Chapitre 20

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— On aurait pu passer te chercher tu sais.

— Ne vous inquiétez pas pour cela, je peux me débrouiller seule.

— Le bus n'est pas un endroit bien sécurisée pour une jeune fille, je préférerais que tu n'aies pas à le prendre.

Je jetai un léger regard à Allan. Je me sentai moins seul depuis qu'il était dans la confidence et c'était un véritable soulagement d'avoir quelqu'un pour me tirer d'affaires quelques fois.

— Je vous appellerai la prochaine fois.

Paul hocha la tête avec un air satisfait.

— Je vais devoir vous laisser les enfants, je vais m'occuper d'introduire la visite. Tâchez de bien écouter ce que je vais dire.

Nous acquiesçâmes d'un seul mouvement et il s'éclipsa. Nous poussâmes de concert un soupir de soulagement.

— Ça va ? Demanda Allan avec un air inquiet.

— Je stresse, j'ai un peur de rencontrer les autres et que quelqu'un découvre notre secret.

— Tout ira bien, ça fait des semaines que tu connais ma famille et ils n'y ont vu que du feu. Tu es magnifique comme ça...

— C'est parce que tu as choisis la tenue... soufflai-je timidement.

Il m'avait effectivement emmené faire du shopping spécialement pour ce jour pendant l'une des rares pauses que nous prenions dans notre travail.

— Sam, t'aurais pu venir avec un sac poubelle sur la tête que tu aurais été tout aussi beau.

L'adorable déclaration m'aurait fait rougir si ma peau avait été plus pâle et je bénis mon si beau teint hâlé de masquer le rosissement de mes joues. Le père d'Allan fit résonner sa voix pour que le groupe se réunisse. J'inspirais profondément et m'avançai sous le regard rassurant d'Allan.

— Mesdames et Messieurs bonjour. Nous sommes ici rassemblés pour visiter les locaux du défilé qui aura lieu dans une petite semaine. Chaque détail énoncé cet après-midi aura une importance capital pour le bon déroulé du défilé, je vous encourage donc à m'écouter très attentivement - il marqua un temps, nous regarda un par un, puis reprit -. Si vous voulez bien me suivre.

Le groupe s'exécuta comme un bon troupeau de moutons et quelques rumeurs s'élevèrent. Les gens se questionnaient : pourquoi le patron de l'entreprise venait directement ? Ce n'était pas lui qui s'occupait de ça d'habitude. Une personne souffla que c'était à cause de la présence de son fils qui faisait son essai en tant que styliste et bientôt, tout le monde chercha à connaître le fameux fils. Si j'étais stressé par cette situation imprévue, ce n'était pas le cas d'Allan qui conversait avec une jeune styliste. Il lui parlait de sa création sans entrer dans les détails et elle de la sienne. Je marchai la tête haute sur mes talons à strass dorés mais mon moi intérieur était recroquevillé sur lui-même, à se demander en boucle quelle connerie je faisais. Mon domaine c'était les shootings, me préparer puis changer régulièrement de pose devant un petit comité, pas de défilé sous les regards et appareils photos de dizaine de personnes. Je cherchai le regard d'Allan mais il était trop passionné par sa discussion alors je décidai de calmer mon anxiété seul. Je croisai mon reflet dans une vitre et me détaillai attentivement. Je dégageai une certaine prestance mais était-ce assez ? Les autres mannequins autour de moi me semblaient bien mieux, plus beaux, plus assurés, plus tout. Je cachai mes mains tremblantes dans les poches de ma combi. Tout irait bien. Paul s'arrêta et attira notre attention :

— Voici la scène, là où vous défilerez mais aussi l'endroit où seront installés les spectateurs. Votre terrain de jeu pour ainsi dire. C'est là où vous serez aveuglés par les flashs, là où vous devrez garder la tête haute coûte que coûte ! Mais j'ai confiance en vous, vous réussirez !

SamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant