Chapitre 4

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« Le bonheur naît du malheur [...]», Lao Tseu

Le premier mois à la cour du Roi est passé très vite et s'est avéré extraordinaire. Liselotte et moi nous sommes beaucoup rapprochés, il n'est pas rare que j'aille la retrouvé chez elle, et toujours, nous passons un excellent moment. C'est lors d'une visite de ses appartements que j'ai eu l'occasion de rencontrer son époux, Monsieur frère du Roi, Philippe D'Orléans ainsi que son... amant. Apprendre qu'il aime les hommes a été un choc pour moi, je ne m'y attendais pas, mais il s'est avéré fort sympathique, bien que j'ai eu du mal à cerner le Chevalier de Lorraine, son amant.

— Louise, le docteur est là, m'apprend mon époux en toquant à la porte de notre chambre.

Entre lui et moi, ça va mieux, nous sommes parvenus à communiquer et après quelques jours à être privés de ma présence la nuit, il a compris qu'il était aller trop loin, que je lui en voulais pour son comportement alors il s'est excusé. J'ai mis quelques jours de plus à les accepter et à retourner dans la chambre conjugale. Depuis, tout se passe mieux entre nous, bien que, dans l'intimité, je ne sois pas pleinement satisfaite. Mais au moins, les tensions se sont apaisées.

— Puis-je le faire entrer ? m'interpelle-t-il en me voyant dans la lune.

Je secoue la tête.

— Oui, oui, bien sûr, approuvé-je.

Depuis quelques jours, je ne me sens pas très bien. Je ne cesse d'être fatiguée, et je me sens vaseuse lorsque je ne rends pas mes repas. Une petite idée germe dans mon esprit à propos de la raison, mais je le garde pour moi et préfère ne pas trop me monter la tête, au cas où il s'avèrerait être une fausse alerte.
Robert acquiesce et annonce au médecin qu'il peut m'examiner avant de se retirer.

— Vous pouvez rester, Robert, lui indiqué-je.
— Vous êtes sûre ?

Je hoche la tête et, content, il rentre dans la chambre à la suite du docteur et s'approche du lit où je suis assise et prend ma main droite dans la sienne. Il la serre.
Je fais un rapide résumé de mon état au médecin qui acquiesce à peine et procède à tout un tas d'examens avant de me demander de vider ma vessie dans le pot de chambre. À côté de moi, le visage de mon époux est rongé par l'inquiétude.

— Alors, docteur ? Un verdict ? Qu'à mon épouse ?

Au lieu de répondre, le médecin lève la main, nous intimant de nous taire le temps de terminer ce qu'il est en train de faire. Au bout de cinq minutes, il plante son regard inexpressif sur nous, alternant entre mon époux et moi.

— Madame la Marquise, vous êtes enceinte.

Réalisant que mon intuition était la bonne, mes lèvres s'étirent en un sourire radieux. Ce n'est pas vrai ! Je suis enceinte, c'est absolument extraordinaire !

— Vous en êtes sûr ? demandé-je tout de même.
— Affirmatif, Marquise.

Mon sourire se fait encore plus large. Trop heureuse, je tourne la tête vers Robert qui semble sonné par la nouvelle.

— Robert ? l'appelé-je.
— Elle... Louise est enceinte ? Vraiment ?
— Ou, monsieur le Marquis. De quatre semaines, je dirais.

Robert se rembrunit en réalisant que ce bébé a été conçu lors de notre première nuit ici et après son... insistance.
Je pose une main sur son épaule. Malgré le ton quelque peu dramatique de cette conception, à cet instant, je suis trop heureuse de porter la vie pour en tenir rigueur. Je pose une main sur son épaule et lui souris.

— Nous allons avoir un bébé, Robert, c'est tout ce qui compte, lui indiqué-je.
— Je... c'est... c'est formidable !

Il me prend contre lui avant de m'embrasser avec passion et moi, sous le coup de l'émotion, j'accepte ce baiser. Ce bébé va changer notre vie, mais Seigneur, que j'ai hâte de le tenir dans mes bras ! Dans mon corps et dans ma tête, c'est un véritable feu d'artifice et si le médecin n'était point ici, je sortirais de ce lit pour effectuer une danse de la joie ! Il va falloir que je me dépêche d'annoncer la nouvelle à mes parents, ils vont être fous de joie !

Vices à Versailles - Prequel : Un geste de vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant