Chapitre 17

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« Il 'y a rien de plus éclatant ni qui fasse plus de bruit que la gloire [...] », Bossuet

Lorsque je retourne vers les parterres d'eau, le couple royal danse un Menuet. N'ayant aucune envie de retourner vers Robert qui m'obligera à danser avec son ami, je me faufile vers Liselotte qui me sourit.

— Votre époux vous cherche, me glisse-t-elle à l'oreille quand elle me repère.
— Je le sais, oui, c'est pour cela que j'ai pris le temps avant de revenir du futur bassin de Cérès. Il veut me faire danser avec l'un de ses amis, le Comte de... Saint-Germain, je crois, mais je n'en ai aucunement envie alors j'espère qu'il ne me trouvera pas.

Elle n'a pas le temps de répondre que son époux se place devant elle.

— Une danse, madame ?
— Avec plaisir, accepte-t-elle en souriant.

Elle lui prend la main et tous deux rejoignent les souverains pour une Sarabande. Je souris en la voyant virevolter aux bras de Philippe d'Orléans puis changer de partenaire pour cette fois-ci échanger quelques pas avec le Roi avant de revenir à son époux. Les quatre couple ont une grâce naturelle et bien que je me force à garder les yeux fixés sur Liselotte, ceux-ci me désobéissent et se dirigent vers le Roi. Mon coeur cogne, mon sourire se fait encore plus large, mais mes rougeurs aux joues apparaissent également, si bien que je me sans contrainte d'attraper un verre de vin sur le plateau d'un serviteur pour le cacher. Je le bois rapidement et le pose sur un autre plateau. Je n'ai jamais été envieuse de la Reine, ni même de qui que ce soit, mais je l'avoue, à cet instant, j'adorerais prendre sa place, afin d'avoir le privilège de danser avec le souverain. Et si j'en crois le regard furibond d'Athénaïs en les regardant, nul doute qu'elle est extrêmement jalouse de ne pas être à sa place, ce qui me fait sourire.

— Vous dansez, Marquise ?

Je détourne mes yeux et tombe nez à nez avec le Chevalier de Lorraine, qui me tend sa main.

— Eh bien, monsieur, c'est un honneur, accepté-je en prenant sa main.

Il me dirige vers la piste, prêt à rejoindre les couples qui s'accumulent de plus en plus pour cette fois-ci exécuter une Gavotte, mais nous n'avons pas le temps de nous mettre en place qu'il se fait presque éjecter par un Robert furieux. Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel.

— Je vous cherche partout depuis de nombreuses minutes et dès que je vous retrouve, c'est dans les bras du Chevalier ? constate-t-il, furieux.
— En quoi cela vous dérange ? Vous n'avez rien à craindre de lui.
— Qu'importe, je vous ai demandé de danser avec la Comte de Saint Germain !
— Non, vous me l'avez imposé, c'est différent ! Si vous y tenez tant, je le ferai, mais avant, ce gentilhomme m'a gentiment invité à partager une Gavotte avec lui et je n'ai aucunement l'intention de refuser. Laissez-moi passer.

Il me défie du regard, croyant sans doute que je n'aurais pas assez de cran pour challenger, mais s'il m'en croit incapable, alors il ne me connaît pas. Je l'écarte d'une main tendue et rejoint le Chevalier, qui attendait là.

— Tout va bien ? s'inquiète-t-il.
— Oui, parfaitement, lui souris-je. Mon mari est très possessif.
— Je m'excuse par avance, je n'ai pu m'empêcher de vous écouter et... il me paraît bien plus que cela.
— En effet, mais ne vous en faites pas pour moi, Chevalier.
— Vous pouvez m'appeler Philippe.
— Uniquement si vous m'appelez Louise.

Il acquiesce d'un étirement de lèvres puis nous poursuivons notre danse dans un silence agréable. Dans mon dos, je sens le regard noir de mon époux, mais j'en fait abstraction. S'il n'accepte pas de me voir gambiller aux bras d'un autre homme, grand bien lui fasse ! Je ne vais point me priver pour cet homme. Pas question.
La musique terminée, le Chevalier me remercie en baissant son chapeau et dans une révérence qui me fait rire.

Vices à Versailles - Prequel : Un geste de vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant