Dans l'ombre des étoiles

Chapitre 36

   Je croise les bras, la mine renfrognée. Thomas se montre vraiment insupportable quand il veut. Irrésistible aussi, il sait parfaitement ce qu'il fait.

   L'intensité de son regard posé sur moi fait crépiter chaque cellule de mon corps. Il est à la fois la définition de la haine et de l'amour. C'est pour cette raison que je ne lâche pas le morceau. Il a bien trop joué avec moi hier soir pour s'en sortir comme ça. J'ai craqué, lui ai répondu et il en a profité. À mon tour.

   Mon crayon de nouveau en main, je reprends mon souffle, déterminée. Il n'est que mon modèle pour le moment, rien de plus. Mon modèle que je prends un malin plaisir à torturer. Je vais lui concocter la meilleure tenue qu'il n'ait jamais vue, le forçant par conséquent à l'abstinence pour une bonne heure de plus. De cette façon, ça sera à son tour de m'adorer et me haïr.

– Tu veux bien arrêter de me fixer comme ça ? Tu me déconcentres, je le réprimande pour la centième fois.

– Comme quoi ?

– Comme un loup affamé.

   Il grimace, bougeant une fois de plus.

– Aïe.

– Pardon, je te maltraite un peu trop ? Tu veux un câlin ? je lui lâche, moqueuse.

   Maintenant, c'est lui qui boude, avec son air frustré craquant.

   Non, reprends-toi Ava.

– Bon, concentre-toi maintenant, je reprends.

– Juste parce que j'aime te regarder faire ce que tu aimes.

   Je vais l'assassiner. Le faire se consumer, renaître de nouveau. Puis, je mettrai ses cendres dans une urne, le condamnant à ma proximité tous les jours sans jamais pouvoir m'atteindre. Bien que je me punisses par la même occasion, au moins je gagne.

   Mon cahier va finir troué si je ne fais pas attention. Je me repositionne sur la chaise de sa chambre pour me détendre puis lui indique de se remettre en place. Sauf qu'il recommence presque immédiatement.

– Thomas. Je t'ai dit d'arrêter ça.

– De te regarder ?

– De me regarder comme t'es en train de le faire.

– Tu m'as dit de te faire face et de ne pas bouger. Ce n'est pas ma faute si la vue est belle.

   Wow, ok.

   Je lève les yeux au ciel, pour qu'il prête moins attention à ma tentative de reprendre mon souffle. Eh oui, je me découvre des qualités, j'apprends vite.

– Monsieur joue les innocents maintenant ?

   Il rit. Me gratifiant de sa douce mélodie avant de reprendre son sérieux.

– Ça ne doit pas t'empêcher de rester professionnel, je lui souffle en essayant de rester calme et autoritaire.

   Cet énergumène le prend comme un challenge. Il se redresse, plaçant ses coudes au-dessus de sa tête, de part et d'autre dans l'encadrure de la porte. Je le vois déjà venir et me prépare à l'impact.

– Ava-Rose, si tu tiens tant à être pro, et ainsi me créer la plus belle des tenues, commence-t-il, ne serait-il pas préférable de retirer tous ces artifices ? dit-il en enlevant son tee-shirt à la volée.

   Oh non. Adieu.

   Je tente de fermer les yeux, mais trop tard. Il l'a déjà lancé sur son lit et part s'y asseoir. Avec son petit rictus sadique, il place ensuite ses coudes sur ses genoux, faisant ainsi contracter ses muscles. Comment je suis censée tenir un crayon déjà ?