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Arrête. C'était tout ce qu'il lui avait dit.

Maxime avait l'impression que de toutes les fêlures qu'il lui avait dévoilées en l'espace de quelques semaines, ces excuses étaient les plus vulnérables. Et pourtant, Sidjil lui faisait clairement comprendre que ce n'était pas assez. Il ne se souvenait plus de la dernière fois qu'il avait dû formuler de tels mots, peut-être que ce n'était jamais arrivé.

Il lui avait dit d'arrêter, alors Maxime avait fermé la conversation, laissé son téléphone posé sur la table de son salon. Le lendemain, le soleil avait percé sa fenêtre d'un seul rayon de lumière, noyé dans une seule larme. Son café du matin avait eu un arrière-goût salé. Ainsi étaient ses nouvelles journées, où Sidjil vivait dans sa tête, décorait sa clairière de tous leurs souvenirs.

Ne pas y penser restait une trop grande épreuve. Il avait tant à dire et à regretter, mais autour de lui, le monde tournait comme au premier jour de cette histoire et les sourires de ses amis le poussèrent à tout enfouir. Il n'était pas tendre avec lui-même, étranglé de culpabilité au point de se désigner comme seul confident désormais.

De toute manière il y avait plein de choses à voir, plein de choses auxquelles penser. La plus belle œuvre de sa vie s'achevait dans quelques mois. Où était passé son perfectionnisme ? Dans les décombres de son refuge, où se cachait ce Maxime qui se prenait en tyran ?

Il tripota un stylo posé sur la table. Le café dans son gobelet avait refroidi, son effluve absorbée par le carton humide.

– À quoi tu penses ? Elian bouscula son genou sous la table.

– À la fin du prochain Zen.

– Frérot, tu sais qu'il y a ce lundi d'abord quand même... on a un épisode avant le prochain.

– Oui je sais merci. Mais pour une fois qu'on est en avance sur la préparation, j'essaie de visualiser le truc dans ma tête.

– C'est toujours bon avec Domingo ?

Maxime acquiesça. L'épisode avec Kyan l'avait tellement stressé qu'il avait réussi à verrouiller ses trois prochain invités. L'envie de bien faire pilotait toutes ses idées, il s'enfermait dans toutes les péripéties qui lui venaient et qu'on lui proposait. Si les trois prochains épisodes ne ressemblaient pas aux esquisses qu'ils imaginaient à cet instant, c'était qu'ils étaient définitivement nuls.

– Zen au far-west du coup ?

– Hmm.

– T'as l'air très très emballé par l'idée, Elian commenta en jouant avec son téléphone.

Maxime leva les yeux, un sourcil arqué.

– Y a deux semaines t'étais pas déjà en train de penser à la campagne présidentielle de Grim.

Il y a deux semaines, Maxime s'endormait sur le canapé de Sidjil, et c'était la dernière fois que tout avait à peu près l'air d'aller bien.

– Ça deg' un peu la politique en ce moment.

– Oui bien sûr... y a pas Sidjil dans le sketch surtout.

En prêtant une attention plus méticuleuse au visage d'Elian, le sillon au coin de son rictus semblait montrer que ce qu'il venait de rétorquer était tout le point de cette conversation.

Maxime ne fit rien d'autre que le dévisager. Peut-être qu'il se serait offusqué dans un autre monde, mais dans celui-ci, il avait désormais l'habitude de voir les autres avoir raison, et lui tort.

– Toujours rien ?

– Nan. Ça va faire une semaine.

– Et tu lui as dit pour Casseur Kid ?

maxi string [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant