Chapitre 13

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   Une idiote, voilà ce que je suis. Non seulement je suis collée pour une semaine, mais en plus je n'ai pas branché mon ordi hier au préalable pour appeler ma sœur comme on l'avait convenu.

   C'est déjà une marge d'avance que Bernaud a gracieusement accordée à Sara avec sa foutue heure de colle à effet immédiat, il fallait que j'en rajoute. Maintenant, elle va sans aucun doute avoir le loisir de lui déballer toute ma vie avant même que je m'y essaie.

   En plus de tout ça, en admettant que par un miracle ça ne lui ai pas suffi, il y a aussi le temps que j'ai mis à rentrer. Sans compter maintenant l'attente pour avoir cinq misérables pourcents qui me permettront à peine de déverrouiller mon ordinateur.

   Ça pourrait être pire en soit. Si notre mère avait quitté le travail plus tôt comme elle le faisait avant l'annonce du voyage de ma sœur, elle m'aurait fait la morale une heure de plus pour Bernaud et aurait enchaîner sur l'intégralité de mes échecs.

   J'ai compris, je ne suis pas Didi. Ça fait des années qu'elle me le reproche. Je fais de mon mieux mais ça ne suffit jamais. Elle ne voulait qu'un enfant. C'est écrit depuis le départ, je suis en trop.

   J'ai arrêté de m'apitoyer sur mon sort il y a bien longtemps. Au moins, j'ai mon père. Lui reste neutre en toutes circonstances. Qu'est-ce qu'il me manque depuis qu'il a pris un deuxième boulot. Je ne le vois désormais que peu de temps avant de dormir. Il vient me souhaiter bonne nuit, mange et s'éteint. Puis au petit matin, c'est reparti, bien avant mon réveil.

   Dix minutes que mon ordi charge, ça devrait être bon. J'envoie un rapide message à ma sœur pendant qu'il s'allume et lance l'appel sans même attendre sa réponse. Je m'attends déjà à ce que son expression m'assassine. Si elle est déjà au courant, ça se verra.

–    J'ai pas le temps Ava, me lance-t-elle, visiblement ennuyée.

   J'avoue que je ne sais pas trop comment l'interpréter.

–    Désolée, Bernaud en a encore après moi, je tente de m'excuser. Je peux te laisser si tu es occupée.

–    Je suis en pause, on a des répètes à faire, m'explique-t-elle, faisant au passage un signe de la main à quelqu'un.

   Son grand sourire s'efface instantanément quand elle revient à moi. Est-elle en colère que je lui fasse toujours des plans ou est-elle au courant ? J'ai soudain perdu mon courage à lui expliquer. Je l'observe, sans savoir quoi dire. Finalement, j'opte pour fuir la conversation que je suis censée avoir. Quelle faible.

–    Vous avez déjà choisi vos chansons pour le championnat ? je la relance.

–    Ouais.

   Sa réponse sèche me donne l'impression que je la force à parler.

–    Pourquoi t'as fini collée ? me demande-t-elle pour revenir à moi.

   Habituellement, elle aurait sauté sur l'occasion pour me déballer toutes les choses incroyables qu'elle vit. Il y a bien quelque chose...

–    Bavardage, je marmonne en tentant de rester calme.

–    Ton amie ?

   Elle appuie bien sur chaque mot, ses yeux fixés sur moi.

–    On avait un travail de groupe...

   Je m'arrête avant d'en dire trop. Elle m'a dit « ton amie » au singulier. Par conséquent, elle ne doit pas avoir connaissance de Thomas. Du moins, elle ne laisse rien paraître. Elle attend peut-être que je lui en parle de moi-même ? Je ne sais pas quoi faire.

Dans l'ombre des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant