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Il faisait toujours aussi froid dehors. Et Maxime était toujours aussi frigorifié.

Mais à la fenêtre de chez Sidjil, le vent avait une clarté qui chassait toutes ses pensées récalcitrantes. Il observait la rue et les mondes cachés derrière deux rideaux dans les immeubles d'en face, les avant-bras alignés contre la rambarde et son épaule presque sur celle de son hôte. Les dernières cases du réveillon étaient dorées comme la lumière ambiante des pièces qu'ils scrutaient, où les gens se rassemblaient pour leurs dernières heures en 2023.

Maxime était tenté de commenter sur un ton amusé qu'ils passaient une meilleure soirée qu'eux. Parce que c'était vrai, parce que même sans avoir consulté Sidjil, le calme insistant entre eux trahissait ses persuasions. Depuis qu'il avait passé le pas de sa porte, ils alternaient entre cafés au lait, réseaux sociaux, messages et clopes pour Sidjil. Maxime avait connu de meilleurs réveillons.

La présence de son ami, et son hospitalité, et son regard bienveillant, n'étaient qu'un remontant moindre. S'il avait pu trouver un peu de répit dans ses interminables contemplations, la frustration était toujours là. Il en venait à se demander pourquoi il se retrouvait ici comme un parfait inconnu, alors qu'il aurait pu recevoir une invitation pour au moins une dizaine de soirées. Il abordait les fins d'année avec trop d'attentes, et un soupçon d'arrogance qu'il ne supportait pas de s'entendre penser.

Il jetait un œil à Sidjil et il se retrouvait face à son parfait opposé. Il lui avait expliqué grossièrement que Manas était resté chez sa famille dans le Sud et que les seuls trains qu'il restait pour Toulouse étaient complets. La situation était prévisible bien qu'embêtante, mais Maxime n'avait décelé aucune véritable agressivité dans ses yeux. Il avait accepté son sort et celui de son année d'un haussement d'épaules et d'un sourire, juste avant de lui tendre une tasse de café au lait.

Depuis une fenêtre, ils entendirent l'écho d'une voix les mettre à jour sur le temps qu'il restait à attendre ici comme deux idiots.

– Cinq minutes ? Maxime répéta, entre étonnement et lassitude.

– On a cinq minutes pour rattraper la soirée Max, Sid lui bouscula légèrement l'épaule pour capter son attention.

– Ok, il esquissa quelques gestes de la main, tourné vers son ami attentif. Je propose un truc.

– Vas-y, je te suis.

– Viens, on saute par la fenêtre.

– Hein ?

Sidjil fronça les sourcils alors que Maxime se décidait à aller jusqu'au bout de sa connerie.

– Mais genre par exemple, toi tu restes en haut et moi je descends, et tu sautes et après je te rattrape et tout.

– Et tu penses que tu pourrais me rattraper ?

– Je pense que tu me sous-estimes un peu, un éclat de rire dessina des rides marquées au coin de ses yeux bruns.

– Ok, bah vas-y on essaie alors.

Sidjil se retournait déjà pour aller dans la pièce à vivre et pendant une fraction de seconde, Maxime ne put cacher sa confusion. Ils fonctionnaient toujours à un certain moment par des propositions stupides qu'ils chassaient d'un rire incrédule, et puis parfois Sidjil le prenait à contrepied.

Il attrapa donc son poignet malgré le froid qui tentait de figer ses mouvements, le ramenant dans cet étroit morceau de balcon qu'ils partageaient dans l'intimité la plus confortable.

– Je rigole wesh.

– Mais fallait le dire aussi.

– Gros con, Maxime glissa dans un sourire en coin.

maxi string [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant