Chapitre 8

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Qui était-elle ? Je toisai la châtaine de haut en bas et resserrai inconsciemment mon étreinte sur le bras d'Allan.

— Pourquoi est-ce qu'elle est là ?

Mon faux petit-copain non plus ne semblait pas être heureux de sa présence. Il fixait son père avec un regard noir et l'ambiance s'alourdit considérablement dans la pièce. Elena détournait le regard honteusement et Antoine faisait semblant de lire. Semblant car, même si la majeure partir de son visage était cachée par le livre, ses yeux voguaient entre nos visages, analysant soigneusement la scène, comme il avait l'habitude de le faire lorsque la situation dégénérait.

— Je me suis dit que Sam aimerait rencontrer ton amour d'enfance.

— Ne recommence pas avec ça, elle n'a jamais été...

— Bonjour mesdames et messieurs, interrompu monsieur Doog. Même table que d'habitude ?

— Oui, bien sûr, merci Doog !

Paul emboîta le pas au patron et l'inconnue la suivie timidement. Elle aussi semblait mal à l'aise. Qu'est-ce que le père d'Allan fabriquait ?

— Mon amour ?

Allan se tourna vers moi, les yeux exorbités de surprise. Je papillonnai des paupières et demandai qui était cette fille.

— Elle s'appelle Juliette, mon père veut absolument qu'on sorte ensemble, c'est une sorte de menace. Si je n'ai pas de copine, c'est elle, murmura-t-il à près de mon oreille. Elle n'est pas méchante, c'était même mon amie avant. Mais les machinations de mon père ont tout gâché, je ne la supporte plus...

Il me tira galamment ma chaise puis s'assit à son tour. Nouveau regard sévère à son père, pour lui indiquer que sa décision d'inviter Juliette ne lui plaisait pas du tout. Les plats furent énumérés mais je ne les écoutais pas. Je prendrais la même chose qu'Allan. Et de toute façon, je savais que je ne toucherais pas à mon assiette. Je n'avais pas la tête à ça.

Cette fille était magnifique, une véritable princesse. Et elle avait la bénédiction de Paul. Est-ce qu'elle faisait du mannequinat ? Je me mordis discrètement l'intérieur de la joue en la fixant. Elle baissa les yeux sur son assiette, triturant ses mains sur la table. Manifestement, elle ne savait pas ce qu'elle faisait ici et semblait gênée. C'était un bon point pour moi. Cela me permettrait peut-être de prendre le dessus...

Seul le père d'Allan semblait tout à son aise. Il parlait en faisant des grands geste, plaisantait et rigolait à en pleurer.

Cette fille allait me piquer ma place auprès d'Allan. Auprès de son père et de l'agence. Elle allait mettre la main sur mon fric... Cette constatation me fit frissonner d'horreur. Il était hors de question que cela arrive ! Grand-mère et maman avaient besoin de moi ! Je posai une main sur celle de mon faux copain et posai ma tête sur son épaule avec un léger sourire. Il tenta de me repousser d'un petit coup d'épaule. Je pris son bras pour le passer autours de ma taille étroite pour toute réponse.

— Mais qu'est-ce que tu fais... ! souffla-t-il précipitamment.

— Je te sauve de ton futur mariage...

Cette justification sembla lui plaire car il acquiesça et ne me repoussa pas davantage. Les commandes furent prises, les boissons apportées. La fameuse Juliette ne buvait pas. J'eus un sourire narquois en buvant mon verre de vin, pendant qu'elle remuait sa grenadine.

— Sam, tu ne nous as jamais dit pour quels genre de vêtements tu posais. Tu aurais des photos à nous montrer ? demanda Elena avec un sourire, pour tenter de faire la conversation, puisque celle-ci n'était alimenter que par son mari.

— Je fais surtout dans les sous-vêtements en fait, je doute qu'Allan apprécie que je vous les montre, avouai-je en gloussant.

Mon rire sembla contagieux et je me resservis un verre. Les plats arrivèrent, mon sourire se fana un peu mais je dissimulais ça en portant le délicieux breuvage à mes lèvres. Je jetai un coup d'œil à la bouteille. Bouchon ancien, étiquette jaunie, il n'était pas dans la cave depuis la veille seulement. Cela m'encouragea à le goûter de nouveau. Allan m'invita à manger d'un léger coup de coude, tout en s'écartant de moi. Je triturai la viande du bout de ma fourchette et portai à contre-coeur un bout à ma bouche rouge et brillante.

L'atmosphère était un peu plus légère. Je m'accrochai régulièrement au bras d'Allan, rigolai, bu, posai un baiser sur sa mâchoire et recommençai.

Je pris une nouvelle bouchée, parlant avec Antoine tout en mangeant sommairement quand ma rivale demanda le sel.

Mes rires cessèrent et ma bouche se tordit en une grimace désagréable. Allan tendit la main pour le lui donner, bien plus détendu qu'en début de soirée mais je me précipitai pour le prendre à sa place. Dans la précipitation, nos mains se cognèrent. Pas violemment, certes, mais suffisamment pour qu'Allan me jette un regard gêné. N'y prêtant aucune attention, je saisi le pot de sel .Je fronçai les sourciles car la table tanguait un peu, et reposai brutalement la fiole en verre juste devant la pauvre fille. La tablée se retourna vers moi, les yeux écarquillés et les bouches ouvertes. La chaise de mon faux petit ami racla le sol et il m'attrapa un peu brusquement par le bras. Je le suivis sans même savoir où nous allions, trébuchant quelques fois. Il passa une porte puis la claqua derrière nous, me plaquant contre celle-ci au passage.

— A quoi tu joues Sam ! dit-il avec une certaine férocité dans la voix.

— Hein ? marmonnai-je, un peu déboussolé.

Le monde semblait flou et les gestes du garçon me semblaient un peu trop brutaux.

— A quoi tu joues j'ai dit !

— Lâche moi, tu m'fais mal...

Sa main serrait fort mon poignet et je n'appréciais pas l'air dur qu'il arborait actuellement.

— Alors ?

— Je voulais juste éloigner cette cruche. C'est toi qui avais l'air de ne pas l'apprécier.

— Ça ne voulait pas dire que tu devais te rapprocher à ce point ! Je crois qu'elle a compris maintenant... Restons un peu plus à l'écart, s'il-te plaît, reprit-il un peu plus calmement

J'acquiesçai avec un sourire. Il s'écarta.

— T'es complètement bourrée, va te rincer le visage.

— Ah ça c'est hors de question, mon maquillage va couler !

Mon indignation lui tira un sourire et il m'invita à rejoindre les autres d'un regard. J'acquiesçai et lui tendis mon bras avec une certaine hésitation. Il le prit doucement. Je compris qu'il n'était plus en colère et que je ne craignais plus rien. Il était redevenu le gentil homme d'avant. Je me perdis dans la contemplation de sa silhouette, de ses mèches blondes et de ses yeux bleus.

— Beau, me murmurai-je pour moi-même.

Et alors que nous arrivions à notre table, j'attrapais son visage pour l'embrasser passionnément devant toute sa famille...

SamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant