Chapitre 7

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« Les larmes prouvent leur bonheur [...] », William Shakespeare dans Richard II

— Votre ventre a bien poussé ces dernières semaines, ma chère épouse, constate Robert en m'enlaçant et en glissant un baiser dans mon cou.

Désormais enceinte de cinq mois, ces derniers mois sont passés à une vitesse folle. Il y a trois semaines, le Roi m'a permis de m'absenter deux jours pour que j'aille rendre visite à mes parents et ma petite sœur, ils étaient fous de joie de constater la rondeur de mon ventre. Cela m'a fait du bien de les revoir, ils me manquaient. Aussi, mon époux et moi nous disputons très souvent, surtout concernant le prénom du bébé, nous ne parvenons pas à nous mettre d'accord, mais aussi tellement, tellement d'autres choses. Malgré mes reproches, il est toujours aussi égoïste, mais par moment, il peut se montrer très agréable, comme aujourd'hui. Dommage qu'il ne soit pas toujours ainsi car qui sait ? Peut-être aurais-je pu tomber amoureuse de lui.
Aussi, ces derniers mois, Liselotte et moi sommes devenus quasiment inséparables, il est rare qu'il se passe plus d'une journée sans que nous nous voyons. Avec la Reine aussi, je suis devenue très proche, il n'est pas rare que je sois invité dans ses appartements pour partager un moment autour de tasses de chocolat et de gourmandises.

— Oui, je ne vais plus pouvoir nier, désormais, nous serons obligés d'approuver les rumeurs.
— Êtes-vous certaines de pouvoir participer à la soirée de ce soir ? Vous risquez d'être fatiguée.

Je trouve cela touchant et mignon qu'il s'inquiète pour ma santé et celle du bébé, mais par moment, c'est juste étouffant.

— Oui, c'est pour cela que je me suis reposé toute l'après-midi : pour pouvoir être en forme ce soir. Je vais bien, Robert, ne vous en faites pas. La seule chose qui risque de me poser problème, c'est mes envies pressantes et régulières.
— Bon, alors allons nous amuser.

Il claque un baiser sur ma joue avant de me prendre la main, mais je m'arrête soudainement, une main sur mon ventre après avoir ressenti une étrange sensation.

— Louise ? Quelque chose ne va pas ? s'affole-t-il.
— Non, tout va bien, mais je... Je crois que le bébé a bougé.
— Vous êtes sûre ?
— Non, justement je...

Je m'arrête net quand cette fois, j'en suis certaine, je sens le bébé me donner un coup. Mon sourire se fait large.

— Oh mon Dieu, Robert, c'est merveilleux ! m'exclamé-je. Venez sentir, venez ! Le bébé bouge !

Il se précipite sur moi et pose ses deux mains sur mon ventre, avec les miennes, nous l'enveloppons presque entièrement.

— Je ne sens rien, fait-il déçu.
— Attendez, ça va arriver, j'en suis certaine.

Nous attendons de longues secondes avant que le bébé ne se manifeste de nouveau.

— Oh Seigneur ! s'écrit Robert, un sourire comme jamais il n'a eu d'affiché sur ses lèvres, pas même le jour où nous avons appris ma grossesse. Le bébé bouge, il bouge ! C'est... c'est...
— Un don du ciel, complété-je, totalement charmée.

C'est la première fois qu'il se manifeste. Liselotte et Mère m'avaient prévenu que cela risquait d'arriver, mais je m'imaginais pas que cela serait un tel déferlement de bonheur et de larmes, qui inondent mes joues et celle de mon époux.

— C'est merveilleux, Louise.

Je hoche la tête avec vigueur et, épris par la joie qu'il éprouve, Robert me dévore les lèvres. Surprise, mes yeux restent ouverts quelques secondes, avant d'apprécier ce baiser qui est, je crois, l'un de mes meilleurs que nous ayons échangé.
Il m'embrasse encore, plusieurs fois de suite puis, ses mains autour de mon visage, il me regarde intensément dans les yeux.

Vices à Versailles - Prequel : Un geste de vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant