Chapitre 1 - Le grand jour

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"JOSH !"

Ça, c'est la voix de mon père, Carl. Qui crie, comme à son habitude. Il est à peine sept heures du matin, je viens tout juste d'ouvrir les yeux, et le voilà criant mon prénom du bas des escaliers.
Mon réveil a sonné il y a une dizaines de minutes, ou plus. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais fermé la porte de ma chambre à clé et j'aurais dormi encore deux bonnes heures.
Problème numéro 1 : je n'ai pas de verrou à ma porte.
Problème numéro 2 : aujourd'hui, c'est la rentrée. Une journée importante pour les parents, et chiante pour les enfants. Enfin, pour moi en tout cas.

J'essaie tant bien que mal d'ouvrir les yeux, et la lumière grisâtre se reflétant sur les murs de ma chambre à travers les volets m'annonce que la journée ne sera pas très ensoleillée. Je me regarde dans le miroir de mon armoire. On peut dire que pour mon âge, je suis plutôt mignon ; je suis assez grand, avec des yeux verts qui tirent sur le jaune quand il fait beau. Des cheveux bruns légèrement bouclés, que Maya adore ébouriffer quand elle me voit. Maya... Mh, bon, Josh, va prendre ton petit-déjeuner. Et évite de tomber dans les escaliers en descendant, c'est la rentrée.

"JOSHUA GRIMM !
— J'arrive P'pa, pas la peine de crier...
— Josh, il est plus de sept heures, et on doit partir dans quarante-cinq minutes ! Je dois te conduire au lycée, et tu sais que j'ai une réunion des plus importantes ce matin ! Et...
— Et maman n'est plus là pour t'aider, je sais.
— Josh, je...
— T'en fais pas P'pa, j'ai pas faim de toute façon. Je remonte me préparer."

Je monte les escaliers quatre à quatre, histoire de montrer à mon père que je tente de me dépêcher. En arrivant dans la salle de bains, je me rends compte que quarante-cinq minutes, ça sera court pour être prêt ; il faut que je me douche, que je me brosse les dents, que je me coiffe, et surtout... que je m'habille. Je décide donc d'aller dans ma chambre et de trouver une tenue sympa. Peut-être même une qui pourrait plaire à Maya. Dans un premier temps, trouver un caleçon et des chaussettes propres me semble être une bonne idée. Non pas que je n'en ai pas, mais je ne peux pas dire que ma chambre soit très bien rangée. Vous savez ce que c'est, les ados. On a notre manière de s'y retrouver dans nos affaires, mais vous, les adultes, vous ne comprenez pas.

C'était tellement plus simple quand maman était là. Elle savait où allait chaque chose, et elle ne me gueulait pas dessus si j'avais le malheur de laisser traîner un tee-shirt sur le lave-linge au lieu de le mettre dedans. Quand j'y repense, j'aurais sûrement dû lui dire plus souvent à quel point je l'aimais, et la remercier pour tout ce qu'elle faisait pour nous. Tu me manques Mam.

En fouillant un peu, je trouve un tee-shirt blanc (sans tache, un exploit) par dessus lequel je mettrai une veste à carreaux bleus et rouges. Un jean délavé, des baskets blanches, je crois que je n'ai rien oublié. Vite, à la salle de bains.

Il ne m'a fallu que vingt minutes pour me préparer, un record. Je redescends les escaliers aussi vite que je les avais montés, fier de montrer à mon père à quel point je pouvais être matinal. Il ne m'avait pas entendu, son téléphone vissé à son oreille. Vous pouvez dire de nous, les ados, qu'on ne peut pas vivre sans, mais ça, c'est parce que vous n'avez pas vu mon père !

Carl Grimm, quarante-trois ans. Il travaille dans une grosse société d'assurance et est pressenti pour devenir le futur directeur.
Un homme grand, assez musclé, toujours impeccable. Des lunettes qui agrandissent ses yeux marrons, et une main qui remet constamment en place une mèche de ses cheveux poivre et sel. Je pense sincèrement que c'est un homme qui doit beaucoup plaire à la gente féminine. En tout cas, Madame Jarris, notre voisine, ne vous dira pas le contraire.

"P'pa, je suis prêt.
— Mh... Oui oui Josh, attends... Oui, il faudra certainement modifier le plan économique. Et appelez Linda Grant avant midi, c'est très important. Et s'il le faut, je prendrai rendez-vous avez elle dans l'après-midi. Qu'elle intègre l'équipe, ce serait formidable. C'est un très bon élément.
— P'pa ?...
— Oui quinze heures, c'est très bien. Je dois vous laisser Marc, je dois conduire Joshua au lycée. Exact, la rentrée. À tout à l'heure, et veillez à ce que tout soit prêt pour la réunion, je vous remercie."

Le SentierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant