Chapitre 3 [C]

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→ Point de vue de Anna ←


J'étais assise sur la souche d'un vieux chêne coupé, sanglotant silencieusement. Cela faisait plus d'une heure que je m'étais réfugiée dans les bois, séchant les cours pour souffler un peu, prendre un peu de recul face à la situation désespérée qu'est ma vie. Je voulais rester seule.

Ça ne me dérangeait pas, je me sentais mieux entourée de ces colosses végétaux et j'avais l'impression que quelqu'un ou quelque chose veillait sur moi ici. L'âme de la forêt, disaient certains.

Un craquement de branche résonna, comme la dernière fois, mais il fut rapidement suivi d'autres. Je me redressai, tous les sens en alerte, cherchant des yeux la provenance de ces pas, qui semblaient se rapprocher.

-Qu-qu...qui est là ? Balbutiai-je maladroitement, sentant la peur bloquer mes cordes vocales.

La personne ou la...chose s'arrêta, puis avança plus lentement jusqu'à devenir dangereusement proche de moi.

Mes jambes reculèrent d'elles même, habitées par une terreur brute, sauvage et mon dos se heurta as un solide tronc d'arbre. J'étais prise au piège! Pensai-je avec affolement.

Les pas s'arrêtèrent de nouveau comme pour me faire languir, histoire de me faire mariner dans mon appréhension qui grandissait de seconde en seconde.

C'est là que je les vis, ces yeux bruns me fixant intensément. Les mêmes yeux qu'hier.

Un flash me revint soudain :

Une forêt. Des cris. Des tonneaux dans une voiture. Du sang, beaucoup de sang et surtout... des prunelles caramel braquées sur moi.

Une panique viscérale me tordit le ventre, ma respiration devint erratique et mon rythme cardiaque s'accéléra alors que mes jambes ne répondaient plus. J'allais mourir, plus seule que jamais, dans cet endroit que j'avais toujours considéré comme un refuge.

Une patte d'une blancheur immaculée sortit de l'ombre, suivie d'une autre, de sa tête et de son corps.

Un hoquet de stupeur m'échappa en découvrant un grand loup, entièrement blanc, en train de m'observer calmement.

Une centaine de scénarios fusèrent dans mon esprit tandis que je m'attardais sur sa gueule fermée, mais néanmoins musclée, qui laissait entrevoir ses longues canines pointues. Mon corps se figea alors que le canidé semblait me dévisager avec intérêt, sans ciller.

Nous restâmes de longues minutes comme cela, ses yeux si singuliers plantés dans les miens, comme pour lire dans les tréfonds de mon âme les secrets inaccessibles enchainés à mon passé. Je n'osais pas respirer trop fort de peur de troubler cet instant de calme et que ce loup se décide finalement à attaquer. Sentant les larmes me piquer les yeux, je fermai les yeux, priant pour que ça se finisse, et quand je les rouvris, le bois était désert. Je reniflai et essuyai mes larmes d'un revers de la main, puis me pinçai afin de voir si je ne l'avais pas imaginé. La douleur aigüe que je ressentis me prouva que je ne rêvais pas, et les traces de pattes imprimées dans le sol vinrent appuyer cette certitude.

***

Je n'oublierais jamais le regard plein de mystère de ce loup qui me semblait étrangement si familier... mais totalement inconnu à la fois, c'est troublant.

Les recherches que j'ai faites sur internet ont été infructueuses, aucun article ne parle d'un éventuel loup blanc dans les alentours. Pourtant, j'ai la forte impression qu'il a une implication capitale dans mon passé...

Mon regard se posa sur le cadre trônant sur mon bureau, je le saisis et contemplai la photo.

C'était eux, mes parents. Un homme blond aux yeux bleus enlaçait tendrement une jeune femme brune aux yeux verts. Je n'ai aucun souvenir d'eux... juste le visage mort de ma mère me regardant avec un éclat apeuré se reflétant au fond de ses orbes éteints. Je ne me souviens pas de leurs vivants, c'était très frustrant...

J'en avais souvent pleuré, cherchant des réminiscences dans mon esprit embrumé, mais en vain. Le vide total, le néant.

Je reposai le cadre photo, et séchai quelques larmes traitres et me levai. Je partis enfiler mon pyjama et allai me coucher, essayant de penser à autre chose.


Hunted. [Réécriture en suspend]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant