Chapitre 7

66 21 45
                                    


   J'essaie tant bien que mal d'ignorer les coups de coude de Cass. Elle est au courant que Bernaud nous regarde ? Bientôt, on va devoir lui servir des explications en anglais sous peine de finir en colle avec elle pour une durée indéterminée. Plutôt mourir.

– Arrête, j'essaie de lui chuchoter sous menace imminente.

– Il te regardeeeee.

   Ma salive passe de travers. Elle est sérieuse ? Là, maintenant ? Elle veut que je reparte en crise d'angoisse ou quoi ? En plus, après le coup du téléphone hier, on peut pas dire que je sois libre de ne serait-ce que détourner le regard avec Bernaud. Pas que j'en aie envie, loin de là. Je déteste juste quand on me fixe, ça me donne la nausée. Si elle dit vrai, je lui lancerai avec plaisir ses fiches à la figure. Cependant, je tiens à ma vie.

   C'est peut-être pas de Thomas dont elle parle après tout. Peu importe, je dois me concentrer. Il n'a fallu que quelques secondes pour que le tableau soit déjà rempli, on se croirait en maths. Quoi que même les maths sont plus agréables que la matière, et la prof ça va s'en dire. Je décale légèrement ma chaise vers le mur. C'est la dernière heure, pitié Cass, tient toi un minimum.

   J'ai hâte d'en finir, Didi est censée m'appeler à la sortie des cours. J'espère qu'elle s'en est mieux sortie que moi aujourd'hui. Depuis l'atterrissage, je n'ai pas eu de nouvelles, ça devait sûrement être le temps que la connexion se stabilise ou un truc dans le genre. Ou alors le jetlag l'a tuée. Dylan m'a dit qu'il avait pas eu de messages non plus, donc c'est pas que moi.

   Dans tous les cas, j'ai pas osé insister. Si ça se trouve, elle veut juste répéter tranquillement. Je lui aurais raconté quoi de toute façon ? Ah oui, tes amis m'ont snobée toute la journée et j'ai mangé chez Cass, l'amie que je te cache depuis un an. Non merci.

   Elle doit déjà être au courant pour Thomas. Tout le monde n'a que lui à la bouche. C'est pour cette raison que je l'ai en partie épargnée. Jusque-là, on m'oubliait facilement. Alors, pourquoi j'ai l'impression qu'il n'y a pas qu'une paire d'yeux sur moi ? Bordel, Bernaud va pas me lâcher, je vais pas pouvoir la suivre dans ces conditions ! Pas sans avoir jeté un coup d'œil.

   Et voilà que Cassandre tire mon sweat maintenant. C'est plus fort que moi, je lui lance un regard de travers.

– C'est exactement comme ça que Noé te regarde, me balance-t-elle en faisant les gros yeux.

   On est mortes, Bernaud est déjà plantée devant nous, son sourire malsain aux lèvres. J'aurais pas dû dire que ça pouvait pas être pire, voilà.

– Puisque vous avez tant de choses plus intéressantes que mon cours à vous dire, je vous invite à rester une heure de plus en salle d'étude, nous assène-t-elle bien fort en appuyant sur chacun de ses mots.

   Au moins, c'est pas avec elle. Mais sérieux, déjà que commencer à huit heures et finir à dix-sept heures c'était l'enfer avec peu de sommeil dans le sang, mais là il veulent m'achever !

   Je peux entendre Noé ricaner d'ici en plus. Elle fait ressortir ce qu'il y a de pire en moi. Je crois bien qu'elle se retenait d'être désagréable quand il y avait Didi parce que jusque-là je pouvais la supporter. Moi aussi, je vais me lâcher si c'est comme ça. Elle va pas me voir venir.

   Néanmoins, je n'en dirai pas un mot à ma sœur. Ce n'est pas à moi de déclencher des conflits. Elle n'a pas besoin de ça. Je ne suis pas certaine qu'elle me croirait de toute façon. C'est peut-être moi qui me fais des films et invente des trucs. Elle sait choisir ses amis, je doute que Noé soit mauvaise. Possible qu'elle m'en veuille à cause du nouveau. J'ai absolument rien fait, mais comment elle pourrait le savoir puisque je n'ai pas tenté de lui parler ? Elle doit croire que c'est moi qui l'évite.

Dans l'ombre des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant