à enfiler pour leurs happenings, Maxime mâchait une madeleine en arborant une mine presque dégoûtée. Si Grim traînait par là, il lui aurait lui-même bouché le gosier avec tout ce qu'il trouvait à manger.

Ses amis étaient un vrai support émotionnel et il avait souvent tendance à l'oublier. À peine avait-il rejoint le plateau qu'Elian l'avait pris par les épaules pour lui demander pourquoi il n'avait pas été disponible de tout le week-end. Ses yeux clairs reflétaient une marque prononcée d'inquiétude, peut-être aussi aiguisée par la rancoeur de ne pas avoir de nouvelles. Et Maxime avait dû feindre un sourire radieux, déguiser un mensonge, rassurer la personne qui le connaissait le mieux.

– J'ai arrêté de voir mon plan cul.

Elian avait haussé les épaules, un sourire aux lèvres. Le gobelet de café dans sa main semblait accentuer sa posture, il avait la prestance d'un homme heureux et Maxime avait l'impression de passer à côté de quelque chose. Le poids des mensonges l'éloignait d'Elian, toutes ses tendances à virer à l'auto-sabotage l'éloignaient de son meilleur ami.

– J'étais sûr que ça durerait pas longtemps. T'as compris maintenant que c'est pas fait pour toi ?

– C'est pas que c'est pas fait pour moi-

maxi string [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant