maxi string [maxime&djilsi]

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Quelque chose que Maxime avait oublié en revenant chez lui : il portait encore le pull de Sidjil.

Une deuxième chose qu'il avait oubliée en ne trouvant rien à triturer sur son poignet : Sidjil avait encore son bracelet de perles bleues.

Maxime était attaché aux symboles, il attribuait aux objets les plus anodins des histoires qui comptaient beaucoup pour lui. Sûrement un peu trop parfois, il se moquait de lui-même, mais c'était drôle à ses yeux. Il courait après les trophées, les babioles, les souvenirs les plus matériels et les plus belles étiquettes, parce que c'était rassurant de concentrer son monde dans autre chose qu'une nuée trouble d'émotions.

S'il avait eu le temps, il serait probablement retourné le voir, juste pour récupérer son bracelet. Il lui aurait fait son sourire le plus navré avant de le lui demander, sans passer par la case où ils étaient tous les deux nus autour d'une nuée grise. Et il se demandait si Sidjil lui aurait rendu sans broncher, ou s'il serait d'abord passé par une plaisanterie offensante avant de faire comme il l'avait fait plus tôt : le lui jeter dessus.

Mais Maxime n'y était pas. Il n'était pas dans cette bulle isolée que Sidjil lui offrait quand ils étaient chez lui. Il était en route pour Webedia, sur ce même pas anxieux qui complétait sa silhouette chétive. Avec la même musique en bruit de fond, le même froid qui lui tailladait le bout du nez, et le pull de Sid. Il y avait une odeur de cigarette et celui plus lointain d'un parfum ambré.

Ce n'était sûrement pas très anodin de se laisser pour seul rayon de soleil le parfum d'un de ses potes. Mais le réconfort était trop envoûtant pour y penser, et même seulement pour laisser une minuscule place dans sa tête pour exister. Il reniflait dans la manche du pull de Sid et l'espèce de boule au ventre qui le tendait se retrouvait affaiblie.

Il essayait de s'attarder sur les bonnes choses. Ils ne se donnaient pas toujours rendez-vous à Webedia pour mettre sur la table de nouvelles idées pour la prochaine émission, ils avaient décidé la veille de se réunir pour débriefer. Maxime y tenait, plus qu'habituellement. Sûrement parce qu'il voulait gommer les imperfections, et un peu parce qu'il voulait revoir Elian, Grim et Ben.

Il s'attendait à leurs mines à peine émergées et bavardes, aux bouteilles d'eau encore scellées sur la grande table de réunion, aux piques habituelles sur son retard, mais Maxime se dépêcha d'arriver à bon port et il les trouva bien réunis dans la salle.

Cependant, il n'y avait pas de bouteilles d'eau, juste des gobelets de café à moitié entamés. Pas de mines émergées et encore moins bavardes. Que ce soit Elian, avachi sur une chaise les bras croisés, Ben, assis sur la table près de lui, ou Grim, qui dès son arrivée lui adressa un regard troublé.

Maxime était déjà nerveux en arrivant, mais en relevant toutes ces choses qui n'avaient rien qui ne ressemblait à la routine, ça ne fit qu'empirer.

Il ne pensa même pas à aller tchecker tout le monde d'une poignée de main complice. Il posa ses fines mains sur la table, avec une brutalité qui défiait tant le silence dans la pièce qu'il vit Ben sursauter.

– Ça va pas ? il commença d'une voix incertaine. Y a un truc qui va pas ?

Maxime était du genre un peu dramatique, un peu pessimiste et un peu anxieux. Il craignait les moindres revers, aussi bénins soient-ils.

Le regard de ses trois collègues jonglait entre eux, dans une lueur qui ne le rassurait pas du tout. Ses phalanges sur la table commençaient à pâlir avec le poids qu'il mettait à s'appuyer dessus.

On dirait qu'ils cherchaient silencieusement à sacrifier l'un d'entre eux pour lui annoncer quelque chose. Maxime les observa sans un bruit, lui-même entraîné dans la tension puissante qui les englobait.