Chapitre 18

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Je passai le mètre ruban autour de sa taille et grimaçai. Il avait vraiment perdu. Je tentai de ne rien laisser paraître et continuai de reprendre les autres mesures. Il me laissa faire, plus calme que toutes les autres fois où j'avais dû effleurer sa peau. Maintenant que son secret était percé à jour, il devait se sentir moins stressé, plus libre. J'espérais que cela l'aiderait à aller mieux et donc à manger un peu plus. Il n'avait rien avalé ce matin, hormis un café mais c'était déjà un assez bon début selon moi. Je notai aussi qu'à partir du moment où je l'avais étreint, il n'avait plus bougé et sa respiration s'était calmée jusqu'à ce qu'il s'endorme. Cela m'avait attendri et j'avais sombré peu après, apaisé par son souffle lent et régulier.

J'avais pour habitude de travailler en musique, cela le détendait et c'était plus agréable que le silence pesant qu'il y avait eu entre nous dès le début. Pourtant, pas un son ne sortait des hauts parleurs aujourd'hui. Je voulai en apprendre davantage sur lui, sa famille et ses difficultés. Je voulai le connaître davantage et l'aider à aller mieux. Puis le garder près de moi pour toujours et le demander en mariage. Mais ça, ça pouvait attendre encore un moment...

- Tu ne m'as jamais parlé de ta famille, lançai-je en guettant discrètement ses réactions.

- Je n'ai pas de père, il est parti avant ma naissance. Ma mère a eu un grave accident de voiture lorsque j'avais quinze ans et elle n'a plus jamais travaillé depuis. C'est devenu assez dur à partir de là. J'ai fait quelques jobs mais comme s'était illégal, ça ne rapportait pas beaucoup. C'est grand-mère qui m'a donné l'idée de faire du mannequinat, elle me répétait toujours que j'étais magnifique et que je ressemblai à ces mannequins qu'on voyait à la télé. Je voulai les aider alors je l'ai fait, puis j'y ai pris goût. Mais tout l'argent était bloqué à la banque, ça ne nous a pas beaucoup avancé.

Je lui fis enfiler la robe sans un mot, attendant qu'il poursuive. Je m'excusai à voix basse lorsque j'effleurai le haut de sa cuisse. Ce geste eut le don de le faire rougir et parler de nouveau.

- J'ai été stupide. Lorsque j'ai eu l'âge de le faire, j'ai tout retiré et je nous ai offert une vie de luxe pour quelques mois. Mais ça n'a pas duré et en plus, j'ai été encore moins payé en étant majeur. Et puis grand-mère a pris sa retraite et les aides que percevait maman ne suffisaient pas. Maman a besoin de ses séances de kiné, grand-mère d'un traitement spécial pour son asthme, qui empire avec l'âge mais je ne peux même pas leur offrir ça. Alors j'ai fait comme n'importe qui aurait fait. J'ai posé plus, moins habillé, pour ramener plus à la maison. J'ai fait les pubs des petits créateurs mais ça n'a rien donné, je ne suis pas montée. Ça fait plusieurs années qu'on se limite, qu'on reprises les vieux vêtements et qu'on mange aux restos du cœur... raconta-t-il, le regard fixé sur le plafond. Mon seul désir est de pouvoir subvenir à leurs besoins. Elles ont tout donné pour moi...

Je me mordis l'intérieur de la joue. Je me rappelai ses tenues accessoirisées hors de prix. Je m'étais comporté comme un véritable connard...

SamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant