19

1K 60 39
                                    

– Merde, la machine...

La paisible somnolence de Maxime se dissipa au bout d'un seul murmure glissé près de son oreille. Il fronça les sourcils avant d'ouvrir légèrement les yeux, les poumons gonflés d'une profonde inspiration.

Il avait complètement oublié son linge.

– On s'en fout...

L'appel du sommeil avait éraflé la légèreté de sa voix. Même si elle se découpait dans le silence en un chuchotement paresseux, son esprit vaporeux et quasiment assoupi restait résonnant entre ses cordes vocales. Maxime ne voulait pas bouger d'un seul pouce. Ça voudrait dire qu'il devrait lever les deux plaids gris et blanc sur leurs silhouettes nues et enlacées, qu'il devrait abandonner la chaleur de Sidjil contre sa peau et se bercer d'autre chose que des battements de son cœur contre son oreille. Tout était trop agréable pour lui. Il ne bougerait pas même si Sidjil insistait.

Maxime ferma les yeux, arpentant à l'aveugle une de ses épaules du bout des doigts. Sa peau le berçait à travers les différentes ombres creusées par l'accent de ses os et de ses muscles. Il cueillait les frissons semés par ses propres doigts, effleurant les poils fins et les points de pulsation discrets près de son cou. Ses caresses plaisaient tant à son regard endormi qu'il le perpétua jusqu'à sentir sa main s'écraser, inerte, sur Sidjil.

En attendant, ses omoplates couvertes servaient d'appui aux poignets de Sid, qui ne partageait visiblement pas la même fatigue que lui. Avant que Maxime n'échoue pour de bon sa tête sur son torse, tout contre son sternum puis blotti un peu plus à sa droite, Sidjil pianotait sur son téléphone. Ses yeux lui accordaient une seconde d'affection et revenaient en une fraction changés sur l'écran allumé, denses par la concentration et livides par un soupçon de paresse. Il avait passé ses bras autour du dos de Maxime qui servait maintenant d'appui à son téléphone et ses conversations, imperturbable malgré la silhouette blottie contre lui.

Maxime ne trouva pas le sommeil avant quelques détours sur les chemins perdus de ses réflexions. Il roulait en parallèle à une autre chaussée, un peu plus accidentée, ponctuée par des panneaux qui portaient diverses de leurs paroles. Après le sexe, Sidjil fumait toujours une cigarette, perché à la fenêtre comme s'il devait se délester de toutes ses émotions. Après le sexe, Maxime se recroquevillait un peu, il le regardait fumer et engageait des discussions qui ne nécessitaient que très rarement un rapprochement physique. En général, après le sexe, ils se comportaient à peu près comme les amis qu'ils avaient toujours été avant le Nouvel An.

Mais le chemin qu'il prenait dans ses pensées n'avait pas le panneau de la route parallèle où Sidjil fumait et Maxime le regardait, c'était différent. S'il y avait des panneaux, ils étaient retournés.

Il écrasa un peu plus lourdement sa joue contre le pectoral de Sidjil, exaspéré par l'abstraction jamais réjouissante de ses pensées. S'ils finissaient juste une fois par vouloir renforcer leur intimité au lieu de la terrasser de pudeur, si Maxime voulait s'endormir sur Sidjil, n'était-ce pas juste le fruit de leurs retrouvailles et d'une réconciliation fébrile ?

Rien n'avait changé entre eux. Sidjil remettrait son bracelet bleu à son poignet, Maxime lui volerait encore une chose pour se rassurer de la solidité de leur lien, et il y aurait encore une soirée suspendue sur l'estrade de ses insomnies pour les unir.

Maxime ferma les yeux, sa main crispée autour du flanc de Sidjil.

Il recommençait à somnoler malgré quelques pensées persistantes. La nuit dernière avait encore été trop courte. Moins que celles d'avant, mais toujours insuffisante pour lui donner l'énergie et la bonne humeur de tenir toute une journée. À cet instant, cette sieste semblait être assez puissante pour taire ses démons et l'emmener si loin dans son inconscient que Maxime en oublierait même qu'il existait.

maxi string [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant