Chapitre 23 - Tony-les-gros-bras

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Mes sens étaient éparpillés, mon esprit divaguait. Venait-elle vraiment de m'embrasser ? Ses lèvres étaient d'une douceur comparable à du miel, mais chaud. Et autant vous dire qu'il n'y avait pas que son baiser qui l'était.

"Tu... Qu'est-ce que...
— Redescends Josh, c'était qu'un bisou. Genre pour te dire merci.
— T'embrasses tous les gens qui t'aident ?
— Nan, que ceux qui en valent la peine."

Je ne savais pas trop quoi faire de sa réponse. Combien de personnes avait-elle bien pu remercier de la sorte ? Je préférais ne pas me poser la question. Pour le moment, je devais me concentrer sur ce qui était important, c'est-à-dire Charlotte.

"T'as dit quoi à Tony-les-gros-bras ?
— C'est quoi ce surnom à la con ? Qu'il fasse peur à Charlotte, c'est tout.
— Peur comment ?
— Juste assez pour qu'elle te foute la paix. C'est pas ce que tu veux ?
— Si si, mais...
— J'essaie juste de te sortir de la merde dans laquelle t'es jusqu'au cou. Si tu veux pas de mon aide, t'as qu'à aller chez elle et lui dire ce que t'as vu. Et finir chez les flics.
— T'énerves pas, ça sert à rien. Je veux juste pas me retrouver encore plus dans la merde que j'y suis déjà, justement.
— T'en fais pas pour ça. Et fais-moi confiance, pour une fois."

Lui faire confiance... Après ce qu'elle venait de me faire, j'aurais fait bien plus que lui accorder ma confiance. L'heure tournait, et je n'allais pas pouvoir rester dans les parages indéfiniment. La vibration soudaine de mon téléphone résonnait en moi comme un signal.

De : Papa
Ça va mon grand ? Tu ne m'as pas trop donné de nouvelles hier, j'espère que tout va bien. Je suis dans le coin, si vous êtes réveillés je peux passer avec le petit-déjeuner.

Passer chez Jim ?! Merde ! S'il croisait ses parents, j'étais foutu. Réfléchis Josh, réfléchis...

À : Papa
Salut P'pa, ouais désolé j'ai beaucoup discuté avec Jim. Je suis plus là-bas mais je voulais ramener le petit déj' aussi. T'as déjà pris des trucs ?

Soit ça passait, soit il était déjà en route. Il fallait que j'y aille, au moins pour montrer à mon père que tout allait bien. Il devait bien y avoir une boulangerie dans le coin. J'allais prendre mon sac à dos quand Emma m'interrompit, à moitié assise sur son lit.

"Tu vas où ?
— Mon père sait pas que je suis là, je te rappelle. Je lui ai dit que j'étais chez un pote, faut que je rentre.
— Ça doit être bien d'avoir quelqu'un qui s'inquiète pour toi.
— Toi aussi, t'as des gens qui s'inquiètent. Regarde Tony.
— Ouais, sûrement.
— Je repasse te voir dans la journée si t'es d'accord.
— Comme tu veux."

Je me penchais vers elle pour l'embrasser, mais elle me repoussa. Elle avait tourné sa tête à l'opposé de la mienne, fixant la fenêtre d'un regard vide. "Tu veux pas que je revienne ?", lui avais-je dit. Pas de réponse. Tony se tenait dans l'encadrement de la porte, presque trop petit pour lui. "Laisse-la, niño, elle a besoin de repos." Avais-je fais quelque chose de mal ? Que cela pouvait-il être compliqué, une fille. Je me promis de revenir avec des fleurs, ou des chocolats. Elles aimaient ça, non ?

Je n'avais aucune idée d'où j'étais. Je ne connaissais pas ce coin de la ville, et encore moins les ruelles sombres qui m'entouraient. Je ne devais pas être loin du centre, mais les noms des rues sur les quelques panneaux que je pouvais voir ne m'aidaient pas vraiment. Nous avions fait la route de nuit, j'étais fatigué, et à aucun moment je ne m'étais demandé si nous tournions à droite ou à gauche, ou si nous allions tout droit. Je n'avais même pas pris un repère visuel, comme un arbre gigantesque ou une maison biscornue. Je me mis en marche vers ce qui semblait être la route principale, espérant tomber sur un arrêt de bus ou sur quelqu'un qui pourrait m'indiquer mon chemin.

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