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Lever les yeux, se fixer dans la glace. Sentir l'eau couler jusqu'aux extrémités de son sous-pull noir, glaciale et limpide. Maxime entendait le silence se faufiler entre les basses d'une musique lointaine. C'était Britney Spears sous les cris harmonieux d'une foule bercée par sa musique.

La personne qu'il était il y a bientôt un mois aurait fait partie de ces gens-là, de ceux qui trainaient leurs octaves trop haut ou trop bas en pensant bien chanter, tant que l'amusement y était. La personne qu'il était il y a bientôt un mois aurait été ravie de sa tenue. La personne qu'il était il y a bientôt un mois aurait été flattée d'être adoubé par les lèvres d'une meuf qu'il venait de rencontrer.

Mais l'homme qu'il était ce soir fixait cette trace de rouge à lèvres sur le haut de sa joue, elle qui s'imposait au milieu de sa figure monochrome, de ces tissus blancs et noirs, de sa peau que le froid rendait pâle. Maxime passa un index humide sur elle, voyant s'il pouvait peut-être la chasser de sa figure, mais elle se jouait de sa volonté. Il n'avait pas eu le choix quand Sixtine avait posé ses mains en soie sur son visage, il n'aurait certainement pas le choix de la garder toute la soirée.

C'est dommage. C'est vrai que sous un certain angle, sous une certaine lumière, le néon blanc des toilettes le rendait presque mignon. Le hasard avec lequel il avait arrangé ses cheveux en sortant de la douche jouait en sa faveur, et puis s'il faisait juste l'effort de sourire, il pouvait se convaincre.

L'agacement cependant, il avait la même teinte que cette trace de rouge à lèvres. La voix de Sidjil avait balayé d'un revers de main celle dans sa tête, prenant son trône sans triomphe. Parce que ce n'était qu'une formalité si sa voix inondait ses pensées. Son timbre de voix trop placide lui murmurait des chemins sinueux. Son petit jeu, ses petits sourires, ses petits compliments, sa grande main sur sa taille, il pouvait aller se faire foutre avec ses manières.

Voilà une semaine bientôt. Une semaine depuis qu'ils avaient partagé une cigarette, une semaine depuis qu'ils avaient arrêté de coucher ensemble. Qu'est-ce que Sidjil pouvait en penser ? Ils devaient aller mieux, l'un comme l'autre chacun de leurs côtés, mais si leur relation s'effritait ce n'était pas possible.

Maxime laissa ses mains sécher sans passer par la machine bruyante accrochée au mur. Il laissa les gouttes céder à la gravité, les regardant éclater sur le sol comme si le bouillonnement dans sa tête allait s'atténuer.

Malgré ses paumes humides, il trouva quand même son téléphone dans une des poches de son pantalon. Pas de nouvelles de Grim.

Maxime|
T où

Quatre minutes étaient passées depuis ce message. Quatre minutes suffisantes à laisser traîner un énième faux espoir, celui que Grim le préserverait d'une mauvaise aventure.

Désormais Maxime ne voulait plus vraiment sortir de là. L'endroit avait tout d'impersonnel, voire d'inconfortable, et au bout d'un certain temps sa bulle de solitude éclaterait, parce que n'importe qui pourrait venir pour pisser, ou se laver les mains. Dans cette soirée, il semblait qu'aucun recoin ne pouvait le sauver de ses dernières rencontres. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas Matthéo et Sixtine, c'était qu'ils avaient ce truc indéfinissable qui arrivait à le rendre mal à l'aise.

C'était moins compliqué avant que Sidjil n'arrive. Parce qu'au-delà de son arrivée tonitruante, il les avait surtout entraînés aux horizons les plus lointains de leur propre jeu, comme s'il connaissait le chemin par coeur et qu'il en connaissait les retombées. Maxime n'était pas bloqué aux aurores de leur relation pour comprendre tout son cheminement sournois, Sidjil avait un tas d'intentions qu'il semait derrière lui et que Maxime ramassait sans déchiffrer.

maxi string [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant