Chapitre 17

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Je me retournai une nouvelle fois, l'esprit tourmenté. Beaucoup trop de choses s'étaient passées aujourd'hui. D'abord, Allan découvrait que j'étais un homme, ensuite, il m'emmenait dehors pour manger, contre ma volonté, je dégobillai ensuite dans les WC du restaurant et désormais, nous dormions ensemble. Sans parler de sa menace de tout à l'heure.

Participer à un défilé privé comme celui-ci était un véritable rêve éveillé et je ne pouvais gâcher cette chance que j'avais d'y participer. Mais manger était devenu un véritable problème, la moindre bouchée me rendait malade et si je parvenais à manger un peu, je vomissai dans les heures qui suivaient.

J'avais depuis toujours eu un problème avec la nourriture. Plus jeune, maman et grand-mère avait veillé à ce que je garde un poids correct pour le mannequinat. Adolescent, j'avais d'avantage pris conscience de mon corps et je n'avais cessé de le comparer à celui des autres. J'avais rapidement compris que je devais faire disparaître la moindre trace de graisse, la moindre imperfection. Peu après, c'est la misère qui m'affama, avant d'être maintenant secondée par l'anxiété.

Malgré ça, j'étais heureux d'avoir partager mon horrible fardeau avec Allan. Il avait pris soin de moi à sa façon et s'était montré plutôt compréhensif.

Je me tournai une nouvelle fois en pestant contre le sommeil qui tardait à venir.

— Ça suffit, grommela le garçon derrière moi.

Je sursautais et sentis qu'il enroulait un bras et une jambe autour de moi.

— Je suis désolé, tu peux me lâcher. Je le ferais plus, promis... chuchotai-je.

— Tu vas rester là. Je sais très bien que tu vas recommencer sinon...

Je sentis mes joues chauffer et je préférai me taire plutôt qu'essayer de me débattre. Je poursuivis mes réflexions à la place et un détail étrange me sauta aux yeux : Allan n'avait pas rechigné en me découvrant homme. Pourtant, je savais que je ne le laissais pas indifférent. Il suffisait de voir son regard ou ses petites attentions maladroites pour le comprendre. J'étais persuadé qu'approcher du vomi ne l'enchantait pas. Malgré ça, il avait essuyé mon visage qui en était barbouillé et s'était montré particulièrement gentil. Il voulait continuer de faire semblant devant ses parents tout en sachant que nous serions amenés à nous embrasser de nouveau...

— Allan, je peux te poser une question ?

Il grogna une réponse inintelligible mais je me forçai à poursuivre.

— Est-ce que tu es gay... ?

Il se redressa légèrement dans mon dos et je recroquevillai ma tête entre mes épaules, les yeux plissés au maximum. A ma plus grande surprise, il répondit calmement, bien qu'avec une petite pointe d'amusement dans la voix :

— Je suis pansexuel.

— Tes parents ne sont pas au courant ? risquai-je un ton plus bas.

Le sujet n'avait jamais été évoqué devant moi et le profil qu'il s'était crée sur le site de rencontre explicitait bien qu'il ne recherchait que des femmes.

— Ils ne le savent pas mais je crois en revanche qu'Antoine le sait.

— Ce garçon est terriblement intelligent, il l'aura forcément remarqué.

— Et moi je ne le suis pas ? interrogea Allan en haussant un sourcil.

— M.. Mais si, bien sûr que si...

— Je plaisantai, ricana-t-il. Et toi ? Quelle est ton orientation ?

— Bi depuis toujours. Ma mère et ma grand-mère le savent, j'ai toujours été fasciné par les gens qui se travestissaient, comme les drag-queens.

— Sam, j'aurais largement pu le deviner sans que tu me le dises, pouffa-t-il.

Je rougis un peu et me reculai un peu pour mieux sentir son corps contre le mien. Un silence s'en suivit. Il resserra sa prise sur ma taille.

— On ferait mieux de se rendormir maintenant, on a encore beaucoup de boulot demain...

SamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant