Je me retirai et remarquai aussitôt que Sam n'était pas au meilleur de sa forme. Je passai une main sur sa joue en murmurant son nom. Il ferma les yeux tout en posant une main sur mon poignet. Son torse se soulevait rapidement et il tremblait un peu trop pour que nos activités en soi la cause. Je me débarrassai du préservatif et nous nettoyai précipitamment avant de me consacrer au mannequin.
— Est-ce que ça va ?
— J'ai la tête qui tourne, prononça-t-il faiblement.
Je me mordis l'intérieur de la joue et le serrai contre moi en posant quelques baisers sur son visage. Je savais que la cause de son malaise était le manque de nourriture, combiné à de trop fortes sensations et je m'en voulais un peu pour cela. Je sentis que sa poigne sur mon bras se faisait plus faible et je paniquai un peu en l'appelant plusieurs fois. Il ouvrit les yeux en sursaut et accrocha mon regard.
— Reste avec moi s'il-te-plaît, ce n'est vraiment pas le moment pour ça... débitai-je en caressant ses cheveux.
— Je suis désolé, je me sens mal, je peux pas...
— Respire, j'irai te chercher de quoi boire et manger ensuite.
— Je n'en ai pas besoin, c'est juste que ça fait longtemps et...
— Ne discute pas s'il-te plaît, dis-je d'une voix qui n'appelait aucune réponse.
Je savais que cela lui demandait trop d'efforts. Il ne dit plus rien et posa sa tête contre mon torse. Il s'apaisa peu à peu, ses gestes étaient encore brouillons mais je sus qu'il se sentait un peu mieux lorsqu'il commença à faire de petits ronds sur ma cuisse. Je lui demandai si je pouvais le laisser un instant pour aller chercher de quoi grignoter. Il m'assura que tout irait bien, comme si sa faiblesse passagère n'avait jamais existé. J'hésitai à le croire mais finis par me lever et enfiler un caleçon pour gagner silencieusement la cuisine. L'alcool n'avait pas totalement disparu mais je sentais que mon esprit était bien plus clair que quelques instants auparavant. J'avançai à l'aveuglette dans le couloir et n'allumai la lumière qu'une fois dans la cuisine, lorsque je fus sûr que cela ne dérangeait pas. J'ouvris plusieurs placards à la recherche de quelque chose à manger et trouvai enfin les gâteaux préférés de Sam. Je posai le paquet sur la table et fouillai ensuite le frigo à la recherche d'une bouteille d'eau que je ne tardai pas à trouver. Puis regagnai la chambre avec mon petit paquetage. Le garçon se redressa lorsque j'entrai. Il avait enfilé un sous-vêtement et un haut et semblait aller mieux, bien que fatigué. Je m'assis à ses côtés et repoussai la couverture pour avoir plus de place. Son regard retrouva un peu d'éclat lorsqu'il vit que je lui avais apporté sa nourriture préférée. Il hésita à prendre le paquet et j'en profitai pour lui tendre la bouteille d'eau. Il râla un peu mais s'exécuta quand il surprit mon regard autoritaire. Il but de longues gorgées mais m'en laissa la moitié pour que je me désaltère aussi. Il déchira ensuite le paquet et hésita un peu avant de saisir l'objet de sa convoitise.
— Allez mange, je ne les ai acheté que pour toi.
— Ce n'est vraiment pas utile, j'ai mangé tout à l'heure.
— Ne dis pas de bêtises, j'ai cru que tu allais y passer !
— Tu exagères toujours...
— Peut-être, mais tu ne manges pas assez et ton corps te le fait ressentir. Tu ne peux pas le nier. Alors maintenant tu manges, je ne te lâcherai pas tant que tu n'auras rien avalé.
— Il fallait le dire tout à l'heure, dit-il sur le ton de la plaisanterie.
Je levai les yeux :
— Ne fais pas l'idiot, je ne plaisante pas, tu sais ?
— Je suis désolé. Je ne voulais pas tout gâcher non plus mais je n'y peux rien... Mon corps n'a pas suivi cette fois-ci mais je me rattraperai une prochaine fois.
— Tu n'as rien gâché et tu n'as absolument rien à rattraper. J'aimerai juste que ça n'arrive pas, que tu te sentes toujours bien.
— Personne ne se sent toujours bien.
Je me retins de répliquer en pensant que le moment était mal choisi de nous disputer pour ça. J'ouvrai les bras pour qu'il s'y blottisse. Il nicha son nez dans mon cou et pressa son torse contre le mien. Je profitai de la chaleur de son corps et respirai le parfum de ses doux cheveux. Je lui caressai le dos encore un moment et lui murmurai combien je l'aimais au creux de l'oreille.
J'étais heureux. J'avais cette impression que tout ce qui nous entourait disparaissait et nous laissait toute la place, comme si le monde n'était qu'à nous, qu'il n'y avait personne d'autre. C'était la plus belle des sensations. Je n'avais jamais ressenti cela avant. C'était encore mieux que ma première fois dans un parc d'attraction ou ma première fois tout court. Il finit par s'écarter pour attraper un gâteau. J'embrassai sa tempe avec un sourire et m'allongeai à ses côtés, ma main caressant le bas de son dos.
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Sam
RomanceSam est un jeune mannequin pauvre. Allan un riche fils d'entrepreneur dans le mannequinat. Lorsque Allan s'inscrit sur un site de rencontre pour trouver une fausse petite amie à présenter à son père lors d'un dîner, Sam saute sur l'occasion, sachant...