Chapitre 12

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   Si seulement j'avais le temps. Qui sait si Sara n'a pas une heure de trou durant laquelle elle va pouvoir contacter ma sœur. Je suis certaine qu'elles ne se lâchent pas d'une semelle, même avec des milliers de kilomètres de distance.

   D'une manière ou d'une autre, elle va lui raconter sa journée, nous inclure et ma sœur va lui faire un interrogatoire. En plus de ça, je n'ai même pas eu l'occasion de féliciter Dylan, il faut qu'on fonce pour ne pas être en retard.

   On traverse le lycée comme des voleuses aussi vite que possible. Avec tant de sport en une matinée, je vais rester une semaine en fauteuil roulant si je continue sur ce rythme.

   On arrive pile à la sonnerie, sous le regard mesquin de la prof. Tout le monde est déjà là je crois, ils ont vite compris que c'était mieux pour leur vie. Encore une fois, on se retrouve devant et je me rappelle soudain de l'oral qui m'était complètement sorti de la tête. Je suis foutue, j'ai dû le refaire et ne connais pas une seule ligne.

   Bernaud a horreur qu'on lise. En plus, en prenant en compte le fait qu'elle n'a que moi à la bouche depuis l'année dernière (à croire qu'elle est fan), on va certainement passer en premier.

   J'essaie de m'asseoir le plus discrètement possible aux côtés de Cass, sachant pertinemment que ça changera rien. Thomas a prévu le coup et s'est mis derrière nous. C'est pas possible que Cass ait eu le temps de le prévenir, non ? Peu importe, ça m'arrange. Je profite du fait que la prof écrive les consignes au tableau pour lui expliquer la situation.

–    Je m'excuse d'avance, je commence.

–    Ah non commence pas, me coupe Cass. C'était un accident et t'as tout refait, alors je veux rien entendre.

–    Tu m'as aidée je te rappelle, et je suis sûre que toi, tu le connais, ton texte, je réplique.

   Thomas nous regarde débattre sans parler, ça ne lui ressemble pas. La pluie serait-elle venue à bout de lui ? Ou la chanson du casting lui a détruit ses pauvres cordes vocales ? Si on avait pas l'oral, je serais soulagée du fait d'obtenir des vacances bien méritées. En tout cas, la surprise que ça me provoque m'empêche de continuer ma guerre avec Cass.

   La pire des éventualités et qu'il réfléchit juste à ce qu'il va bien pouvoir dire pour me faire me la fermer. Généralement, il réussit assez bien à ça. En attendant, je n'ai pas à supporter son sourire, je ne vais pas m'en plaindre.

   Cass m'enchaîne à une vitesse folle, loin d'être discrète. Je ne l'ai pas suivie et suis complètement paumée. Bernaud va nous achever. Thomas me le confirme en nous tapotant sur l'épaule avec une mine douloureuse. Son contact me fait tressaillir. Presque autant que la prof qui prononce mon nom en décortiquant chaque lettre.

   Je lance un regard à mes deux acolytes, aussi désespérés que moi. J'attends que Cass passe devant et la suis avec Thomas jusqu'au tableau. De là, seules les têtes étonnées de la classe me parviennent. Ils ont tous les yeux rivés sur Thomas qui n'a pas l'air d'y prêter attention. Ses deux pieds sont bien ancrés au sol pendant que les miens menacent de lâcher.

   Du fond de la classe, je peux apercevoir la mine dégoûtée de Noé qui, j'en suis certaine, lui avait demandé de travailler avec elle et Oli. Un point satisfaisant dans toute cette situation.

–    Quand vous voulez, nous lance notre bourreau, les bras croisés, adossée contre le mur.

   Je déteste cette expression sadique qu'elle arbore. Heureusement que Cass s'est proposée pour commencer. Comme prévu, elle n'a pas son texte mais le connaît sur le bout des doigts.

Dans l'ombre des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant