«[...] L'amour est un bien grand maître [...] », Molière
Je n'arrive pas à dormir.
Voilà bien deux heures que je suis rentrée de la Soirée d'Appartement, et presque autant de temps que je tourne dans mon lit pour tenter de trouver le sommeil. J'ai bien essayé de lire un peu pour me fatiguer les yeux, mais mon cerveau reste désespérément en activité, trop actif pour plonger dans les bras de Morphée. Je pense à ma belle-mère, souffrante, à mon fils, qui me manque déjà atrocement, à cette douleur au coeur que je ressens encore, quand je lui ai dit au revoir, à l'étrange sentiment de jalousie que j'ai éprouvé quand Athénaïs à partager plusieurs danses avec le Roi... Je pense à beaucoup trop de choses qui me hantent.
D'un bond, je me redresse dans le lit et allume une bougie. Tant pis, cela ne sert à rien de persister, je ferais mieux de lire encore et prier pour tomber de sommeil. J'attrape mon roman et l'ouvre à la page où je m'étais arrêté. Cependant, je n'ai le temps de ne lire que deux phrases que du bruit se fait entendre dans mes appartements. Intriguée, j'arrête tout mouvement. Dans ma poitrine, je sens mon coeur augmenter légèrement son rythme cardiaque.
Devant moi, la porte de la chambre s'ouvre lentement, j'arrête tout net de respirer. Et si c'était le Comte de Saint-Germain qui était revenu ? Ou alors Robert, qui finalement a fait l'aller-retour entre Paris et Versailles ?
Mon cœur se remet en marche quand la silhouette du Roi se matérialise dans la pénombre. Malgré le peu de lumière, je peux constater qu'il est en tenue de nuit avec, en plus de sa robe de chambre, un simple peignoir aux allures royales. Instantanément, mon sourire se fait large sur mon visage et mon cœur s'emballe.— Sire ? l'appelé-je.
Le silence me répond, mais le souverain s'approche du lit, me dominant désormais de toute sa hauteur.
— Vous n'êtes pas avec votre Favorite ou bien votre femme ? lui demandé-je, dérouté de le trouver dans ma chambre.
— C'est avec vous que j'ai envie de me retrouver, ce soir, m'apprend-il.Face à ses mots auxquels je ne m'y attendais pas, je deviens rouge comme une pivoine et mon cœur devient un peu plus fou dans ma poitrine.
— Qu'ai-je fait le mériter ?
Alors qu'il se penche sur le lit, je ne cesse de le regarder dans les yeux, happée par sa prestance, le cœur battant à chaque minute un peu plus vite.
— Vous êtes seule, j'avais envie d'en profiter.
Les bras tendu au-dessus de moi, il se penche pour dévorer mes lèvres, mais sa phrase résonne dans ma tête comme un écho.
— La lettre que Robert a reçue... disait-elle vraiment que sa mère est souffrante ? l'interrogé-je entre deux baisers charnels.
— Tel qu'il l'a lu, approuve-t-il.Soit, ce qui m'étonnerait beaucoup, le Seigneur est de notre côté, soit le Roi a tout simplement décidé de me rendre visite en constatant que Robert serait absent. En tous les cas, et je sais que je pourrais recevoir les foudres du Tout-Puissant pour cela, je remercie ma belle-mère d'être tombée malade. Mais espère de tout coeur qu'elle va se rétablir.
— Alors nous avons de la chance, constaté-je.
— En effet.Le sourire aux lèvres, j'enroule mes bras autour de son cou et l'embrasse avec une telle passion qu'il est tout autant surpris que moi.
— Vous me semblez insatiable, sourit-il.
— Je suis beaucoup trop heureuse que vous soyez là, avec moi, pour rester raisonnable.
— Et je ne vous demande pas de l'être.Nos bouches se rejoignent dans un ballet incessant. Les doigts de sa main droite s'enfoncent dans ma chevelure tandis que l'autre parcourt déjà mes jambes nues afin de soulever ma robe de nuit. Le fin tissu et la douceur de son geste font exploser des frissons de désir sur tout mon corps, mais quand ses lèvres viennent embrasser ma peau au fur et à mesure que ma robe est remontée, mon cœur explose et mon corps devient aussi brûlant que les rayons du soleil en pleine saison d'été.
Mes mains s'aventurent avec timidité sous sa propre robe de nuit, que je fais glisser le long de son dos. Sous la force de ses baisers qui ont désormais atteint mon intimité, mes ongles s'enfoncent dans son dos, qui est griffé, et je pousse un tel gémissement face à cette caresse beaucoup trop plaisante et sensuelle, que j'en rougis de malaise. Bien que je l'ai fait hier avec lui, je n'ai point l'habitude de prouver ainsi mon désir et mon plaisir.
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Vices à Versailles - Prequel : Un geste de vous
Romance1674. La jeune Louise Brailly s'apprête à épouser Robert Drouart, Marquis d'Anjou, un homme choisi par son père. Malheureuse, elle sait très bien qu'elle ne trouvera jamais l'amour et le bonheur dans les bras de son époux qu'elle tolère tout juste...