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– Bon.. Max...

Elian peinait à suivre la cadence pressée des pas de Maxime dans la rue. Il ressemblait à une ombre avec sa capuche sur sa tête, dont le cordon était serré dans un noeud solide, juste pour cacher le suçon apparent sous son pouls, mais surtout la sensation persistante de honte. Elle le pourchassait sans s'essouffler, contrairement à son meilleur ami qui se retrouvait presque à trottiner pour le rattraper.

Maxime aimerait bien se détendre, calquer ses pas sur ceux d'Elian, qu'ils bavardent et rient comme ils ont toujours eu l'habitude de faire. Mais la douleur éparse dans son cou monopolisait ses pensées et sa posture. Il n'avait en tête que de la couvrir, la rendre invisible, dans sa capuche et sous une couche grasse de fond de teint.

Ce suçon régissait son stress extrapolé en angoisse, il fuyait chaque regard, chaque façade de boutique et chaque panneau d'avertissement. Il traversait au feu vert, il manquait de bousculer une vieille dame, il fuyait son étiquette d'influenceur.

Il était sûr : si sa respiration était aussi poussive, ce n'était pas l'allure erratique de sa marche.

– Max, tu vas trop vite frère !

Elian passa un bras autour de ses épaules une fois qu'il parvint à sa portée, que Maxime retira d'un mouvement habile.

– S'te plait Elian, me touche pas.

La jambe droite de son meilleur ami foulant le bitume sur le même temps que la sienne, les pas de Maxime se rendirent aux siens. Il eut enfin le courage de se tourner vers lui, bien qu'il n'assumait pas le teint blafard sur ses joues. Maxime n'avait pas croisé son propre reflet depuis qu'il avait quitté son appartement, mais il était certain que le froid sur sa peau témoignait de sa paleur inhabituelle.

– Désolé.

Elian affichait des traits soucieux, loin du ton railleur du début de matinée. Il ne semblait pas lui en vouloir pour son bras rejeté, pour ses pas frénétiques, pour son imprudence sur la rue. Juste inquiet, et Maxime ne sait pas s'il aurait préféré le voir énervé parce qu'il plongeait dans ses prunelles claires et il finissait par s'en vouloir.

Il ne voulait inquiéter personne, peu importe s'il devait se murer dans le silence.

Le Sephora était trop rempli à son goût pour un jeudi matin à dix heures et demie. Maxime s'arrêta enfin devant l'entrée, où rôdaient les imposants agents de sécurité qui se comptaient sur les doigts de la main.

– On a de la chance, y a pas grand monde, Elian se réjouit en frottant le bout de son menton barbu.

Le regard que Maxime adressa à Elian était scandalisé. Piégé dans son anxiété, en réalité il n'y avait même pas besoin de clients pour que cette boule au ventre prenne ses aises entre ses côtes. Les agents de sécurité, les caissières, même les miroirs sur les étalages de maquillage, la moindre oeillade lui rappelait la forme des dents de Sidjil sur son cou.

Elian resserra les cordons de son sweat, le geste transpirant un élan fraternel. Ses yeux grands ouverts lui posaient des centaines de questions, qu'il lui laissait sans le contraindre à la réponse.

Les rayons étaient bien vides, désertiques même si l'on ne comptait pas la quarantenaire qui collectionnait les échantillons de parfum dans un coin du magasin. Maxime rongeait toujours les peaux autour de ses ongles alors qu'il scrutait les rangées de crayons, de rouges à lèvres et d'eye-liners colorés. Les teintes et les marques, les textures, le maquillage était une farandole de souvenirs.

Le rouge pour une ex, le mascara bleu pour une autre...

Maxime s'arrêta devant la brosse d'un mascara à la tige bleue, curieux de revenir à une réminiscence qui lui paraissait si lointaine qu'il doutait l'avoir même vécue. C'était quand, la dernière fois qu'il était sorti avec une fille ?

maxi string [maxime&djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant