Sam

Chapitre 10

— Rejoins-moi à dix-sept heure au défilé. L'invitation est sur la table.

— Hein ? Quoi ? Quel défilé ? Pourquoi tu ne m'as pas prévenu avant ?

— Ce n'était pas prévu que tu viennes mais j'ai une surprise pour toi. N'arrive pas en retard s'il-te plaît.

Je soupirai et reposai mon téléphone après que mon père ait raccroché. Je n'avais qu'une petite heure pour bien m'apprêter. Je râlai un peu et ouvris ma penderie à la recherche d'une tenue correcte. Je trouvai un pantalon ample, noir et une chemise que je laissai ouverte sur mon torse. Je passai à la salle de bain pour me coiffer, passer un léger coup de crayon sous mes yeux et mettre un peu de gloss sur mes lèvres. Je décidai que cela était suffisant et sortis de la maison en emmenant quelques affaires, dont l'invitation. Je pris la voiture pour me rendre au lieu du défilé. Cette adresse me rappelait quelque chose sans que je ne sache quoi exactement. Ce qui était sûr, c'est que j'étais déjà venu ici. Je m'inquiétai un peu de la surprise de mon père mais décidai de ne pas y penser. De toute manière, ça ne pourrait pas être pire que toute la merde qui se passait en ce moment. Je présentai l'invitation et me fis escorté au carré VIP. Ma mâchoire se décrocha du reste de mon visage lorsque je vis que Sam était présente. Elle vint m'étreindre et plaqua une bise sonore sur ma joue. Je ne bougeai pas, paralysé par ce choc.

— Je pensai que tu aimerais que je l'invite !

— Oui, bien sûr, je suis terriblement heureux de la voir, soufflai-je du bout des lèvres.

Mon père acquiesça, visiblement fier de son coup. J'attrapai le bras de ma fausse petite-amie et la tirait derrière moi. Elle me suivit sans protester. Les plans des lieux me revinrent par bribes et je réussis à localiser les toilettes. Je nous poussai à l'intérieur de celles-ci et fermai à clef. Elle releva un regard timide dans ma direction. Ses yeux étaient maquillés d'un fard à paupières foncé et ses joues étaient légèrement poudrées de rose. Ses lèvres étaient rouges et j'eus la furieuse envie de déposer les miennes dessus. Je baissai le regard pour éviter cette tentation et tombai sur ses hanches étroites, recouvertes du fin tissu bleu de sa robe échancrée.

— Je suis désolée pour la dernière fois, j'avais beaucoup trop bu. J'aurais pas dû être aussi tactile et possessive avec toi. Tu ne m'en veux pas ?

— Comment mon père t'a contactée ?

— Par téléphone.

Il avait mené son enquête. Cette constatation me fit grincer des dents. J'allais mettre fin à tout ça maintenant, avant que Sam ne soit complètement traquée et que mon cinglé de père n'insiste trop avec ça. Je devais tout arrêter maintenant, pour son propre bien et parce que Paul finirait par découvrir notre arrangement.

— Ta compagnie ne m'est pas désagréable mais on doit mettre fin à tout ça. Ça fait déjà trois fois qu'on se voit pour faire semblant et c'est bien trop. Tout le monde commence à s'attacher à toi et moi le premier, avouai-je. Je ne veux plus mentir.

Son visage se décomposa et elle secoua la tête, comme si cet aveux l'ébranlait au plus profond de son être.

— Je ne peux pas faire ça...

— Mais pourquoi ?