Sam

Chapitre 4

J'inspirai puis expirai profondément dans la voiture. Mon père s'arrêta devant le restaurant et je fouillai la rue du regard, à la recherche de Sam. J'espérai qu'elle m'avait écouté et qu'elle était arrivée un peu en avance.

Un taxi s'arrêta juste derrière nous et ma fausse petite amie en descendit, resplendissante comme jamais. Sa robe verte embellissait sa peau et elle était à peine maquillée : ses lèvres étaient brillantes de gloss, ses pommettes scintillaient sous le lampadaire et ses yeux étaient rehaussés par un joli trait d'eye-liner et du mascara. Un frisson me parcourut le corps et je me dirigeai aussitôt vers elle pour la saluer.

Elle me fit la bise avec une nonchalance qui me déstabilisa. puis salua mes parents et mon frère, qui la calcula à peine car il était encore plongé dans un bouquin. Je l'admirais pour cette raison, rien ne pouvait le perturber tant qu'il lisait. Il avait toujours un livre à la main et rien ne l'arrêtait, pas même un trajet en voiture qui m'aurait pourtant fait rendre l'intégralité des repas de la journée.

— Je vous présente Sam, ma petite amie.

Mon père la détailla d'une manière qui la fit rougir puis hocha la tête, comme s'il validait ma trouvaille. Il prit la taille de ma mère et se dirigea vers la porte. Je proposai mon bras à Sam, qui accepta volontiers. Antoine nous suivit la tête haute. Ce n'est qu'à cet instant que je remarquai qu'elle était plus grande que moi avec ses hauts talons. Étonnamment, cela accéléra les battements de mon cœur. Je décidai de l'ignorer et l'accompagnai dignement jusqu'à l'intérieur. Mon père fut accueilli par le patron, comme à l'accoutumé. Il nous mena jusqu'au petit salon privé où nous avions l'habitude de nous installer et nous énuméra lui-même le menu que nous connaissions par cœur. Il s'éclipsa ensuite en nous informant qu'il reviendrait dans dix minutes.

— Il n'y a pas de carte ? demanda Sam à voix basse.

— Non mais je peux te réciter les plats un par un si tu le souhaites, répondis-je sur le même ton.

— Le prix...

— Te soucie pas de ça, c'est mon père qui paye.

Elle acquiesça avec un sourire.

— Alors, comment vous-êtes vous rencontré ? interrogea mon paternel.

Et voilà, l'interrogatoire tant attendu commençait. Je soupirai discrètement. Je savais bien que lui ramener une fille ne suffirait pas. Il allait vouloir connaître le moindre détail de cette personne qu'il imaginait être un futur membre de sa famille. Heureusement, j'avais prévu le coup et avais monté une histoire de toutes pièces avant d'arriver. Sam me jeta un petit coup d'œil hésitant. Elle m'avait paru bien moins timide par message mais je comprenais que la rencontre devait la stresser. Je décidais de commencer à raconter notre mensonge, qui n'en était qu'à moitié un.

— Sam fait du mannequinat amateur, on s'est rencontré sur les réseaux. On a échangé un moment, on s'est rencontré plusieurs fois et elle m'a tout de suite plu. On s'est mis ensemble quelques jours après.

— Je suppose qu'Allan a dût te parler de l'entreprise familiale n'est-ce pas ? Je suis le patron de l'agence Kinsley mannequinat. Nous travaillons avec plusieurs grandes marques pour des photoshoots ou des défilés.

Il essayait de l'impressionner, de voir si l'argent l'intéressait. J'allais l'interrompre, trouvant ce manège ridicule quand Sam prit la parole.

— En vérité, le sujet a seulement été évoqué. Nous ne sommes ensemble que depuis peu et nous avons préféré parler de nos goûts ou de nos passions plutôt que d'argent.

Cela eut le don de faire taire mon père. Quant à moi, je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire en coin.

Le patron revint rapidement, un carnet spirale à la main et nous demanda les plats que nous avions choisi. Antoine prit un magret de canard, comme à l'accoutumé, mes parents commandèrent un plateau à partager et Sam choisit une simple salade, indiquant que cela lui suffirait largement lorsque ma mère lui posa la question. Je demandais une entrecôte puis vint le tour des boissons. Un whisky pour mon père, une pinacolada pour ma mère, un coca pour mon frère et une bouteille de vin rouge pour ma fausse copine et moi.