Chapitre 17

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   Camille est une vraie diva. Elle et ma sœur sont en compétition pour la première place depuis qu'elles sont rentrées au collège. Une éternité pour ainsi dire.

   Tu parles d'une aubaine pour elle de s'avancer sous les projecteurs en son absence. Cette fille a toujours été lâche, ça ne date pas d'aujourd'hui.

   Elle représente absolument tout ce que je déteste. L'arrogance, la démonstration, l'égoïsme. À côté d'elle, Noé est un euphémisme. Les autres ne sont là que pour la faire briller, telle est sa philosophie.

   Autrement dit, c'est toute l'année une guerre sans merci qu'elle mène contre Didi afin de décrocher la première place dans je ne sais quelle comédie musicale qu'on va devoir jouer en fin d'année. Le tout au détriment des autres.

   Ça aussi, c'est l'enfer. Qu'on soit dans le même groupe ou pas (ce qui n'était pas le cas l'année dernière), elle me pourrit la vie d'une manière ou d'une autre. Sûrement parce qu'elle n'arrive toujours pas à atteindre ma sœur qui s'élève bien plus haut qu'elle ne le pourra jamais.

   La différence entre elles est que Didi prend en considération les autres et est consciente qu'il faut un tout pour mener un projet. Camille, au contraire, pense tout porter sur ses épaules à tel point qu'elle est haïe de la plupart des élèves, sauf ceux qui, ne pouvant pas être amis avec ma sœur, sont avec elle par défaut.

   Toute cette situation est complètement surréaliste, ça va jusqu'à savoir laquelle a les boucles brunes les plus définies, la meilleure tenue, le plus beau maquillage et j'en passe. Ça va loin quand même.

   Le seul point positif est qu'elle constitue un challenge qui permet à Didi de progresser et de se dépasser sans arrêt. C'est déjà ça. Et puis, c'est un divertissement comme un autre (sauf pour moi qui suis prise dedans).

   Le Roi Lion était notre projet de l'an dernier dans lequel on a mêlé plusieurs niveaux. Comme par hasard, Camille s'est retrouvée devant moi. J'avais beau changer mon placement, il n'y avait rien à faire. À croire qu'elle avait les yeux derrière la tête. Bien sûr qu'elle n'a pas eu le premier rôle, alors elle n'en a eu que faire des consignes et n'en a fait qu'à sa tête.

   Je me demande comment elle a fait pour se retrouver avec nous cette fois. Le comble est qu'elle me perçoit moi, Ava, comme une menace depuis la rentrée. On frôle la psychose, là. Je ne suis d'aucune compétition. C'est sûrement encore un moyen d'atteindre ma sœur de près ou de loin.

   Pas de bol pour elle, on se parle à peine. C'est seulement lors de notre session révision au café avec Thomas que j'ai enfin eu un signe de vie qui était aussi bref et froid que l'atmosphère chez moi ces derniers temps. Heureusement, Thomas (qui étonnamment a tenu sa parole et ne m'a pas attaquée) était là pour me rattraper dans ma chute. Il s'est montré d'un soutien sans faille depuis, sans me demander le moindre compte.

   Il n'a jamais vraiment tenté d'en savoir plus là ou d'autres auraient forcé pour comprendre mes sautes d'humeur inexpliquées. Je l'en remercie infiniment. Grâce à lui, je parviens à garder la tête hors de l'eau et c'est amplement suffisant.

   Me voilà encore en train de divaguer. Je ne me suis pas rendue compte jusqu'à présent que les yeux de la classe sont rivés sur moi. Encore une fois, le vieux prof de chant a dû dire quelque chose que je n'ai pas entendu et attend que je répète.

   Ce petit homme m'a lui aussi prise pour cible visiblement. Comme les autres professeurs, il attend plus de moi cette année. Quand vont-ils comprendre que je ne pourrais pas remplacer Didi, même avec toute la volonté du monde ?

   Je ne vais définitivement pas tenir longtemps.

   Il soupire avant de passer à autre chose. Je sais déjà qu'il va me retenir à la fin de l'heure. Je le déteste et je déteste cet endroit. La seule chose qui me console sont mes amis. Or, en guise de punition, je me retrouve loin d'eux et bien qu'ils fassent de leur mieux pour me soutenir à distance, ça ne suffit plus.

Dans l'ombre des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant