« Le bonheur est un présent divin », Aristote
Quatre mois plus tard...
Je suis réveillé en pleine nuit par une forte douleur dans le bas du ventre. Le visage crispé, je me relève d'un bond et pose mes deux mains sur mon ventre, la respiration rapide et hachée. Cette douleur ne m'a pas quitté de la journée. À plusieurs reprises, Robert et moi avons cru que le bébé arrivait, mais le médecin venu m'examiner nous a avoué que l'orifice de sortie du bébé n'est pas encore prêt pour la naissance. Mais, dans le doute, Robert a proposé au médecin de dormir dans notre seconde chambre, pour être là tout de suite en cas de besoin. Et à cet instant, je crois... qu'il va être utile. Affolée, j'allume en vitesse la bougie près de mon lit et pose une main sur mon époux pour le secouer et ainsi le réveiller.
— Robert, réveillez-vous. Robert !
Il se réveille en un sursaut et se tourne vers moi, alarmé.
— Quoi ? Que se passe-t-il ?
— Je crois... que le bébé arrive, avoué-je, les lèvres pincées pour faire front à la douleur.
— Quoi ? Maintenant ?Je hoche la tête. Oui, maintenant, je le sens, je le sais. Mon utérus me fait si mal que ça ne peut que annoncer l'arrivée de l'enfant.
— C'est peut-être simplement des douleurs comme vous avez eu tout aujourd'hui et...
— Non, je vous dis que le bébé arrive, je le sens ! m'énervé-je. Je viens de sentir un liquide couler le long de mes jambes, allez chercher le médecin, vite !
— Euh... oui, je... j'y vais.Totalement paniqué, il fait voltiger les draps pour en débarrasser son corps, mais dans la précipitation, il s'emmêle les pinceaux et trébuche. Si je n'avais pas si mal, je trouverais sans doute cela drôle.
— Bon sang, Robert, dépêchez-vous !
Puis, une main sur mon ventre, l'autre accrochant mes bras, je murmure à mon bébé :
— Cela va bien se passer, maman est là, mon enfant, mais je vous en supplie, je sais que vous avez envie de sortir, moi aussi je meurs d'envie de vous rencontrer, mais patientez encore un peu, d'accord ?
Derrière la porte de la chambre, j'entends mon époux parler avec Madeleine, qui a tenue à elle aussi rester là, à dormir sur le divan.
Pliée en deux par les accoups que me donnent le bébé pour me demander de l'expulser, je ferme les yeux et souffle un bon cuop avant d'inspirer et d'expirer plusieurs fois de suite, dans le seul but d'essayer de réduire le supplice que j'éprouve. Pourquoi personne ne m'a prévenu que les quelques minutes suivant la naissance de bébé étaient aussi difficiles et faisaient aussi mal ?
Seigneur Dieu, pardonnez-moi d'avance si pendant cette épreuve, je dis des choses que je ne pense pas.
Enfin, Robert revient dans la chambre avec le médecin, sa mallette en main, ainsi que Madeleine.— Oh Dieu soit loué docteur, vous êtes là !
— Monsieur le Marquis, Madeleine, il me faut plus de lumière, apportez tous les chandeliers que vous pouvez. Madame la Marquise, je vais vous examiner, d'accord ?Je hoche la tête entre deux douleurs et le laisse m'approcher puis retirer les draps de mon corps. Il attrape ensuite la bougie sur ma table de chevet et l'approche de mon intimité.
— Dites-moi que c'est enfin le moment, le supplié-je.
— Oui, madame la Marquise, ça l'est, l'ouverture est assez grande pour laisser passer le bébé, on va pouvoir mettre ce bébé au monde.Robert et notre domestique reviennent avec tout un tas de chandeliers déjà allumés dans les mains. Le médecin leur demande de les déposer un peu partout.
— Bien maintenant monsieur le Marquis, aidez-moi à allonger correctement votre femme puis tenez lui la main fermemement. Vous aussi, Madeleine, madame la Marquise va avoir besoin de soutien devant cette épreuve.
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Vices à Versailles - Prequel : Un geste de vous
Romance1674. La jeune Louise Brailly s'apprête à épouser Robert Drouart, Marquis d'Anjou, un homme choisi par son père. Malheureuse, elle sait très bien qu'elle ne trouvera jamais l'amour et le bonheur dans les bras de son époux qu'elle tolère tout juste...