Chapitre 18 - J-1

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Je ne pus dire combien de temps il s'était écoulé entre le moment où les pompiers m'avaient ramassé de ma chute, et le moment où je m'étais retrouvé dans leur camion. Mon esprit était embué, mon regard était vague, mes mains étaient moites. J'entendais des voix me parler, sûrement pour me demander si je me sentais bien ou si j'avais mal quelque part. Les mots ne sortaient pas de ma bouche, alors que je n'avais qu'une envie : crier. Archie ne pouvait pas être mort, c'était impossible. Mais, le sac, les lunettes... Tout cela lui appartenait bien. Que s'était-il passé ? Avait-il réellement décidé de mettre fin à ses jours ? Que faisait-il sur le toit, à cette heure de la matinée ? Quelqu'un l'avait-il appelé ? Ou... l'avait-on poussé ? Pourquoi tous les gens dont je croisais le chemin finissait par mourir ? Buée, sueur, second évanouissement.

Je me réveillais dans un lit qui n'était pas le mien, les bruits d'un appareil médical m'ayant tiré d'un profond sommeil. Je regardais autour de moi, reprenant peu à peu mes esprits. Je me trouvais dans un lit d'hôpital, un moniteur cardiaque se trouvait sur ma droite, et une télécommande d'appel pour une infirmière sur ma gauche. Il n'y avait personne, je ne savais pas quelle heure il était, et tout ce dont je me rappelait était la sirène des pompiers qui chantait à tue-tête avant que je ne sombre. Je m'assis sur le lit, cherchant du regard mes affaires pour trouver mon téléphone. Rien. Alors je pris la télécommande et appuya sur un bouton, en espérant que quelqu'un arrive vite. L'attente fut de courte durée quand la porte s'ouvrit, et ce qui ressemblait plus à un médecin qu'à une infirmière fit son apparition.

"Bonjour, Joshua. Je suis le docteur Dean Smith. Tu es arrivé à l'hôpital il y a quelques heures suite à deux évanouissements. On ne pouvait pas te laisser repartir sans faire un bilan. Comment te sens-tu ?
— Euh, ça va, je crois... 
— Bien, je suis heureux de l'entendre. Je vais appeler une infirmière, Donna, afin qu'elle te fasse une prise de sang. Les résultats ne devraient pas mettre longtemps à arriver, ne t'en fais pas. Si tout va bien, nous pourrons appeler une personne de ta famille pour qu'elle vienne te chercher. D'accord ?
— O-oui, ok. Vous savez où son mes affaires ? J'aimerais prévenir mon père, qu'il ne s'inquiète pas trop.
— Ne t'en fais pas, nous allons le contacter. Tu pourras récupérer tes affaires dans quelques heures si tout va bien.
— Attendez ! Je... Quelle heure est-il ? 
— Il va bientôt être quinze heures. Allonge-toi, Donna va arriver."

Quinze heures ?! Non, putain, impossible ! Je devais retourner à Fernwood ! Si je ne donnais pas de nouvelles positives à Charlotte demain, elle allait appeler les flics ! 
L'idée d'arracher les câbles qui prenaient mon pouls et mon oxygène me traversa l'esprit, mais la porte de ma chambre s'ouvrit de nouveau sur une dame souriante d'un âge avancé.

"Bonjour mon garçon ! Quelle joie de te voir réveillé ! Je m'appelle Donna ! "

Eh bien, il y en avait une ici qui avait la joie de vivre, apparemment. Elle devait vraiment être passionnée par son métier pour être aussi enjouée après toutes ces années.

"Bonjour Madame. Si ça peut vous rassurer, je me sens super bien, alors... peut-être que je pourrai y aller ? 
— Pas si vite ! Je dois te prélever un peu de sang pour des analyses. Je comprends que tu sois pressé de rentrer chez toi, mais la santé avant tout ! Promis, ça ne sera pas long. Donna est la reine des aiguilles, tu ne sentiras rien !"

Elle me faisait presque peur, avec son engouement. Elle s'approcha de moi, releva la manche qui recouvrait mon bras, et appliqua un antiseptique là où elle allait piquer. Je l'observais attentivement. Non pas que j'avais peur des aiguilles, mais elle m'intriguait. Le temps semblait avoir fait son effet sur elle. Du haut de son mètre soixante, son dos commençait à se voûter et la noirceur de ses cernes contrastait avec le blanc de son dentier. Ses cheveux, qui dans une autre époque devaient être bruns, étaient désormais semblables à de la neige. Je n'aurais su dire quel âge elle pouvait avoir.

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