Chapitre 28

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« La joie est en tout ; il faut savoir l'extraire», Confucius

Bercés par Le bourgeois gentilhomme ; Chaconne des Scaramouche Frivelins et Arlequins de Jean-Baptiste Lully, je suis autour d'une table de jeu dans le Salon de Mars du Grand Appartement du Roi, à côté de Liselotte et de deux autres dames avec lesquelles nous jouons au Lansquenet dans lequel j'excelle, ce soir, à croire que la visite que j'ai rendu à mon fils aujourd'hui m'a fourni beaucoup de chance.

— Et voilà, encore dix milles écus à rajouter à ma fortune personnelle, m'exclamé-je, galvanisée, en posant mes cartes sur la table.

Mes trois adversaires sont dépités, voilà la troisième partie de suite que je gagne.

— Vous allez finir par me dépouiller, Louise et alors ce sera Philippe qui ne sera pas content que sa fortune soit dépouillée, me taquine Liselotte.
— Et je crois bien que le mien va vouloir me faire un autre enfant, quand il aura connaissance de l'argent que j'ai récolté ce soir, déclaré-je en buvant mon verre de vin.

Ma meilleure amie éclate d'un rire si fort que plusieurs personnes se retournent dans notre direction

— Où est-il, au fait ? me demande la Comtesse de Montpensier. Je ne l'ai point encore vu de la soirée.
— Il doit boire un verre dans l'une des salles, je suppose, réponds-je, indifférente.
— Bien, mesdames, ce moment avec vous fut très agréable, mais je vais arrêter de jouer avant de nous ruiner, annonce la Duchesse de Chambord en se levant.
— Moi de même, mon époux ne me le pardonnerait pas si je perds tout ce que nous avons, réplique la Comtesse en imitant la Duchesse.

Je pouffe et apporte de nouveau mon verre à mes lèvres en les saluant d'un simple signe de main. En finissant mon... au moins quatrième verre de la soirée, je me surprends à chercher le Roi du regard, qui n'est pas ici. Je me languis de lui. Notre moment d'hier était absolument magique, je veux le revivre encore et encore.

— Voir votre fils a été bénéfique à votre humeur, à ce que je vois, m'interpelle Liselotte, vous m'avez l'air réellement en pleine forme.
— Oh oui, c'était absolument parfait, il m'avait beaucoup manqué, lui avoué-je en attrapant la carafe à vin.

Mais avant que je ne remplisse mon verre, la Duchesse d'Orléans me tend une assiette pleine de gourmandises qui m'ont l'air plus délicieuses les une que les autres.

— Mangez un peu si vous ne voulez pas tomber ivre, me conseille-t-elle.

J'attrape un petit gâteau et l'enfourne.

— Vous avez raison, je devrais me calmer un peu sur l'alcool, cela ne m'a pas réussi, la dernière fois, me souviens-je en rougissant. Je devrais plutôt aller me chercher une tasse de chocolat.

Je m'apprête à me lever, mais elle m'en empêche en plantant son regard insistant dans le mien.

— Où étiez-vous, hier soir ? J'ai croisé votre époux, il vous cherchait partout.
— J'étais euh...

Dois-je lui confier où je me trouvais réellement, ou bien lui mentir ? Ne lui ayant même pas parler de mes sentiments pour le souverain qui accroît de jour en jour, ce serait assurément très étrange de lui avouer que je me trouvais avec lui.

— Avec la Reine, mens-je. Nous avons discuté et je n'ai pas vu l'heure passée. Voulez-vous que je vous rapporte quelque chose du Salon de l'Abondance ?
— Une orange, s'il y en reste.
— Très bien, je reviens.

Je me lève de la chaise, époussette légèrement ma robe puis me traverse le Salon pour me retrouver dans celui de Diane, là où se trouve le billard et où j'ai une grande chance de trouver le Roi, puisque c'est son jeu favori. Et en effet, quand on parle du loup :

Vices à Versailles - Prequel : Un geste de vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant