Chapitre 21 « I'll be so fucking rude »

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NDA :
Ce chapitre est particulièrement douloureux à écrire pour moi. Les événements qui y sont écrits sont basés sur mon expérience personnelle, concernant la perte d'un être cher il y a plus de cinq ans maintenant... j'aime croire que l'écriture de ce chapitre est l'étape qui me permet de laisser partir cette personne pour de bon, qui me permet de clore mon deuil, qui me permet de trouver la paix, d'enfouir les mois difficiles de cette période au fond de moi, tout en gardant une trace de cette personne dans mon cœur. Son nom est gravé sur mon cœur, et ne tardera pas à être gravé sur ma peau.

Ceci est un dernier hommage.

Merci pour tout mémé, je t'aime à l'infini ❤️🕊️

Merci pour tout mémé, je t'aime à l'infini ❤️🕊️

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Quand je passe la porte de chez moi, des hurlements parviennent à mes oreilles

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Quand je passe la porte de chez moi, des hurlements parviennent à mes oreilles.

J'étais pourtant content de rentrer voir mon frère... je voulais seulement m'amuser avec lui.

Je reste planté quelques secondes dans l'entrée, puis mes pas me guident vers sa chambre. Je traverse la cuisine, puis la salle à manger, et j'arrive enfin à la chambre qu'on lui a emménagée au rez-de-chaussée il y a quelques semaines car il ne peut plus monter les escaliers.

-J'ai mal. Hurle-t-il a plein poumons.

Je ne réagis pas... je suis sous le choc je pense.

Ma mère est incapable de contrôler ses pleurs, et mon père est sur les nerfs, mais ils tentent le plus possible de garder la tête haute pour le soutenir.

-J'ai mal Maman, je veux mourir. Je vous en supplie, laissez moi mourir, je veux plus... j'en peux plus.

Il dit ça en hurlant, en se tortillant, tandis que je suis bloqué sur le pas de la porte de sa chambre, figé, incapable de détourner le regard de mon père.

Quand un autre hurlement plus fort encore s'arrache de sa gorge, ma mère me regarde dans les yeux et m'ordonne d'aller chez les voisins.
Je refuse, mais mon père ne me laisse pas le choix, il m'attrape par le col de ma chemise, et me tire jusque l'extérieur de la maison, avant de fermer la porte à clé.

Je ne sais pas si les larmes coulent... je ne m'en souvient pas à vrai dire. Je... j'ai longtemps refoulé ce souvenir... comme ceux qui suivent. Et je regrette tellement de les avoir maintenant... parce que je ne peux pas retirer ses cris d'agonie et de douleur de mon crâne. Je les entends encore, j'entends encore ma mère supplier mon frère d'arrêter de dire qu'il veut mourir, j'entend encore mon père m'ordonner d'aller chez mes voisin, alors qu'il les détestait... et je ne me pardonnerai jamais d'avoir compris que ce jour là, c'était le début de la fin pour lui, et de n'avoir rien fait pour l'accompagner dans sa douleur.

Je ne me souviens pas non plus de ce que j'ai fais de ma journée, ni de ce que j'ai dit à mes voisins... mais j'en conclus qu'ils ont été compréhensifs, parce que j'ai passé la journée chez eux.
Le soir même, ou le lendemain, ou beaucoup plus tard, je ne sais plus, je suis allé à l'église avec mon père. Je crois avoir déposé un cierge pour mon frère, puis il m'a expliqué qu'il avait été placé dans un centre de soins palliatifs... là encore je ne comprenais pas que c'était la fin pour lui. Et pourtant, au fond de moi, je le savais. Parce que sur le retour de l'église j'ai pleuré. Pas assez pour que mon père le remarque... ou alors il m'a juste ignoré.
Deux jours plus tard, nous sommes allés le voir avec ma maman et mon père, dans ce centre. Il n'était plus lui... il n'était plus là. Son visage n'avait plus cet éclat habituel, celui qui m'énervait tant. Il était vivant, mais plus en possession de son corps.
Ses yeux se sont posés sur nous, et il s'est mis à tousser comme s'il s'étouffait.

-Noah, va lui chercher un verre d'eau.

Je reste planté là quelques secondes jusqu'à ce que mon père me donne une tape dans la nuque, alors je m'exécute, ressentant l'envie de mon frère de mourir.
Je sais que ce n'étais pas un caprice le jour précédant, je sais qu'il a vraiment besoin d'arrêter de souffrir.
C'est viscéral comment je ressens son besoin d'en finir dans mon être.

Alors j'ai pris les médicaments qu'il prend contre la douleur, le Fentanyl, je sais que c'est dangereux pour son cœur... et justement ça l'est. Alors j'écrase deux cachetons, en tapant avec mon poing, mes parents trop concentrés à son chevet pour l'entendre... Puis je verse la poudre dans le verre d'eau que je donne à ma mère. Je dois le faire pour lui, je dois être fort pour lui...

J'ai retenu une seule chose, qui m'a marqué... l'éclat dans ses yeux quand mon père m'a pris dans ses bras... la seule fois. Et c'était la dernière fois que je le voyais.

Le lendemain matin, alors que je sortais de la salle de bain après ma douche, ma cousine chez qui je créchait est arrivée, elle m'a regardée et m'a dit « ton père et ta mère arrivent ». C'était l'anniversaire de ma cousine ce jour là, enfin, on le fêtait. Mais la tristesse se lisait dans son regard et j'ai compris... j'ai compris que je ne reverrais jamais mon frère. Qu'il était parti. Elle m'a pris dans ses bras.

Et j'ai repensé aux derniers moments passés ensembles. Je n'avais jamais été aussi proche de lui que les derniers mois avant son départ. J'allais le voir le plus souvent possible à l'hôpital, et quand il est rentré, j'essayais d'ignorer le fait que c'est parce que c'était déjà fini. Je restai à son chevet, à lui prendre la main, a la lui caresser, et ça me faisait autant de bien qu'à lui. Je lui parlais, je lui racontait des histoires.

Ma cousine a fêté son anniversaire, mais a refusé de souffler ses bougies. Je ne suis pas allé à son enterrement... j'ai traîné dans une église, allumé un cierge, puis je suis allé me bourrer la gueule dans un bar. La suite, je ne m'en souviens plus. J'étais bourré à longueur de journées, jusqu'à ce que je rencontre Maël, qui m'a poussé à reprendre le basket.

Je l'ai tué.

My star in the sky - Tome 1 : From the StarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant