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En attendant l'anniversaire de Squeezie, Maxime avait passé quelques après-midis et débuts de soirée avec Elian, parfois aussi avec Ben, et une fois avec Grim, venu à l'improviste parce qu'il n'avait pas à payer pour les quatre pizzas qui jonchaient la table basse.

Il avait tout fait pour étouffer ses pensées, pour revenir à l'instant présent et s'imbiber de présences qui s'étaient effacées. Ses amis s'étaient davantage inquiétés pour lui qu'ils n'avaient partagé d'éclats de rire et c'était une chose qui éveillait en Maxime une vive culpabilité. Les voir tous aussi solaires là où rien n'avait la prétention d'être spécial, lui offrait la réalisation simple qu'il avait trop de chance de les avoir pour autant négliger leur amitié.

Néanmoins Elian avait faussé sa peine lorsqu'il s'était affalé sur le canapé au milieu d'une discussion avec Grim, une lueur niaise dans sa prunelle pour dire que "c'est peut-être la dernière saison de Zen mais c'est pas la dernière saison de notre amitié".

Grim comme Ben avaient explosé de rire mais Maxime s'était contenté d'un sourire.

En vrai, ils se voyaient tellement pour préparer leur émission qu'ils auraient pu ne plus se supporter, et tout le remue-ménage autour d'eux aurait pu leur causer du tort de nombreuses fois. Ce n'était pas pour leurs problèmes personnels qu'ils fragiliseraient le cordon.

Au contraire, c'est important d'être là quand ça va pas.

Et Maxime avait été plutôt heureux de voir que tout allait très bien pour chacun.

Si seulement il ne pouvait retenir que ça, et pas se coucher difficilement chaque soir en appréhendant la fin de la semaine, et ses amis qui n'avaient pas le même titre qu'Elian, Ben et Grim, et le monde en général qui le rendait plus anxieux ces derniers temps, et surtout le regard aiguisé de Sidjil sur lequel il essayait tant bien que mal de ne pas trop s'attarder.

Parce que ces soirées tamisées devant la télévision et les éloges de Grim sur le Cameroun à la CAN pouvaient dissiper le trouble pendant quelques heures, tout bas Maxime n'oubliait pas la cabine d'essayage.

Il contemplait l'évolution catastrophée de sa relation avec Sidjil sous chaque silence, chaque glissement de tissu et chaque cicatrice floue sur sa peau. La marque sur son cou était morte depuis longtemps maintenant, mais sa jumelle vivait encore à l'intérieur de sa cuisse, secrète et parfois un peu douloureuse. Il passait sa tête sous le col d'un de ses pulls et cette odeur de lessive qui n'était pas la sienne le chatouillait. Téméraire comme ce bracelet qui absorbait son stress, comme cette bague qui voguait de doigts en doigts, chaque jour écartée de son histoire.

Une histoire où Sidjil était son plus intime confident, où il n'avait pas à chercher la moindre fissure derrière un sourire.

C'était affreusement déprimant d'y penser.

Ils n'étaient pas parfaits avant d'arrêter, mais il n'imaginait pas qu'ils soient aussi... aussi loin l'un de l'autre à présent ? Maxime redoutait chaque œillade, chaque contact physique, parce que l'idée qu'ils ne soient à présent que des abris de fortune pour une relation qui s'émiettait revenait toujours et il n'y avait rien pour l'empêcher de faire son nid dans sa tête.

Et c'était même pas ça le pire. Le pire c'était qu'entouré de lessive et orné de bijoux, il se sentait plus réconforté qu'avec la présence de leur propriétaire. Il gardait l'idée d'un Sidjil conciliant et rejetait profondément celui qui avait refusé d'être entier avec lui il y a quelques jours.

Ce n'était pas qu'il préférait qu'il ferme sa gueule et passe la nuit avec lui, c'était qu'il l'accusait d'être con et au-delà de son ego, Maxime avait du mal à comprendre comment le vent avait pu tourner si vite. Ce mec qui lui avait ouvert les bras tant de fois, qui l'avait regardé avec les yeux les plus rassurants qu'il n'ait jamais vus, qui n'avait jamais cessé de renforcer cette alchimie délirante entre eux, ce mec, à la fin du week-end, qui embrassait tous les contraires et le pointait du doigt.

maxi string [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant