Chapitre 27

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   Cassandre se trouve sur le point de faire un malaise. Elle peine tout comme moi à y croire. Si je n'avais autant abusé de la boisson, j'aurais déjà fait un arrêt cardiaque. Actuellement, plus rien n'a de sens. Je me laisse juste porter par la soirée, incapable de réaliser quoi que ce soit. Perchée sur un nuage, en lévitation, loin, très loin du sol.

– Bon, tu la mets cette chanson ? je lui crie pour la réveiller.

   C'est au moins la quatrième, cinquième peut-être, que j'enchaîne. J'ai perdu le compte.

   A bout de souffle à force de chanter et danser, je lui fais signe d'enchaîner, ne parvenant plus à m'arrêter. Après que tout le monde lui ait crié dessus, Cassandre décide enfin de lancer Greedy de Tate McRae.

– Dylan, ramène tes fesses ! je lui ordonne.

   Il saute sur le bar avec moi et chope le micro que Cass lui tend. Nous connaissons à peine la chanson. Cependant ça nous nous empêche pas de plonger dedans. Dans notre état, on pourrait faire n'importe quoi.

   Sans même s'être concertés, nous nous lançons dans une chorée en attendant le refrain parce que, bien sûr, nous sommes incapable de lire les paroles sur l'écran plat. Heureusement que la plupart de ceux qui parviennent encore à tenir debout nous accompagnent. Merci TikTok de passer le refrain en boucle depuis un mois, on se débrouille plutôt pas mal, enfin je pense.

   À peine la moitié de la chanson mêlée à notre énergie débordante suffit à ambiancer tout le monde. La piste de danse s'étends désormais sur le bar. Au premier rang, Thomas et Cass nous accompagnent dans notre délire.

   Je ne le lâche pas du regard une seconde et inversement. Mon cœur bat la chamade, autant que s'il était collé à moi. Il me dévore du regard et j'en joue. J'accentue chacun de mes mouvements, me délectant de voir sa cage thoracique se soulever de plus en plus fort. Mais qui suis-je et qu'ai-je fait de moi ?

   L'intensité du moment va finir par me tuer. Alors que la chanson se termine, je peine à respirer.

   Je me laisse tomber dans les bras de Thomas qui me porte pour descendre du bar comme si je ne pesais rien.

– Alors, j'étais comment ? je lui demande sur un ton loin d'être innocent.

– Étincelante, me répond-t-il avant de déposer un baiser sur mon front.

   Mes jambes touchent de nouveau le sol, enfin théoriquement. Mon ventre ne cesse de me chatouiller.

   Respire Ava, respire.

   Prête à exploser, je me dérobe de ses bras. Je lui ai bien trop facilité la tâche jusqu'à présent. Je termine mon verre pour me faufiler ensuite de nouveau au milieu de la foule, avec Thomas sur mes talons.

   Cass a dû reprendre ses esprits puisqu'elle arrête le karaoké afin de lancer dans la foulée une musique sensuelle à en mourir. Toujours perchés, nous nous engageons sans plus attendre dans une danse corps à corps. On pourrait croire qu'on a fait ça toute notre vie, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.

   Je termine la soirée, le tête sur ses jambes, allongée sur le sofa, vidée de toute énergie physique. Thomas caresse mes cheveux depuis quelques minutes durant lesquelles je lutte pour ne pas m'endormir. Il doit être au moins deux heures du matin à tout casser. Pourtant, j'ai l'impression qu'au moins un an de vie vient de s'écouler.

– Bon, vous êtes tous bons pour rester dormir ici, décide Cass, ne nous laissant pas le choix.

   Dylan et André, vous pouvez prendre la chambre au bout du couloir.

   Vous trois -elle désigne un groupe assis au sol-, faites comme chez vous, je vais vous ramener des couvertures et déplier le sofa, ça sera assez. Quant aux deux tourtereaux, première porte à droite à l'étage. Compris ?

   Ah et aussi, n'oubliez pas le réveil, mes très chers académiciens, je vous fait le rappel douloureux que nous avons cours demain.

   Je n'ai rien suivi. Thomas hoche la tête et m'aide à me relever.

– Souhaites-tu que je te porte, l'étoile de la soirée ?

– Quel gentleman, je parviens à lui lâcher. Ça va aller, je suis encore en état de marcher.

   Néanmoins, il ne me lâche pas, et ce jusqu'à ce que je tombe gracieusement dans les bras de Morphée, la tête toujours perchée parmi les nuages.

Dans l'ombre des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant