Chapitre 8 - Apprentissage extérieur

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Le cours commençait, et les tests aussi. Enfin, si on pouvait appeler ça des tests. D'ailleurs, je ne savais même pas ce que nous allions faire avec ces mannequins, ni même dans ce cabanon prêt à s'effondrer. Je ne savais pas non plus où Wolf voulait en venir, mais cela ne présageait rien de bon. Nos groupes formés, nous attendions tous les directives à suivre. Wolf prit enfin la parole, avec une voix presque rocailleuse.

"Bien. Maintenant que tout le monde a trouvé son partenaire, je vais vous demander d'aller dans la petite cabane située à votre droite et d'y récupérer un sac. Il y en a un par groupe. Et pas la peine de fouiller, ils contiennent tous la même chose."

Les plus enjoués s'agglutinèrent devant la porte et les autres, comme moi, attendaient. Je me tournais vers mon binôme, Le Silencieux, dans l'espoir de nouer ne serait-ce qu'un contact avec lui.

"Salut, je suis Joshua. Je crois qu'on va passer la prochaine heure ensemble alors j'aimerais bien savoir ton prénom, au moins.
— ....
— Bon, écoute. J'ai pas plus envie que toi d'être ici, mais on a pas le choix. Moi non plus, j'ai pas d'amis. Enfin si, mais ils sont pas dans la même classe que moi cette année. Et y avait Lewis, mais t'as entendu comme tout le monde tout à l'heure, il a disparu et... Enfin bref. Je suis pas une menace pour toi alors, fais-moi un signe si t'es d'accord pour qu'on coopère ce matin."

Son pouce se leva vers le haut. C'était un bon début. Personne n'avait vu Le Silencieux avant, c'était un nouveau. Il était plutôt petit, les cheveux noirs et le regard vide. Son ventre semblait comprimé dans un jean certainement trop petit pour lui. Il n'était jamais interrogé pendant les cours et ne répondait qu'à l'écrit, quand on lui demandait. J'avais entendu dire qu'il était muet, qu'on lui avait coupé la langue quand il était petit ou encore qu'il avait les dents tellement pourries qu'il n'osait pas parler de peur qu'on les voit. Peut importait la raison de son mutisme, j'étais sûr d'une chose ; il n'était pas méchant, et il devait se sentir mal d'être mis à l'écart sans raison valable. Je pris donc la décision d'aller chercher un sac, lui évitant des regards moqueurs.

En entrant dans la cabane, je remarquais qu'il n'y avait aucune lumière, sauf celle provenant de la petite lucarne près de la porte. À l'intérieur, il y avait une petite table sur laquelle reposait un vieux livre à la couverture effacée, et une bougie presque totalement consumée. Il restait quelques sacs gris posés à côté d'une étagère vide. J'en pris un et à ma grande surprise, il était plutôt léger. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait des parpaings dedans, mais quand même. Je retournais dehors, près du Silencieux. Lorsque tout le monde avait enfin pris possession d'un sac, Wolf nous demanda de l'ouvrir.

"Vous trouverez dedans tout le nécessaire à la survie, ainsi qu'un guide qu'il vous faudra remplir au fur et à mesure de l'avancée de ce cours. Pour le moment, nous allons apprendre les bases du combat grâce à ces mannequins d'entraînement, sur votre gauche. Comme vous l'avez déjà certainement remarqué, il y a un bâton à leurs pieds. Je demanderais à celui de chaque binôme qui se sent le plus fort de le prendre. Mais ne vous battez pas."

Vous savez ce que c'est, des ados ? Et surtout, des garçons adolescents ? Un concentré de testostérone qui ne demande qu'à exploser. Je vis devant moi un ballet prendre forme. Tous voulaient être les plus forts, pour leur ego plus que pour impressionner la gente féminine vous pouvez me croire. Puis je vis Wolf sortir un carnet de la poche arrière de son pantalon, ainsi qu'un crayon. Son regard passait d'élève en élève, et il écrivait quelque chose à chaque fois. Avant que son regard ne se porte sur nous, je pris le bâton et donna le sac au Silencieux. S'il visait ceux ayant le bâton en main, alors mieux valait que ce soit moi. Quand tout le monde semblait enfin s'être décidé, et que Wolf avait rangé son carnet, il demanda à ceux qui avaient les mains vides de se positionner face à un mannequin, et de frapper. Du plus fort qu'ils le pouvaient. Des regards rieurs s'échangèrent, et des poings fermés se levèrent.

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